HomeA la uneSORT DE JEAN-PIERRE BEMBA : Kabila  aurait tort de se réjouir du malheur de Bemba

SORT DE JEAN-PIERRE BEMBA : Kabila  aurait tort de se réjouir du malheur de Bemba


 

Son sort est scellé.  Les mânes de ses ancêtres congolais qu’il aura certainement invoqués secrètement depuis la prison de La Haye, n’y auront rien pu. Hier, ce mercredi noir du 18 mai 2016, sous l’effet de l’émotion, il aura sans aucun doute vu les carreaux des couloirs de la prison de Scheveningen se dérober sous ses pieds.  Quel coup dur !  Dura lex, sed lex !  25 ans de prison « au minimum ». C’est la peine requise par la Cour pénale internationale (CPI), contre l’ancien vice-président congolais, Jean-Pierre Bemba, reconnu coupable, le 21 mars dernier,  de « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » devant la CPI.  Dans cette affaire qui vaut à l’ancien chef de guerre d’être privé de sa liberté depuis 2008, loin des siens, on ne lui reproche rien moins que des viols en masse, meurtres et pillages commis par sa milice envoyée en Centrafrique  en 2002 et 2003, pour soutenir le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, contre les rebelles de François Bozizé.  L’accusé a donc été condamné au nom du principe de « la responsabilité du commandant », c’est-à-dire pour les actes commis par ses milices. Il a fait couler des rivières de sang et des torrents de larmes. Il en porte l’entière responsabilité, ne serait-ce que morale.  On ne peut donc pas dire du natif de Bokada né avec une cuillère  d’argent à la bouche, que c’est un agneau qui a été injustement conduit sabots liés à l’abattoir de La Haye. Bien au contraire. Tous les seigneurs de guerre invétérés  ou en herbe qui écument le continent, sont donc prévenus.  Mais pas seulement eux : les dictateurs africains aussi, à  l’instar de l’ennemi juré de Jean-Pierre Bemba, celui-là même qui préside en ce moment aux destinées de la RDC, Joseph Kabila.  Il n’est pas à l’abri. La CPI pourrait un jour s’intéresser aussi à lui, à en juger par les propos de Fatou Bensouda : « Nous poursuivons nos enquêtes en RDC. Nous sommes toujours en train d’étudier les informations reçues et de les analyser au regard des crimes qui pourraient être commis ».

Pour Jean-Pierre Bemba, les carottes sont désormais cuites

Kabila junior aurait donc tort de se réjouir du malheur de son ennemi intime.  On peut aisément l’imaginer se frottant les mains.    Car, Bemba à présent totalement hors d’état de lui nuire, « l’homme fort » de Kinshasa voit encore plus s’ouvrir grandement devant lui,  le boulevard sur lequel il pourrait davantage se livrer à ses habituels écarts de gouvernance et autres turpitudes. Mais, Kabila n’a qu’à bien se tenir ! A l’allure où il enchaîne les  embardées et autres dérapages, il n’est pas exclu qu’il se retrouve un jour aux côtés de l’ancien chef de l’Armée de libération du Congo (ALC). Attention, ça n’arrive pas qu’à Jean- Pierre Bemba ! Au-delà du cas Kabila,  tous les satrapes du continent prêts à tout pour conserver leur fauteuil, y compris enjamber des cadavres, sont avertis ! Mais assoiffés de pouvoir absolu,  auront-ils suffisamment la force morale pour décrypter le message envoyé par  la  CPI ? Rien n’est moins sûr. Car, Dieu seul sait si beaucoup de dictateurs africains n’ont que  faire du respect des droits de l’Homme quand l’aspiration de leur peuple au changement, passe à leurs yeux, pour un crime de lèse-majesté. Pour Jean-Pierre Bemba, les carottes sont désormais cuites.  L’espoir de  rejoindre les siens, s’est définitivement envolé. Quid de sa famille politique dont certains membres lui seront jusqu’au bout restés fidèles, et qui nourrissaient l’espoir de voir  l’ex-leader du MLC (Mouvement de libération du Congo) rentrer le plus tôt possible au bercail ?  Peut-être, à présent, devraient-ils faire le deuil de Bemba et penser à rebondir politiquement sans le ressort Bemba, définitivement cassé.  Le temps presse. Il faut agir vite. Car, il  y a urgence, pour tous les Congolais épris de démocratie et de paix, de se donner les moyens  de mettre en échec Joseph Kabila tragiquement engagé sur la voie de la perdition et qui n’hésiterait pas à faire couler la RDC, avec lui s’il le faut.

« Le Pays »


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