Tounée Africaine du Roi du Maroc
Quand le Sud s’intéresse au Sud
Le roi du Maroc a déposé ses valises, hier lundi 24 février, sur les bords de la lagune Ebrié. Pour rappel, le souverain chérifien a entamé une tournée africaine qui devait le conduire au Mali, au Gabon, en Guinée, puis en Côte d’Ivoire. Cette tournée du roi Mohamed VI dans la partie ouest de notre continent, survient à un moment où le Maroc a entrepris une véritable offensive économique en direction de quelques pays de l’Afrique subsaharienne dont les économies connaissent, depuis un certain temps, une courbe ascendante. C’est donc une opération de charme que Mohamed VI lance en direction de ces pays à qui le Maroc pourrait proposer son savoir-faire dans certains secteurs tels celui des télécommunications, le bâtiment et les travaux publics (BTP) et l’Agriculture. Cette visite participe donc d’une stratégie visant à faire du royaume du Maroc, le principal investisseur en Afrique subsaharienne.
Le contenu de la visite royale s’inscrit en droite ligne de la recherche de débouchés pour l’économie marocaine
Dans le même temps, on ne, doit pas perdre de vue la dimension diplomatique qui entoure le voyage de Mohamed VI. En effet, ce déplacement du souverain marocain a lieu à un moment où le continent noir traverse une sorte de crise de leadership, où aucune personnalité n’arrive à combler le vide laissé par la disparition du Colonel Mouammar Kadhafi. Et dans ce sens, la décision prise par Mohamed VI de régulariser la situation de la plupart des étrangers en situation irrégulière au Maroc, vient confirmer, si besoin en était encore, la dimension amicale et humanitaire de la politique marocaine envers les ressortissants des pays subsahariens. Laquelle dimension amicale devrait jouer en faveur d’un leadership politique du Maroc sur le continent.
Pour revenir à l’étape de Côte d’Ivoire, le contenu de la visite royale est clair et s’inscrit en droite ligne de la recherche de débouchés pour l’économie marocaine. En effet, avec près de 22 millions de consommateurs, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui la première économie de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, (UEMOA). La seule tache de cette visite viendra malheureusement du fait que Mohamed VI ne sera pas reçu par le président Alassane Dramane Ouattara, absent du pays pour raison de santé. On sait que les deux hommes s’apprécient mutuellement, et cette visite du roi en Côte d’Ivoire, deuxième du genre, devait permettre aux deux hommes politiques de confirmer l’excellence de leurs relations.
Ce renforcement de la coopération s’inscrit dans une approche de partenariat gagnant-gagnant
Qu’à cela ne tienne, le roi et la forte délégation d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires qui l’accompagnent rencontreront le patronat ivoirien et l’ensemble des animateurs de la vie économique de ce pays. Le maintien de ce voyage malgré l’absence de ADO, démontre suffisamment à quel point la mise en œuvre de la politique économique en Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara, est gérée par une équipe dynamique et avertie, instruite de tous ses aspects substantiels. Cela ne peut que rassurer le prestigieux hôte quant à la qualité du partenariat entre son royaume et la Côte d’Ivoire. Cela dit, il faut quand même souligner que ce renforcement de la coopération s’inscrit dans une approche de partenariat gagnant-gagnant. Autant le Maroc a besoin de débouchés, autant la Côte d’Ivoire, tout comme les autres pays déjà visités, a besoin de l’expertise du Maroc dans bon nombre de secteurs.
Cette approche Sud-Sud dont le roi du Maroc a incontestablement fait son créneau, est bien plus utile au développement de nos économies généralement insignifiantes à l’échelle mondiale mais qui, au contact de pays dont les économies connaissent un dynamisme persuasif, peuvent se redimensionner à des proportions plus maîtrisables et donc plus porteuses. L’émergence de nos pays ne viendra pas à coup de phrases, mais par des stratégies bien pensées comme celle que le Maroc met en œuvre en direction des autres pays du Sud.
Dieudonné MAKIENI
