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SOMMET EXTRAORDINAIRE DU G5 SAHEL


Le sommet extraordinaire des pays membres du G5 Sahel, initialement programmé pour se tenir à Ouagadougou, a été délocalisé, le 15 décembre, à Niamey, en signe de solidarité et de compassion vis-à-vis du peuple frère du Niger, dont 71 vaillants soldats sont tombés sur le champ d’honneur dans leur poste avancé d’Inatès suite à une attaque terroriste dévastatrice, le 10 décembre dernier. Avant de se rendre au Palais des congrès où devait se tenir la rencontre, les présidents du Burkina, du Mali et du Tchad se sont recueillis sur les dépouilles des victimes dans le « Carré des martyrs » de la base aérienne de Niamey, en compagnie de leur homologue Mahamoudou Issoufou dont le visage était toujours ravagé par la commisération. A l’ordre du jour de ce sommet, il y avait évidemment la situation sécuritaire plus que préoccupante dans l’espace sahélien, mais aussi l’invitation en France à eux adressée par le président Emmanuel Macron, afin qu’ils donnent leurs avis sur la très controversée présence des forces françaises dans leurs pays respectifs. Rappelons que cette rencontre au sommet entre le président français et ses homologues du G5 Sahel, était prévue pour ce matin à Pau dans les Pyrénées Atlantiques à l’extrême Sud-Ouest de la France, mais a été reportée officiellement suite à la tragédie survenue au Niger en début de semaine passée. Sans être cynique, on peut dire que l’hécatombe d’Inatès a eu le mérite de donner la preuve par l’horreur, que les pays du G5 Sahel doivent compter d’abord et avant tout sur eux-mêmes, sur la coopération entre leurs forces armées, sur la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption et l’injustice sous toutes ses formes, la répartition équitable des ressources, le retour de l’Administration dans les zones où sévissent les groupes armés et sur une bonne politique d’intégration qui bannit l’ethnicisme ou le communautarisme et qui célèbre l’œcuménisme et le syncrétisme religieux.

Les prochains jours vont être décisifs pour le front uni contre les forces du mal

 

Plus les mois passent, en effet, plus les chiffres de la comptabilité macabre gonflent et plus les tenants de la théorie du complot et de l’inutilité des forces étrangères et notamment françaises, ont des arguments à faire prévaloir, notamment quand des dizaines voire des centaines d’engins se mettent en route et en file indienne pour  commettre d’innommables atrocités contre des bases militaires ou contre des civils des heures durant, pendant que les avions, hélicoptères et autres drones de nos partenaires occidentaux restent étonnamment sur le tarmac, à quelques kilomètres de là. Comment peut-on comprendre que dans une zone réputée être le « fief » des terroristes, où une cinquante de soldats maliens ont été sauvagement tués, il y a moins d’un mois et 13 soldats français ont péri au combat, que des centaines de terroristes se déplacent en colonne couvrée du Mali au Niger, en plein jour sans que les drones Ripper et autres hélicoptères d’attaque stationnés à Niamey ou à Gao, ne puissent les neutraliser, avant, pendant ou après la commission de leurs funestes actes ? Et quid des forces armées du G5 Sahel qui vont rarement à l’abordage et qui semblent avoir comme principale mission la défense de leurs positions plutôt que celle du territoire et des populations civiles contre l’ennemi commun ? Les renforts arrivent généralement juste pour constater les dégâts et dresser le bilan alors qu’ils auraient pu surprendre les assaillants qui prennent souvent un malin plaisir à parader et à se faire filmer sur les lieux de leurs crimes. S’agit-il d’un manque de volonté, de moyens ou de coordination ? Les chefs d’Etat du G5 Sahel réunis  hier à Niamey, ont planché sur toutes ces questions et envisagé de nouvelles stratégies de lutte contre ce fléau du terrorisme qui, tel un  cancer, devient de plus en plus infiltrant et invasif. Il est désormais acquis et clair aux yeux de tous, que pour nécessaire qu’il puisse être, le soutien opérationnel de nos amis occidentaux, Français en tête, ne sera pas la panacée. L’électrochoc du drame d’Inatès a donc sonné le réveil de nos gouvernants et probablement de nos stratèges militaires et on espère bien que la coopération entre les pays de la ligne de front (Burkina Mali, Niger) et plus globalement du G5 Sahel, va se renforcer davantage comme cela a été promis par les chefs d’Etat, hier, à leur sortie du palais des congrès de Niamey. C’est donc avec l’argument du « plus jamais ça » en référence au massacre d’Inatès, que les 5 chefs d’Etat vont se rendre à Pau en début 2020, et pour que cette horrible histoire ne se répète plus, il va falloir que tous ceux qui sont engagés dans cette lutte âpre contre l’ennemi furtif, utilisent tous les moyens pour circonscrire d’abord le mal et l’éradiquer ensuite. Pour y arriver, clarification pour clarification, Emmanuel Macron devra leur expliquer pourquoi les forces françaises présentes dans la région, brillent bien souvent par leur absence quand des hordes de terroristes, facilement repérables à partir du ciel, font du rodéo entre les trois pays en toute quiétude. Et leur expliquer pourquoi la France semble réservée par rapport à la présence de l’armée malienne dans la région de Kidal qui abriterait pourtant des groupes terroristes.  En attendant Pau et la réponse à toutes ces questions, les prochains jours vont être décisifs pour le front uni contre les forces du mal, avec l’arrivée possible des baroudeurs tchadiens en renfort dans l’enfer des trois frontières, et l’effectivité des droits de poursuite pour les armées du Burkina, du Mali et du Niger, pour traquer l’ennemi partout où il se trouvera. Et comme trop de viande n’a jamais altéré le goût d’une sauce pour reprendre un adage bien connu de chez nous, on sollicitera toujours le concours de nos partenaires occidentaux en cas de besoin, au grand dam de tous ceux qui ne cessent de réclamer le départ hic et nunc de ces forces dont on fustige, à tort ou à raison, sinon la connivence, du moins la complicité passive avec les terroristes.

Hamadou GADIAGA

 


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