HomeA la uneSURPLUS D’INDEMNITES SERVIES AUX DEPUTES TOGOLAIS : Une générosité suspecte  

SURPLUS D’INDEMNITES SERVIES AUX DEPUTES TOGOLAIS : Une générosité suspecte  


 

L’opposition togolaise a renoué le 04 octobre dernier avec la rue. Et contrairement aux prédictions des oiseaux de mauvais augures qui prédisaient son essoufflement sous l’effet du temps, le mouvement de contestation ne dégrossit pas. Bien au contraire, le bras de fer avec le régime au pouvoir se durcit et promet des étincelles. Le pouvoir, sans doute acculé, cherche des  portes de sortie sans pour autant renoncer à l’essentiel. Participent de cette stratégie les tentatives de débauchage des élus du peuple au moyen d’espèces sonnantes et trébuchantes.  En effet, contre toute attente et sans explication antérieure aucune, les députés se sont retrouvés avec des comptes bancaires anormalement gonflés. Mais selon les explications de la questure, ce surplus serait un rappel des indemnités de déplacement prévues dans la ligne budgétaire du parlement. De toute évidence, les parlementaires de l’opposition ont refusé d’avaler ces couleuvres et ont eu l’ingénieuse idée de faire de cet argent indûment perçu, un fonds pour venir en aide aux victimes des manifestations dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé. Il faut se féliciter de cette vigilance des députés de l’opposition qui ont refusé de mordre à l’hameçon du pouvoir. En cédant à l’appât du gain facile, ils se seraient irrémédiablement compromis. Non seulement ils auraient eu la bouche tellement pleine qu’ils en seraient devenus aphones, mais aussi ils auraient envoyé des signaux contraires aux militants de leurs partis respectifs qui, jusque-là, ont fait preuve d’une détermination sans faille malgré la répression féroce qui s’est abattue sur eux. Sans nul doute, ces milliers de personnes qui, vent debout, ont défié l’adversité du régime se seraient senties trahies, rompant durablement le pacte de confiance qui les lie à leurs leaders. Du côté du pouvoir, même si l’on nie toute tentative de corruption, l’on peut tout de même s’interroger sur le timing de ce rappel des indemnités.

L’opposition fait la preuve de sa maturité politique

Pourquoi est-ce maintenant que la questure décide de délier les cordons de la bourse et pourquoi cela n’a-t-il pas fait l’objet d’une communication préalable ?  En réalité, il faut lire dans ce geste, le désarroi du régime qui, après avoir échoué à saborder la fronde de l’opposition par les sanglantes répressions,  le tripatouillage des textes, les manœuvres politiques à l’Assemblée nationale, s’essaie à l’achat des consciences. L’indigence financière des opposants en Afrique, n’est qu’un secret de polichinelle et Faure Gnassingbé a vraisemblablement voulu saisir son opposition par ce talon d’Achille pour casser la lutte, mais mal lui en a pris. Il devrait donc s’attendre au retour du boomerang. Et pour causes. D’abord, les familles des victimes, galvanisées par cette manne financière inattendue que leur apportent les élus de l’opposition, feront preuve de plus de mobilisation. Ensuite, l’opposition, en refusant de succomber aux billets de banque généreusement offerts par le pouvoir, achève de convaincre ses militants que l’alternance pour laquelle elle se bat, offre une autre alternative à la gouvernance actuelle. Enfin, l’opposition fait la preuve de sa maturité politique et augmente de ce fait sa cote de crédibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et voilà de quoi faire gronder plus bruyamment la rue. En tout état de cause, Faure Gnassingbé devrait voir dans l’échec de cette tentative de soudoyer ses opposants, un signe des temps. Rien ne semble pouvoir arrêter la déferlante et il est encore temps qu’il se mette dans le sens de la marche de l’histoire en écoutant la voix de son peuple.

SAHO


No Comments

Leave A Comment