HomeA la uneTOURNEE DES AMBASSADEURS DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU AU SAHEL : Mission d’évaluation au simple villégiature ?  

TOURNEE DES AMBASSADEURS DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU AU SAHEL : Mission d’évaluation au simple villégiature ?  


 

Ouagadougou, la capitale burkinabè, a déroulé le tapis rouge, le 22 octobre dernier, pour accueillir une mission du Conseil de sécurité des Nations unies. Avant le pays des Hommes intègres, les diplomates onusiens ont d’abord déposé leurs valises au Mali et en Mauritanie. L’objectif de cette mini-tournée au Sahel de l’instance la plus prestigieuse de l’ONU, est d’évaluer les avancées  et besoins  pour l’opérationnalisation du G5 Sahel. Il s’agit aussi de pouvoir faire une estimation de la meilleure façon pour l’ONU, d’aider cette force à atteindre les objectifs pour lesquels elle a été conçue. A priori, cette initiative du Conseil de sécurité n’est pas une mauvaise chose. Car, elle peut permettre de toucher du doigt les choses telles qu’elles se présentent sur le terrain. Et une évaluation digne de ce nom,  ne peut s’offrir le luxe de faire abstraction de cela. Alors que les diplomates venus du palais de verre de New-York se livraient à leur exercice d’évaluation des  avancées  et besoins de l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel, les terroristes, comme s’ils voulaient leur souhaiter la bienvenue, se sont signalés au Niger par une attaque qui a laissé sur le carreau au moins 13 gendarmes.

Si avancée il y a, c’est certainement dans le discours

Et ce n’est pas la première fois que cette partie frontalière du Niger avec le Mali reçoit la visite de ces ingénieurs du mal. Rien qu’en début octobre dernier, ils y avaient sévi en tuant à la fois des soldats nigériens et 4 éléments des forces spéciales américaines. Ces tueries à répétition et au même endroit, apportent en partie, peut-on dire, des éléments de réponse à la mission onusienne quant aux avancées de l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel. Si avancée il y a, c’est certainement dans le discours. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Et la preuve vient d’être apportée à chaud par les terroristes à la mission onusienne. De ce point de vue, l’on peut estimer que celle-ci n’a pas besoin de tergiverser pour aboutir à la conclusion que l’heure est grave au Sahel et que le temps de l’action forte et concertée est venu, pour peu que l’on veuille véritablement aider le Sahel à sortir la tête de l’eau. A quelque chose donc malheur est bon, peut-on dire, tout en ayant une pensée pour les gendarmes nigériens qui viennent d’être fauchés par les balles assassines des terroristes. Pour dire les choses sans euphémisme, la Force du G5 sahel demeure une vue de l’esprit. Et cela, de toute évidence, est pain bénit pour la kyrielle de terroristes dont l’objectif affiché est de transformer le sahel africain en une zone d’expérimentation de leur funeste projet de société. Et au rythme où vont les choses, si rien n’est fait concrètement par l’ONU, ici et maintenant, cet objectif a de fortes chances d’être atteint. L’on est enclin d’autant plus à partager ce pessimisme que l’on peut avoir le sentiment que la paix au Sahel est le cadet des soucis des Occidentaux, à commencer par les Etats-Unis et leurs alliés inconditionnels, les Anglais. Dans ces conditions, l’on peut se demander ce que peut bien faire la France, elle qui semble véritablement le seul pays membre permanent du Conseil de sécurité à se préoccuper du sort du Sahel africain. A cette question, l’on peut malheureusement répondre par ceci. « Nos ancêtres les Gaulois ont peut- être la volonté de bien faire le ménage au Sahel, mais ils n’en ont pas les moyens ». C’est pour cette raison d’ailleurs qu’ils se démènent comme de beaux diables pour faire porter le fardeau au Conseil de sécurité de l’ONU.

Tant que les Américains seront dans cette posture, les choses ne bougeront pas dans le bon sens

Déjà, les Français ont du mal à supporter à eux seuls le coût de l’opération Barkhane. De ce point de vue, l’on peut affirmer que la France accuse déjà des signes d’essoufflement au point qu’elle n’a ni les moyens financiers  ni les moyens logistiques pour voler au secours du G5 sahel. Il lui reste comme alternative, de tout mettre en œuvre pour vendre la bagarre aux Etats-Unis. Et cette mini-tournée des diplomates du Conseil de sécurité des Nations-Unies dans le Sahel  répond plus à cette motivation qu’à autre chose. Et  une preuve supplémentaire de cela, s’il en est encore besoin, c’est que pendant que les diplomates étaient en train de fouler le sable et la latérite du sahel, Emmanuel Macron a dépêché aux Etats-Unis, son ministre en charge de la Défense. Manifestement, la France est dans une opération de séduction de l’Oncle Sam. Il reste à savoir si cette opération va porter fruit. On peut en douter. En effet, les Américains n’interviennent véritablement dans une région que si leurs intérêts géostratégiques y  sont menacés. C’est ce qui explique qu’ils dépensent sans compter pour mettre la situation sous contrôle en Afghanistan, en Syrie ou encore en Irak. Le Sahel, c’est le cadet de leurs soucis. Que la France se débrouille seule  donc avec son G5 Sahel ! Et cela d’autant plus que c’est son pré-carré. C’est en substance la lecture que l’on peut faire du refus des Etats-Unis de cracher au bassinet du G5 Sahel. Et tant que les Américains seront dans cette posture, les choses ne bougeront pas dans le bon sens au Sahel. C’est pourquoi l’on peut se poser la question de savoir si cette mini-tournée des diplomates du Conseil de sécurité dans le Sahel, est une mission d’évaluation  ou une simple villégiature. L’on peut malheureusement retenir la deuxième hypothèse. En effet, l’on n’a pas besoin de faire le déplacement au Sahel pour prendre la vraie mesure de la réalité de l’insécurité qui y prévaut. L’on n’avait pas  non plus besoin de s’y rendre pour savoir que la force du G5 relève beaucoup plus du virtuel que du concret. Et un des maux dont souffre justement l’ONU, ce sont les missions que se payent grassement  ses hauts fonctionnaires dont certaines s’apparentent parfois à des villégiatures. Et la mission d’évaluation que viennent d’effectuer au Sahel ces grands messieurs de l’ONU, pourrait en être une. Il revient aux pays concernés au premier chef par le péril terroriste de cet espace, d’en tirer toutes les conséquences et de se comporter en nations responsables, c’est-à-dire des pays qui n’ont point pas besoin de pleurnicher auprès des autres pour assurer leur défense.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment