HomeGrand angleSORTIE MALHEUREUSE DE JOSEPH KABILA : Le président congolais fait l’autruche

SORTIE MALHEUREUSE DE JOSEPH KABILA : Le président congolais fait l’autruche


Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, vient de faire une sortie malheureuse, en tout cas, une sortie qui est loin de le placer au rang des grands dirigeants du continent noir. Face aux élus de son pays, députés et sénateurs, alors qu’il était attendu sur le délicat sujet d’une éventuelle modification de la Constitution de son pays, qui lui permettrait de briguer un troisième mandat, Kabila fils a déclaré sans ciller que le peuple congolais est un grand peuple qui n’est pas comme les autres.

Le président congolais insinue-t-il que le peuple burkinabè dont la détermination et la bravoure auront permis de venir à bout du régime dictatorial de Blaise Compaoré, est un petit peuple ?  Est-ce un pied de nez adressé au vaillant peuple burkinabè ?  En tout cas, si ce n’est pas une insulte, ça y ressemble fort.  Et puis, quel paradoxe !

Le même Kabila, on se rappelle, avait envoyé une délégation au Burkina pour s’inspirer de l’expérience du peuple burkinabè en matière de gouvernance politique.  De la pure hypocrisie ?

Toujours est-il que  le dirigeant congolais devrait plutôt être reconnaissant au peuple de lui avoir donné un avertissement sans frais, à lui ainsi qu’à tous les bricoleurs de Constitutions en Afrique. Il devrait être reconnaissant au peuple burkinabè qui lui  donne des leçons.

Mais comme un dictateur n’est jamais assez sage pour tirer leçon de ce qui arrive aux autres, Joseph Kabila fonce droit dans le mur.

Sans doute croit-il que son peuple est incapable de s’inspirer de la Révolution burkinabè.  Erreur !  C’est oublier que  ” les mêmes causes produisent les mêmes effets”. Plutôt que de s’employer à s’accrocher vaille que vaille au pouvoir, Joseph Kabila gagnerait à s’éviter le sort de Blaise Compaoré, certainement ravagé par le remord et l’amertume, et condamné à la déshérence.

Kabila vient de tomber le masque

Et puis, Kabila a la mémoire courte. Il  semble avoir oublié d’où il vient. Parvenu au pouvoir dans les conditions que l’on sait, le mieux qu’il puisse faire aujourd’hui, c’est de travailler à entrer dans l’Histoire du Congo. Surtout que sa réélection à la tête de l’Etat a été à la fois contestée et calamiteuse. Or, au rythme où il va, Kabila court vers sa perte.

 Les dirigeants africains sont décidément des gens difficiles à comprendre ! Après près d’une décennie de gouvernance, a-t-il réussi à rassembler les Congolais  ? Non. Est-il parvenu  à asseoir une gouvernance vertueuse qui puisse permettre à son peuple de bénéficier des richesses du pays  ? La réponse est encore,  non !

Il faut appeler un chat un chat, et un fiasco un fiasco  : Joseph Kabila a échoué et cela devrait plutôt le pousser à penser à passer la main .

Mais, comme on le sait, dans  les républiques bananières de ce continent, la boulimie du pouvoir   est telle que les dirigeants en arrivent à perdre la tête.  Pas surprenant donc qu’au lieu de se remettre en cause, Kabila fils préfère adopter la  posture du dictateur !

Il faut craindre que Kabila qui vient de tomber le masque, après un long silence, finisse mal.

 En tout cas, en faisant l’autruche malgré les conseils et mises en garde, Kabila  court le risque de se faire chasser comme un malpropre, par son peuple, un beau matin. Comme le dit l’adage en Afrique, “on n’échappe pas à son destin”. Mais, il n’est pas encore tard pour Joseph Kabila,  de s’assagir.  Aucun dirigeant ne peut triompher de son peuple, fût-il le dirigeant le plus puissant.  Et Kabila devrait se le tenir pour dit.

L’ex-président burkinabè se présentait comme la tête d’affiche des  tripatouilleurs de  Constitutions sur le continent. Maintenant qu’il n’est plus aux affaires, chaque satrape, à l’image de  Joseph Kabila et du Congolais Denis Sassou Nguesso, défend directement son beefsteak. Mais ils se défendent très mal.

Le Congo a connu de grands hommes à l’image de Patrice Lumumba, certes. Mais Kabila qui se pique d’être de la même trempe que cet illustre fils d’Afrique, se goure absolument.

A travers en tout cas  sa dernière sortie, Kabila fils montre à la face du monde qu’il est un petit président pour un grand peuple !

 En tout état de cause, un pays assisté depuis belle lurette et qui continue à l’être, ne  doit pas s’offusquer de recevoir des injonctions de ses bienfaiteurs.  Ce serait contradictoire que le Congo qui tend, toute honte bue, la sébile, même pour sa sécurité, brandisse dans le même temps l’argument de la souveraineté.

Dabadi ZOUMBARA      


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