HomeA la uneTENTATIVE DE RECONQUETE DU CROISSANT PETROLIER PAR TRIPOLI : La folle aventure du gouvernement d’union nationale

TENTATIVE DE RECONQUETE DU CROISSANT PETROLIER PAR TRIPOLI : La folle aventure du gouvernement d’union nationale


 

La sagesse africaine nous enseigne que « quand l’envie prend la fourmi de s’égarer, elle s’empare d’une feuille de haricot » qui, par son envergure, lui barre la vue. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la posture de Fayez El Sarraj, en lançant ses troupes à la conquête des terminaux pétroliers tombés depuis peu dans l’escarcelle du Général Haftar, confine à cette situation. Et pour cause. D’abord, les troupes gouvernementales sont enlisées depuis belle lurette à Syrte dans les combats contre l’Etat Islamique dont une poignée d’irréductibles guerriers les tient en échec. En prenant l’option d’une contre-offensive, ce dimanche, pour reprendre des mains du Général Haftar le croissant pétrolier, le gouvernement d’union nationale multiplie les fronts de combats et prend, ipso facto, le risque d’éparpiller ses forces qui souffrent déjà d’une mauvaise organisation et d’un sous-équipement criards. Ensuite, cette décision de Tripoli est pour le moins périlleuse car le Général Haftar dispose de ce qui reste de la puissance de feu de l’armée libyenne. Il capitalise aussi en sa faveur, le soutien du puissant voisin égyptien et commence à avoir des atomes crochus avec le guerrier du désert, le colonel Idriss Deby Itno,  à la tête d’une des plus puissantes places fortes du continent. Et atouts non négligeables, il contrôle tout l’Est du pays et est adoubé par les chefs de tribus. C’est donc à un géant  que décide de s’attaquer le frêle Fayez El Sarraj et la question que l’on peut se poser est celle que Corneille, dans le Cid,  fait poser à l’un de ses  personnages : «  Te mesurer à moi, qui t’a rendu si vain, toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main ? ».  A cette interrogation, il peut y avoir plusieurs réponses. D’abord, derrière le gouvernement d’union nationale, il faut voir en sous-main la Communauté internationale qui signe et persiste dans son choix aveugle de ne pas collaborer avec  Haftar qui, malgré tout, demeure aujourd’hui incontournable.  Les Occidentaux prouvent encore, par-là, si besoin en était encore,  qu’ils sont là non pour les intérêts du peuple libyen, mais  pour les leurs,  en l’occurrence la manne pétrolière qu’ils  entendent faire gérer par les hommes qu’ils imposent.

El Sarraj prend le risque d’une débâcle militaire qui pourrait sonner sa fin politique

Ce nouveau front militaire  de El Sarraj  n’est donc qu’un acte de fayotage de Fayez El Sarraj qui entend renvoyer l’ascenseur à ceux auxquels il doit son pouvoir. Ensuite, cette nouvelle guerre peut aussi traduire les difficultés financières du gouvernement de Tripoli qui, pour l’instant, vit sous perfusion de la Communauté internationale. Il est donc en quête de ressources  pour non seulement asseoir son emprise sur le territoire national, mais pour aussi venir à bout des nombreux foyers incandescents  qui  embrasent toute la Libye et envisager les chantiers de reconstruction du chaos né de la guerre. Et pour finir, sans nul doute, Fayez en mal de popularité, nourrit-il le secret espoir de se faire une nouvelle légitimité par un haut fait d’armes! Quelles que soient les motivations de Tripoli, son choix ressemble à une folle aventure. En effet, Fayez El Sarraj encourt non seulement le risque d’être voué aux gémonies par le peuple qui peut voir dans cette guerre, une conspiration avec l’Occident pour faire main basse sur les ressources pétrolières du pays, mais il prend aussi le risque d’une débâcle  militaire qui pourrait sonner sa fin politique. Le réalisme politique ou à défaut la sagesse, aurait dû le pousser à faire du Général  Haftar un ami plutôt qu’un adversaire. Tout autre choix équivaut à se tromper d’adversaire car collaborer avec Haftar n’est pas un luxe, c’est une exigence de la situation.

 

SAHO   


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