HomeA la uneSUSPENSION DU PROCESSUS ELECTORAL AU PAYS DE BAI KOROMA : La Sierra Leone ne doit pas décevoir

SUSPENSION DU PROCESSUS ELECTORAL AU PAYS DE BAI KOROMA : La Sierra Leone ne doit pas décevoir


Le processus électoral est au point mort en Sierra Leone. Ainsi en a décidé la Haute cour de justice, suite à la requête déposée par un militant de l’APC, parti au pouvoir. Du coup, le second tour prévu pour se tenir demain, 27 mars, est, pour ainsi dire, en pointillés. En tout cas, de l’avis de certains analystes, le report est pour le moins inévitable ; la Commission électorale ayant elle-même suspendu le déploiement du matériel de vote. On a tout lieu d’assister au même scénario qu’au Libéria où suite à des soupçons de fraude, la Cour suprême avait également décidé de renvoyer sine die le second tour, le temps d’examiner avec   minutie les recours introduits par l’un des candidats en lice. A la seule différence que dans le cas de la Sierra Leone, il s’agit, dit-on, d’un juriste issu du parti au pouvoir dont le porte-étendard vient en deuxième position avec 42,7% contre 43,3% pour son adversaire. Pour autant qu’il soit sincère, on peut rendre un vibrant hommage à l’initiateur de cette requête qui dit, par cette démarche, vouloir « préserver la paix et la stabilité du pays ». Seulement, voilà ! Il faut craindre que ce ne soit là une stratégie pour ne pas dire une entourloupe destinée à retarder les échéances dans le but d’inverser les tendances au profit du candidat du parti au pouvoir. On est d’autant fondé à penser ainsi, au regard du moment choisi pour introduire ce recours demandant une enquête sur des accusations de fraudes. Pourquoi avoir attendu d’être à quelques jours du vote du second tour pour le faire ?

De la décision des grands juges dépendra la suite du processus électoral

La question mérite d’être posée. Toujours est-il qu’il appartient à la Haute cour de justice serra-léonaise de ne pas se laisser conter fleurette. Car, les hommes politiques sont ainsi faits qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac, si fait qu’à la moindre inattention, ils sont capables de vous faire prendre des vessies pour des lanternes. Cela dit, de la décision des grands juges dépendra la suite du processus électoral en Sierra Leone où, faut-il  le rappeler, le président sortant a eu l’élégance de faire valoir ses droits à la retraite et ce, à l’issue de ses deux mandats constitutionnels. Dans un continent où la tendance est aux règnes à vie, une telle démarche qui favorise l’alternance ne peut qu’être saluée à sa juste valeur. Aussi faut-il relever la transparence du scrutin qui a permis d’obtenir des résultats fiables, acceptés de tous. Sous d’autres cieux, à défaut de passer haut la main, le candidat du parti au pouvoir caracolerait en tête. Ce qui n’est pas le cas au pays de Ernest Baï Koroma où le candidat de l’opposition est arrivé en tête, à l’issue du premier tour du 7 mars dernier. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, la Sierra Leone ne doit pas décevoir. Elle a montré au reste du monde que l’on pouvait compter sur elle en matière de respect de la démocratie et de la promotion de l’alternance. Ce faisant, elle doit tout faire pour que prévale à toute épreuve, la transparence durant tout le processus électoral en cours. C’est à ce prix que l’on pourrait éviter des contestations électorales pouvant déboucher sur des violences meurtrières, surtout que le pays revient de loin, voire de très loin.

Boundi OUOBA


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