HomeFocusSOMMET REGIONAL SUR BOKO HARAM A NIAMEY : La riposte militaire seule pourrait na pas suffir

SOMMET REGIONAL SUR BOKO HARAM A NIAMEY : La riposte militaire seule pourrait na pas suffir


La conquête rapide par la secte islamiste Boko Haram  de certaines villes et sa détermination à étendre son califat au Nigeria, semblent troubler le sommeil des chefs d’Etat des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad. En tout cas, le sommet régional consacré à Boko Haram, qui s’est  ouvert hier 20 janvier 2015 à Niamey au Niger, est la preuve que ces derniers ont pris conscience de la menace de cette nébuleuse sur la sécurité régionale. Cela est d’autant plus vrai que le Cameroun qui, jadis, constituait le ventre mou de la lutte contre le terrorisme, est devenu aujourd’hui le fer de lance de cette lutte. Mais il aura fallu qu’il soit frappé en plein cœur par Boko Haram, qu’il subisse des attaques répétées des hommes de Abubakar Shekau, pour comprendre la nécessité et l’urgence d’agir. Faut-il le souligner, le Nigeria qui s’est ramolli comme un os bouilli, se battait seul comme un beau diable contre les fous d’Allah, sans que son voisin  le Cameroun n’eût daigné lui apporter le moindre soutien.

La montée en puissance de Boko Haram est donc la conséquence directe de cette indifférence qu’a observée le pays de Paul Biya. Du reste, d’aucuns diraient que  l’initiative de ce sommet régional auquel participent 13 pays et des partenaires comme les Etats-Unis et l’Union européenne, intervient un peu tardivement. Car ce n’est un secret pour personne, Boko Haram s’est transformée en véritable monstre qui dévore presque tout sur son passage.

Elle dispose aujourd’hui d’importants moyens militaires, de combattants aguerris et  par-dessus tout, certainement de moyens financiers pour mener une guerre sur le long terme. En vérité, les pays membres du bassin du lac Tchad ont tellement minimisé la menace Boko Haram qu’il est à présent difficile de  combattre la secte. Certains actes comme le saccage des églises, des restaurants et bars au Niger sous le prétexte de venger le Prophète Mahomet, s’inscrivent dans la logique de Boko Haram selon laquelle l’éducation occidentale est un péché. Elle en fera certainement son miel.

L’occasion est donnée  aux pays participants de mutualiser leurs efforts

 Mais comme le dit l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il faut  simplement souhaiter que les conclusions qui sortiront de ce sommet, ne dorment pas dans les tiroirs. Car, on ne le sait que trop bien, en matière de lutte contre le terrorisme, nos dirigeants ont toujours excellé dans les paroles, au détriment des   actes. Or, comme le disait en substance le général De Gaulle, ce n’est pas en parlant qu’on change un état de chose, mais en agissant.

En termes d’attentisme dans la lutte anti-terroriste, le cas du Mali en est un exemple. Pendant que les djihadistes étaient en train de réduire les populations du Nord à l’esclavage, les chefs d’états-majors des armées de la sous-région passaient le plus clair de leur temps à se concerter, sans pour autant poser des actes concrets sur le terrain.  C’est dire que le tout n’est pas de se réunir… Il importe de mettre en application les mesures qu’on a soi-même prises.

En tous les cas, l’occasion est donnée à travers ce sommet, aux pays participants, de mutualiser leurs efforts pour mener des actions d’envergure coordonnées contre Boko Haram.

La lutte contre ce groupe terroriste nécessite de grands moyens, on le sait. Et comme les partenaires ont adhéré à l’initiative, on peut croire qu’ils accepteront de délier les cordons de la bourse, pour permettre à leurs amis du Sud de se débarrasser d’un ennemi sans foi ni loi.

En tout état de cause, les pays qui sont dans le viseur de Boko Haram ne devraient pas attendre que les moyens viennent forcément de l’extérieur, avant d’apporter une réponse appropriée à Boko Haram.

Par ailleurs, les pays participants pourraient aussi associer  leurs érudits de l’islam  à la lutte contre ces fanatiques qui ternissent l’image de la religion. Cela peut s’avérer utile d’autant que la riposte militaire seule ne pourrait pas suffire pour venir à bout de ces ‘’illuminés’’. L’autre difficulté de la lutte peut se présenter comme suit  : se sentant acculés par une éventuelle coalition africaine, ces fous d’Allah pourraient facilement se fondre dans la population au sein de laquelle des individus, au nom de la religion, n’hésiteront pas à leur offrir gîte et couvert.

Dabadi ZOUMBARA


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