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SOMMET DE L’UA AU NIGER


Alors qu’à Niamey, la ville tout entière vit déjà au rythme du sommet de l’Union africaine (UA) qui s’ouvre dans quelques heures, les terroristes n’entendent pas se laisser conter l’évènement. Ils se sont invités au débat et de la façon la plus téméraire qui soit. En effet, à environ 200 km de la capitale, à l’Ouest du pays, près de la frontière malienne, dans la région d’Inates, les ingénieurs du mal ont mené une attaque d’envergure, le lundi 1er juillet, contre un poste militaire de reconnaissance. Deux véhicules kamikazes ont explosé à l’intérieur du camp, suivi de tirs nourris déclenchés par d’autres terroristes, à motos et qui avaient encerclé la position militaire. Pour l’instant, le bilan fait état de 18 soldats tués et quatre autres portés disparus.   Même si l’on est loin des portes de Niamey, cette nouvelle attaque suscite des interrogations quant à son impact sur le sommet de l’UA qui s’ouvre bientôt et qui doit accueillir en plus de la cinquantaine de chefs d’Etat du continent, plus de 4 000 participants. Si pour l’instant, aucune défection officielle n’a été enregistrée au sein des différentes délégations annoncées, sans nul doute, cette attaque qui intervient quelques semaines seulement après une autre qui avait causé la mort de 28 soldats nigériens dans la même région, aura pour effet de faire planer la psychose sur la rencontre. C’est donc la peur au ventre que les  différentes parties prenantes aux travaux du sommet vont dérouler l’ordre du jour, à Niamey. L’autre objectif visé par les terroristes est de déstabiliser le président Mahamadou Issoufou au moment où celui-ci a pris le bâton de commandement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et la réussite du sommet de l’UA constituerait un succès diplomatique. Un tel scenario n’est certainement pas du goût des fous d’Allah. En tout état de cause, le Niger se voit contraint de conjuguer des efforts supplémentaires pour offrir la quiétude à ses hôtes et se doit d’entreprendre une opération de communication pour que l’objectif des terroristes qui est de faire capoter l’événement, ne soit pas atteint. Pour revenir à l’attaque elle-même, elle n’a véritablement pas de quoi surprendre. En effet, elle est intervenue dans le triangle dit de la mort, dans cette zone tampon entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui sert de repaires à toutes les bandes armées qui écument la bande sahélienne. La zone constitue une sorte d’axe du mal empruntée par toutes les forces obscurantistes qui se nourrissent du narcotrafic, de la contrebande et de la vente illégale d’armes. Tout se passe comme si les terroristes présumés dont les liens avec les trafiquants de tous acabits n’ont jamais été démentis, cherchaient, par cette attaque, à se venger. L’on se souvient, en effet, que les troupes coalisées (armées malienne, nigérienne et française) y avaient neutralisé 18 terroristes et mis aux arrêts 5 autres, il y a deux semaines environ. Il faut d’ailleurs saluer cette solidarité d’actions entre les  différentes forces qui interviennent dans cette partie du territoire nigérien, et qui s’est à nouveau manifestée à l’occasion de cette attaque. En effet, pendant l’assaut, au vu du nombre des assaillants, des avions militaires américains et français sont intervenus pour prêter main forte aux soldats nigériens. Tout en louant donc cet appui étranger, c’est l’occasion d’appeler les puissances occidentales à aller au-delà des opérations militaires ponctuelles pour s’attaquer à la racine du mal. Si elles veulent enrayer le mal et œuvrer durablement à la paix dans la bande sahélo-saharienne, elles doivent tarir les sources de financement et de ravitaillement en armes des terroristes.  Cela dit, l’on peut toujours se poser des questions quant au mode opératoire des ingénieurs du mal. De quelles complicités ont-ils pu bénéficier pour mener cette attaque ? Comment un nombre si important d’assaillants motorisés, ont-ils pu se déplacer et mener l’assaut contre une garnison sans que les populations habitant la région n’aient lancé l’alerte ? A défaut de pouvoir répondre à ces questions, l’on ne peut manquer de rappeler que cette guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée dans nos Etats sans la nécessaire collaboration des populations. Certes, l’on comprend que sous la menace permanente de représailles en cas de dénonciation ou de collaboration avec les forces de l’ordre, les populations n’aient souvent pas d’autre choix que de garder le silence, mais il appartient à l’Etat de développer des stratégies pour les mettre en confiance. Alors que le Niger est encore au décompte de ses morts, le Mali voisin, lui, n’en finit pas d’enterrer ses fils. La spirale de la vendetta a encore fait de nombreuses victimes dans deux villages peulhs. Et comme d’habitude, l’Etat n’a pu prévenir le massacre alors que tous les signaux d’alerte étaient au rouge. L’on ne peut que déplorer cette éternelle absence de l’Etat malien qui ne joue plus son rôle régalien. Car, comme on le sait, ce cycle infernal de violences trouve ses origines dans l’impunité dont bénéficient certains criminels qui ne cessent de narguer leurs bourreaux.

« Le Pays »


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