HomeA la uneSOMMET DE LA FRANCOPHONIE : Un machin qui sert plus la cause des dictateurs que celle des peuples

SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : Un machin qui sert plus la cause des dictateurs que celle des peuples


Dakar accueille ce samedi 29 novembre 2014, le 15e sommet de la Francophonie. Cette grand’messe de la langue française devrait être en effet la dernière pour l’ancien président sénégalais. En effet, la personnalité devant succéder à Abdou Diouf, arrivé au terme de son mandat de Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), devra en principe être désignée lors de ce sommet. C’est cela le cachet particulier que devra revêtir cette rencontre.

L’embellie relative que connaît la langue française est en réalité ce qui intéresse le plus Paris

En dehors de cette élection, les participants devraient statuer sur l’admission de nouveaux Etats membres et sur les prochaines orientations de l’Organisation, tout en se félicitant du fait que la langue française maintient la tête hors de l’eau et gagne même en nombre de locuteurs à travers le monde. Cette embellie relative que connaît la langue française est en réalité ce qui intéresse le plus Paris. Mais, la gouvernance des pays dans tous ses états devait aussi être sur la table de ce sommet.

Car, ce sommet, faut-il le rappeler, se tient dans un contexte particulier, ces retrouvailles francophones enregistrant un grand absent. Un des baobabs de la Françafrique va manquer à l’appel. L’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’aura pas l’honneur d’être à ce rendez-vous, son peuple lui en ayant retiré le ticket, en le chassant du pouvoir. Ce qui s’est passé à Ouagadougou les 30 et 31 octobre 2014 ne devrait pas être considéré comme un non-événement par l’OIF, du moment où il s’agit d’un changement de pouvoir par la rue dans un de ses Etats membres, conséquence du refus du chef de l’Etat d’alors, de respecter les règles du jeu démocratique préétablies. Surtout que ce chef d’Etat s’était vu proposer la tête de cette organisation dans l’optique de l’amener à renoncer à son projet de pouvoir à vie.   En tout état de cause, il serait judicieux, au regard de l’actualité, que le sujet du respect des Constitutions et de l’alternance au pouvoir, soit au menu de cette rencontre de Dakar. Car, les Africains attendent aussi et  surtout de la Francophonie qu’elle se montre sensible à leurs problèmes de gouvernance politique et qu’elle les traite de façon effective.

C’est aussi en cela que les peuples africains parlant la langue de Molière, pourront se sentir vraiment appartenir à cette grande famille francophone. Car, c’est un truisme de dire que le français est une langue aujourd’hui soutenue à bout de bras par les Africains. Et il n’est pas trop tôt de se demander ce que ce soutien apporte vraiment à l’Afrique. Mais c’est surtout sa gestion de la promotion de la démocratie et de l’Etat de droit qui laisse beaucoup à désirer. On se souvient de cette OIF si prompte à féliciter des chefs d’Etat africains réélus dans des conditions qui ne brillent pas par leur transparence et ce, avant même que lesdits résultats ne soient homologués, validés par l’instance compétente en la matière.   Cela n’est ni plus ni moins qu’une entorse aux valeurs éthiques de la démocratie et de l’Etat de droit. Ce d’autant plus qu’on ne voit pas l’Organisation monter au créneau avec le même empressement pour pourfendre les dictateurs et les tripatouilleurs de Constitutions.  Ce faisant, on peut dire que  la francophonie qu’il nous est donné de voir actuellement est un machin qui sert plus la cause des dictateurs que celle des peuples.

Il est grand temps que l’OIF se fasse le porte-voix des valeurs de l’alternance

En tout cas, l’OIF, au niveau des valeurs défendues, n’a pas la même attention que le Commonwealth. Et ce, à commencer par le droit d’adhésion. Tandis que le Commonwealth regroupe d’anciennes colonies britanniques et la métropole, la Francophonie fait un peu dans le fourre-tout. Certes, on peut comprendre la volonté de répandre la langue française au-delà de l’historique sphère francophone, mais cette volonté d’ouverture n’est pas sans révéler un certain laxisme. Et puis, toutes proportions gardées, on peut dire que le Commonwealth se montre beaucoup plus ferme vis-à-vis des dictateurs de sa sphère géographique. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux jeunes des pays francophones ne se reconnaissent pas dans l’idéal francophone et se tournent de plus en plus vers l’anglais et les pays de tradition anglo-saxonne. Il est donc grand temps que l’OIF se fasse le porte-voix des valeurs de l’alternance et de la démocratisation réelle des pays qui en sont membres. Elle gagnerait également à prendre en compte les aspirations économiques réelles des populations et des pays qu’elle regroupe. Pour ce faire, elle doit cesser d’être juste un instrument de la France pour briller au plan diplomatique à travers le monde, sans qu’il y ait un impact réel et substantiel sur le quotidien des populations. Elle a aussi intérêt à faire et à réussir une profonde mue, à se poser en Francophonie des peuples et non des seuls dirigeants. C’est la condition sine qua non pour éviter qu’elle continue d’être  complice des tragédies des peuples marqués au fer par des dictateurs sans foi ni loi. Toujours est-il que c’est en prenant effectivement en compte les préoccupations des populations que l’OIF pourra acquérir et tenir , durablement et légitimement, le rang d’organisation d’envergure mondiale, utile et respectable aux yeux des peuples.

« Le Pays »


Comments
  • OIF = Oeuvres d’identification des français. Les têtes tjs dans l’eau. LEBGA TORO TAR ! LEBGA TORO TARD!

    29 novembre 2014

Leave A Comment