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SOMMET DU G7 : Quelles retombées pour l’Afrique ?


 

Les rideaux sont tombés sur le sommet du G7. C’était le 27 mai dernier à Taormine, sur l’Ile de Sicile en Italie. En rappel, le G7 regroupe les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et la France. A ce rendez-vous de ces 7 grands de ce monde, 5 pays africains ont eu l’honneur d’être invités  à l’effet de participer aux discussions. Il s’agit de la Tunisie, de l’Ethiopie, du Kenya, du Nigeria et du Niger. L’on peut d’emblée se poser des questions sur les critères qui ont prévalu au choix de ces cinq pays africains. L’hypothèse de leur engagement franc pour la démocratie pourrait ne pas être recevable. Car, un pays comme l’Ethiopie, où l’opposition politique, à force d’être réprimée, est pratiquement inexistante, ne peut se prévaloir de cette qualité. Par contre, les 5 pays africains invités ont un dénominateur commun. Ils sont tous en proie au terrorisme. En effet, le Kenya et dans une certaine mesure l’Ethiopie subissent les assauts répétés des terroristes somaliens, les tristement célèbres Shebabs. La Tunisie n’est pas logée à meilleure enseigne, puisqu’elle aussi a du fil à retordre avec les terroristes par moments. Quant au Nigeria et au Niger, il n’est pas exagéré de dire que des pans entiers de leurs territoires constituent depuis fort longtemps des sanctuaires pour djihadistes.

De fortes promesses ont été faites à l’Afrique, en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme

De  ce qui précède donc, l’on peut se risquer à affirmer que c’est l’impératif sécuritaire qui a pu dicter le G7 à dérouler le tapis rouge aux dirigeants de ces 5 pays africains. En tout cas, cette perception des  choses a été confortée par l’un des points de l’ordre du jour de cette 43e édition du G7. Tout le monde aura deviné qu’il s’agit  de la lutte contre le terrorisme. En plus de ce sujet, d’autres préoccupations qui  concernent aussi l’Afrique, ont été au centre des discussions. Il s’agit des questions liées au phénomène migratoire, au réchauffement climatique et dans une certaine mesure au commerce. Par rapport à toutes ces questions qui ont été débattues en Sicile dans le cadre du sommet du G7, l’on peut formuler l’interrogation suivante. Quelles retombées pour l’Afrique ? Il faut d’abord relever que le simple fait d’associer l’Afrique à la réflexion sur des problématiques qui la concernent à plus d’un titre, peut être perçu comme une marque de courtoisie et de considération, même s’il est vrai que la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. Et effectivement, à cette édition du G7, de fortes promesses ont été faites à l’Afrique, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. A ce sujet, un soutien politique très clair a été exprimé à l’endroit des pays du G5 Sahel que sont la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Niger et le Burkina. Ces pays, on le sait, sont économiquement inscrits à l’article de la mort. De ce fait, ils n’ont que leur courage pour s’opposer aux djihadistes. Ces derniers, on le sait aussi, sont loin d’être des indigents. Car, leurs gourous roulent carrosse. Le drame est que, justement, le G7 est censé connaître les pays qui les financent pour qu’ils aient la possibilité et la capacité de narguer au quotidien les pays membres du G5 Sahel. Que font concrètement les pays du G7 pour couper le cordon ombilical qui lie les terroristes qui traumatisent actuellement le Sahel africain à leurs bailleurs ? De par le passé, l’on pouvait avoir l’impression que cette question était le cadet des soucis des pays membres du G7. L’on peut même se risquer à dire que certains d’entre eux, via leurs amis et alliés du monde arabe, ne sont pas étrangers au fait que les terroristes disposent d’armements sophistiqués qui n’ont rien à voir avec les fusils dignes de la première guerre mondiale avec lesquels les pays du G5 Sahel tentent de leur faire barrage. C’est pourquoi il faut souhaiter que les promesses faites à l’Afrique en termes de soutien logistique, matériel et financier, soient traduites dans les meilleurs délais dans les actes. Et comme le terreau favori du djihadisme est, entre autres, la misère des populations, le G7 serait bien inspiré d’aider à traquer de manière significative, la pauvreté endémique et structurelle qui a pris possession de l’ensemble du Sahel africain. Et ce ne sont pas les moyens qui lui manquent pour mettre en place une sorte de plan Marshall pour faire du Sahel africain, un espace où il fait bon vivre pour tous.

Le bourreau et la victime ne peuvent pas avoir les mêmes intérêts

Tant qu’ils ne feront pas cette option, toutes les autres initiatives, surtout celles strictement sécuritaires, seront vouées à l’échec. Mais l’espoir est permis quant aux retombées de ce sommet du G7 pour l’Afrique, en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. En effet, les pays industriels semblent avoir enfin intégré le fait qu’ils ne peuvent pas faire de leurs territoires respectifs des îlots à l’abri des attaques des barbus, tant que l’Afrique en restera le ventre mou. La preuve, s’il en est encore besoin, c’est que le terroriste qui vient d’endeuiller la ville de Manchester, est rentré fraîchement de Libye où il n’a pas manqué de conforter sa profession de foi djihadiste. Le G7 n’a donc pas le choix que d’aider l’Afrique à traquer les extrémistes de tous poils. Sur ce point précis, le continent noir et le G7 ont les mêmes intérêts. C’est pourquoi d’ailleurs, sur cette question, le consensus a prévalu. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du réchauffement climatique. Plusieurs désaccords ont, en effet, été notés. La raison est que le bourreau et la victime ne peuvent pas avoir les mêmes intérêts. L’Afrique, qui est dans le cas d’espèce la victime, ne peut malheureusement rien faire pour amener l’ensemble des pays du G7 à regarder dans la même direction. Il en est de même des questions liées au commerce international et au phénomène migratoire. Sur le premier terrain, l’Afrique compte pour moins que du beurre. Sur le deuxième, les succès électoraux enregistrés par certains partis d’extrême droite en Europe obligent, peut-on dire, les dirigeants à se tailler, à leur corps défendant, des costumes anti-migration. Pour toutes ces raisons, ce sera un leurre pour l’Afrique de croire que sur les questions liées au commerce, au réchauffement climatique et au phénomène migratoire, elle peut attendre beaucoup de ce sommet. Le seul domaine où les retombées pour l’Afrique pourraient être réelles, est celui de la lutte contre le terrorisme. Car, répétons-le, le G7 y est obligé. Il ne le fera donc pas pour les beaux yeux de l’Afrique, mais pour sa propre survie.

« Le Pays »


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