HomeA la uneSORTIE D’UN MINISTRE CONGOLAIS CONTRE LA REVISION CONSTITUTIONNELLE : Une brebis effrontée s’échappe de l’enclos de Sassou

SORTIE D’UN MINISTRE CONGOLAIS CONTRE LA REVISION CONSTITUTIONNELLE : Une brebis effrontée s’échappe de l’enclos de Sassou


 

Jusque-là, le président Sassou Nguesso avait réussi à maintenir son enclos fermé, donnant même l’impression, avec sa dernière visite à l’Elysée, qu’il en détenait encore pour longtemps les clés.   Mais la récente sortie de l’un des membres de son gouvernement, vient d’administrer la preuve que des brebis, à la limite de l’effronterie, s’en échappent. En effet, répondant aux questions de RFI, Guy-Brice Parfait Kolelas, le fils de Bernard Kolelas, par ailleurs président du parti MCDDI et ci-devant ministre de la Fonction Publique, n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer son refus de toutes velléités de modification constitutionnelle : « Je ne suis pas opposé, dit-il, à un référendum pour l’évolution des institutions au Congo-Brazzaville, je suis opposé à un référendum qui est anticonstitutionnel. Si la question est oui ou non au changement de la Constitution, la Constitution n’a pas prévu cela. (…) La Constitution dit que tout peut se réviser sauf le caractère laïc et républicain de l’Etat et le nombre des mandats présidentiels.» Cette sortie sans ambages du ministre lui vaut les lauriers de tous les démocrates du continent car, sous nos tropiques, ceux qui sont assis à la table du prince régnant ont la panse si bedonnante, luisante et la bouche si pleine qu’ils deviennent aphones et apathiques,   pleins de zèle à défendre l’indéfendable sur l’autel de leurs intérêts, liant à vie leur destin à celui du maître. Cette position de Guy-Brice Parfait Kolelas a d’autant plus de mérite que dans cette région des Grands Lacs, trop de dictateurs nagent dans les eaux saumâtres des tripatouillages constitutionnels, et prendre le risque de ramer à contre-courant quand on a goûté aux délices de leur pouvoir, est un acte d’héroïsme. Parfait Kolelas, en refusant d’apporter sa caution à la forfaiture qui se dessine sur les rives tumultueuses du Congo pour épouser la cause du peuple, s’inscrit dans la haute lignée des porte-étendards de la Révolution française  comme Robespierre, Danton, Marat et autres qui, au mépris des privilèges liés à leurs  hauts bancs à l’Assemblée, ont fait l’option de défendre la cause de leur peuple. Il faut tout simplement souhaiter que son exemple fasse des émules dans l’entourage du dictateur Nguesso, pour  fragiliser davantage son projet plus qu’aventureux de modification constitutionnelle.

Il reste   à espérer que la sortie du ministre ait la sincérité d’un acte de confession

Le moins que l’on puisse dire, après cette sortie qui a tous les relents d’un parricide à la Brutus, est que la calebasse du dictateur Nguesso se lézarde et que le satrape devrait se faire plus de soucis dans un contexte où son puissant parrain angolais, Edouardo Dos Santos, a clairement affirmé qu’il n’interviendrait plus au Congo en cas de troubles intérieurs comme il l’avait fait de par le passé, pour tirer son protégé d’une périlleuse impasse. Et c’est tout simplement l’opposition congolaise qui applaudit à en rompre les doigts car, non seulement elle se trouve confortée dans ses positions, mais mieux, elle fragilise son adversaire en clairsemant ses rangs. On peut affirmer sans risque de se tromper que l’exemple du Burkina Faso est en train de faire des émules sur le continent, car c’est bien la défection de certains « gourous » de l’entourage présidentiel pour aller renforcer les rangs de l’opposition burkinabè en son temps, qui avait donné force et jeunesse au mouvement de contestation de la révision constitutionnelle, précipitant ainsi la fin du régime Compaoré.

Il reste donc à espérer que cette sortie du ministre congolais de la Fonction publique, ait la sincérité d’un acte de confession et qu’elle ne soit pas une ruse de plus du dictateur. En effet, comme le loup de la fable de la Fontaine, Kolelas peut être instrumentalisé par le tyran pour se déguiser en agneau en vue d’intégrer la bergerie et y faire des ravages. Le doute n’est pas saugrenu, quand on connaît la versatilité des hommes politiques sur le continent. Agathon Rwasa vient d’en administrer la preuve au Burundi, causant des ravages dans la lutte de l’opposition burundaise. Mais comparaison n’est pas raison et Rwasa ne rime pas forcément avec Kolelas qui,  on l’espère, ne rabattra pas les portes du panthéon de son pays qu’il s’est grandement ouvertes par sa courageuse prise de position.

SAHO


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