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SOMMET DE MUNICH ET SECURITE AU SAHEL : Les rencontres se multiplient, les attaques aussi


Les lampions se sont éteints hier, 18 février 2018, sur le 54è sommet de Munich qui a réuni 21 chefs d’Etat et de gouvernement autour du thème portant sur la paix et la sécurité dans le monde. Sans être officiellement à l’ordre du jour de ce sommet largement consacré aux crises au Moyen-Orient et à la relation de plus en plus équivoque entre les Etats-Unis et l’OTAN, la question du terrorisme dans le sahel s’est invitée aux débats, avec la présence remarquée des présidents  Paul Kagame du Rwanda et de l’Union africaine, et Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso. Les échanges que ces chefs d’Etat ont eus avec leurs homologues, visaient principalement à faire le point sur la gravité et la complexité des problèmes sécuritaires dans la partie sahélienne du continent, et du coup, susciter la générosité d’éventuels donateurs, notamment de l’Union européenne (UE), à l’occasion de la rencontre de Bruxelles du 23 février prochain destinée au financement des opérations de la force conjointe toujours en constitution. La multiplication des rencontres du genre commence, c’est le moins que l’on puisse dire, à agacer les populations des zones où sévissent les terroristes qui ne comprennent pas les tenants et les aboutissants de ces chassés-croisés diplomatiques à n’en pas finir, alors que l’ennemi gagne du terrain et continue allègrement à faire du rodéo entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Certes, pour engager des actions militaires de grande envergure, il faut beaucoup de moyens matériels, financiers et humains, mais a-t-on réellement besoin de multiplier les sommets et les tables-rondes pour y parvenir, au moment où certaines zones entières de cette sous-région ouest-africaine sont en passe d’échapper au contrôle des Etats ?

Pas besoin de perdre du temps dans des rencontres

Manifestement, les potentiels contributeurs ne se bousculent pas au portillon pour remplir de fric la sébile fabriquée par la France et tendue par les mendiants de service que sont les pays membres du G5 sahel. Alors, que se passerait-il si à l’issue de la rencontre de Bruxelles, les financements acquis se révèlent nettement insuffisants par rapport aux budgets concoctés par l’état-major de la force conjointe pour soutenir les opérations sur le terrain ? Peut-être se tournera-t-on vers la Chine ou la Russie pour glaner quelques « Yuan » ou quelques «Rouble », mais qui ne suffiraient certainement pas à combler les retards de plusieurs décennies de sous-équipements et de mauvaise gestion de nos armées nationales. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer avec les moyens du bord, en mettant les armées malienne, nigérienne et burkinabè en mode « rouleau-compresseur » aux frontières des trois pays, histoire de prendre les terroristes en sandwich et de les contraindre à la capitulation ? Plus que la question financière, la victoire contre le terrorisme est tributaire des stratégies qui seront mises en place pour impliquer les populations locales sans lesquelles le combat sera vain. On ne le dira jamais assez, dans la lutte sans merci contre les forces du mal, il faudra faire beaucoup attention à cette bombe atomique à retardement qu’est le délit de faciès, dont le détonateur pourrait être une simple bavure au cours des opérations de traque ou de ratissage menées par nos Forces de défense et de sécurité (FDS). Une fois que la confiance sera entièrement établie entre les FDS et les populations  qui côtoient quotidiennement les terroristes, il n’y a pas de doute que ces derniers vont passer en colonne couvrée à la trappe, d’autant que les discours qu’ils véhiculent et les actes qu’ils commettent sont aux antipodes des besoins existentiels du plus grand nombre. Pour nouer cette confiance entre nous-mêmes, pas besoin de perdre du temps dans des rencontres, du reste budgétivores, à Munich ou à Bruxelles. A moins que les financements tant espérés ne soient destinés, en partie, à entretenir l’embonpoint des Généraux et autres officiers d’opérette qui pullulent dans nos casernes, s’ils ne se pavanent pas dans les endroits mondains de nos villes, à la recherche des plaisirs de la vie. Pendant ce temps, les terroristes dictent leur loi dans nos villages le long des différentes frontières, en renforçant leurs effectifs avec des jeunes qui les rejoignent plus par dépit que par conviction. Et la situation est d’autant plus inquiétante qu’ils semblent étendre leurs tentacules au-delà de leurs zones d’action habituelles. Un pays comme le Burkina Faso devrait, dans sa participation aux combats en perspective dans le cadre du G5, se garder de dégarnir des régions comme celles du Nord et de la Boucle du Mouhoun qui pourraient être des zones de repli de combattants fuyant l’enfer du fameux triangle de la mort que constituent les frontières communes du Mali, du Niger et du Burkina. Tout cela fait partie des stratégies de riposte contre le terrorisme dont nous parlions et qui pourraient être efficaces, en attendant évidemment que de bons samaritains veuillent bien cracher au bassinet pour non seulement motiver les soldats, mais aussi et surtout aider à créer des emplois, accroître l’offre éducative et améliorer de manière générale les conditions de vie des populations dont la majeure partie ne demande qu’à vivre paisiblement.

Hamadou GADIAGA


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