HomeA la uneTHIERRY MILLOGO, A PROPOS DE LA DROGUE : « C’est un véritable fléau qui touche toutes les couches de notre société »

THIERRY MILLOGO, A PROPOS DE LA DROGUE : « C’est un véritable fléau qui touche toutes les couches de notre société »


L’Association Save the Future lutte contre la consommation des substances psychoactives et additives telles l’alcool, la drogue et le tabac. Dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre la drogue, tenue chaque 26 juin de l’année, nous avons approché son président, Thierry Millogo, pour échanger sur la problématique du phénomène. Lisez plutôt !

 

Le Pays : Pourquoi votre association s’investit-elle dans le domaine de la lutte contre la drogue ?

 

Thierry Millogo : Comme vous le savez, l’organisation mondiale de la santé a indiqué que le phénomène de la drogue est une épidémie et problème de santé publique. Au vu de tout cela, et au regard de l’ampleur du phénomène dans notre pays, notre association a décidé de s’investir fortement pour faire reculer ce fléau dans notre pays, dans nos villes et campagnes, les écoles, les quartiers, etc.

 

Selon vous, quelle est l’ampleur du phénomène de la drogue au Burkina ?

 

C’est un véritable fléau qui touche toutes les couches de notre société. L’ampleur est énorme parce que quand on regarde les statistiques aussi bien sur le plan mondial que sur le plan local, 4 personnes sur 10 aurait eu au moins un contact avec la drogue. Quand vous prenez un groupe d’âge bien donné, selon les extrapolations qu’on peut faire, on peut estimer que dans ce groupe d’âge donné, 50% a plus ou moins été en contact avec la drogue. Si vous prenez par exemple des jeunes de 15 ans dans un environnement ou un établissement bien donné, près de la moitié de cette jeunesse a eu un contact avec la drogue. Quand vous faites des extrapolations  de ce qui se passe dans les écoles et dans les quartiers, ça devient un gros souci. Toutes les couches, les tranches d’âge sont concernées. Le problème est donc immense. Il faut des actions fortes pour l’endiguer.

 

Quelles sont les conséquences de la consommation de la drogue dans notre société ?

 

Les conséquences sont énormes, au niveau du système éducatif et de l’éveil des consciences des jeunes d’abord. L’incivisme qui se développe au Burkina Faso est lié aussi à la consommation des stupéfiants, dont la drogue. Sinon comment peut-on comprendre que dans une école, des élèves décident de frapper les enseignants ? Est-ce qu’un élève normal peut oser s’attaquer à son enseignant ? Regardez ce qui se passe au niveau de la circulation. Les jeunes ne respectent pas les adultes et vice-versa. La conséquence, c’est la dégradation de l’individu dans sa profondeur. Il est en décalage par rapport à l’environnement, à la société et par rapport à lui-même. Il devient violent et se retrouve la plupart du temps dans les services psychiatriques. C’est difficile de récupérer un individu qui commence à fréquenter les services de psychiatrie. La volonté qui poussent les gens à consommer la drogue, les gens n’ont pas cette volonté d’en ressortir.

 

Selon vous, que doit-on faire dans le sens de lutter contre la drogue ?

 

Il faut que chaque citoyen soit un combattant contre la drogue, un acteur majeur de lutte contre le phénomène. Il faut également une volonté politique dans notre pays. L’Etat a déjà fait beaucoup de choses en mettant en place un comité national de lutte contre la drogue dont le secrétariat permanent est l’organe exécutif, mais le secrétariat doit avoir les ressources et l’accompagnement qu’il faut. Parce que le problème est tellement gros, les enjeux sont énormes pour notre jeunesse. Si cette jeunesse est détruite, le pays est détruit dans le même temps. Les enjeux sont donc tels qu’il faut doter le secrétariat permanent de véritables moyens pour mener des actions de sensibilisation. On doit assouplir l’intervention de la police dans le milieu scolaire parce que la loi interdit que la police fasse des descentes dans les milieux scolaires. Ils sont obligés de faire les enquêtes autour des établissements. Les OSC doivent renforcer leurs actions sur le terrain, notamment dans les quartiers. Enfin, il faut qu’on lutte contre la drogue de façon permanente.

 

Est-ce que la thématique nationale de la journée mondiale de lutte contre la drogue tombe à propos ?

 

Exactement. Le milieu scolaire se caractérise par la jeunesse qui est une couche fragile et vulnérable à la drogue. Au Burkina Faso, la consommation de la drogue commence au plus tôt entre 13-14 ans. D’aucuns diront 15 ans, mais c’est à partir de la classe de 4e généralement. Le choix des thèmes est justifié parce que la drogue circule avec une vitesse grand V dans les établissements. Les modes de consommation ont beaucoup évolué dans les écoles. Au départ, le dealer de drogue était de l’autre côté de la rue de l’école, dans les kiosques mais aujourd’hui, ils sont à l’intérieur de l’établissement. Quand la commande de la drogue se fait par des SMS dans la classe, ça devient très inquiétant. C’est une occasion d’interpeler le monde éducatif, les enseignants, les parents et les établissements. Enfin, notre pays a choisi d’agir sur sa jeunesse pour qu’elle joue mieux son rôle dans le développement. Il faut prendre des mesures pour la protéger de la drogue.

 

Est-ce qu’au Burkina Faso, on a une reconnaissance totale du phénomène de la drogue ?

 

Il n’y a pas de société où il n’y a pas de drogue. Elle existe depuis longtemps, mais ce sont les modes de consommation qui ont changé. Les drogues classiques sont en train d’être remplacées par des drogues chimiques. En plus des drogues impactées, il y a des cultures qui se font dans les concessions dans notre pays. A partir d’internet, on peut apprendre à se fabriquer des substances psychoactives. En réalité, le phénomène est très difficile à maîtriser. Mais ce qu’on peut maîtriser, c’est notre jeunesse, ce sont nos enfants. Nous devons leur dire que la consommation de cette substance va les détruire ; s’ils ne consomment pas, ceux qui produisent n’ont plus de marché. Aujourd’hui par exemple, le cannabis est très accessible entre 200 et 500 F CFA et partout. Si on coupe la consommation de la drogue, ceux qui importent et en produisent seront obligés de fermer boutique à un moment donné.

 

En quoi une activité sportive, comme vous l’entendez organiser dans le cadre de la journée mondiale contre la drogue, peut-elle lutter contre le phénomène ?

 

Le sport est d’abord un facteur qui regroupe les humains et permet de libérer les toxines du corps et de l’esprit. Il s’agit pour nous de regrouper des gens pour passer des messages et convier toutes les couches sociales de notre pays pour dire stop à la drogue.

 

Propos recueillis par Michel NANA en collaboration avec Afroline (Italie) 


Comments
  • salut j’ai l’honneur de vous solicité votre haut bienveillance pour venir en aide notre société.j’ai developpé mes propres idées depuis il y a deux (02) ans dont je suis sur et certains que avec sa on poura lutté contre la drogue dans le milieu scolaire.je me nomme ouedraogo jacharie,élève en classe de 1ère.mon numero de telephone est 73989382.merci pour votre compréhension et je tiens a toute coeur pour pouvoir vous rencontré et partagé mon opinion sur la lutte contre la drogue et l’addiction enfin de pouvoir venir en aide a mes frères et soeurs.

    2 septembre 2016

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