TOGO : Faure sera-t-il plus fort que son peuple ?

La polémique autour de la proposition de loi de l’opposition politique, de modifier la Constitution, notamment en son aspect limitation du nombre de mandats présidentiels, fait rage au Togo. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas demain la veille que le consensus sera trouvé, surtout que la présidentielle avance à grands pas. Comme ce fut le cas au Burkina en 2005, le pouvoir togolais  évoque déjà le principe de la non-rétroactivité de la loi,  au cas où cette proposition de loi venait à passer. Une façon donc pour lui, de remettre les compteurs à zéro. Un véritable piège à con tendu à l’opposition qui mesure le long chemin à parcourir pour une véritable démocratie au Togo.

On peut donc dire que la majorité présidentielle s’emploie à retourner l’arme de l’opposition contre elle. Elle veut que la Constitution limite le nombre de mandats présidentiels ; eh bien, cela aura son prix !

En proposant des réformes, l’opposition était loin de s’imaginer que Faure Gnassingbé avait plus d’un tour dans  son sac.  En posant comme condition la possibilité de briguer de nouveau la magistrature suprême, le prince togolais prend à contrepied l’opposition.  Comment y fera-t-elle face ?

Le moins que l’on puisse dire en tout cas, c’est que les dictateurs sont  décidément rusés ! Ils sont prêts à tout  lorsque leur fauteuil est menacé.

Reste que cet attachement au pouvoir pose un véritable problème d’éthique  politique; ce qui est bon pour soi, n’est pas bon pour les autres ! Ils ne le méritent pas. Un véritable problème d’éthique, parce que Gnassingbé père et fils comptabilisent à eux seuls, plus de 50 ans de gestion du pouvoir d’Etat.

Il est temps de se préparer une sortie honorable

Après que Gnassingbé père eut taillé la Constitution togolaise à sa mesure, c’est  au tour du fils de poursuivre la sordide besogne contre la démocratie.

En tout cas, l’attitude du pouvoir togolais est condamnable. En usant de tous les artifices pour se cramponner au pouvoir,  il rame à contrecourant des règles élémentaires de la démocratie. Il fait fi des aspirations du peuple togolais au changement, fatigué d’être dirigé par la même famille durant plus d’un demi-siècle.

Il faut dire les choses  comme telles : les contestations des Togolais dans les rues de Lomé, sont l’expression de leur ras-le-bol de la dynastie Gnassingbé. Et cela,  le prince régnant feint de l’ignorer.

De toute façon, en décidant d’engager un bras de fer avec son peuple, Faure Gnassingbé fait preuve de myopie politique. Dommage que cette nouvelle génération de chefs d’Etat, qui étaient censés montrer l’exemple d’une gouvernance politique plus moderne et résolument tournée vers la démocratie,  se montrent parfois pires que leurs devanciers, les timoniers et autres pères de la nation.

Cela dit, le débat actuel au Togo ressemble étrangement à celui qu’a connu le Burkina Faso. “L’homme fort du pays des Hommes intègres“, en voulant modifier la Constitution au forceps, s’est révélé moins fort que son peuple. On connaît la suite.

De toute apparence, Faure Gnassingbé n’a pas tiré la leçon. Comme bien d’autres dictateurs du continent, il pense certainement que  ça n’arrive qu’aux autres!

Erreur !  Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il finira tôt ou tard par regretter sa tentation du pouvoir à vie.

Il n’est  pas tard pour bien faire. Il est temps de se préparer une sortie honorable.

Thierry Sami SOU