HomeA la uneTRANSFEREMENT D’UN EX-CHEF ANTI-BALAKA A LA HAYE: L’opération de salubrité doit se poursuivre

TRANSFEREMENT D’UN EX-CHEF ANTI-BALAKA A LA HAYE: L’opération de salubrité doit se poursuivre


Il s’appelle Patrice-Edouard Ngaïssona. Son nom ne dit, a priori, pas grand-chose. Mais il fut le coordonnateur général des anti-balaka, du nom de cette milice armée d’obéissance chrétienne créée par l’ex-président centrafricain, François Bozizé dont il fut d’ailleurs le ministre des Sports. Arrêté le 12 décembre 2018, suite à un mandat d’arrêt international délivré par la Cour pénale internationale (CPI), l’ex-seigneur de guerre centrafricain a été déféré hier, 23 janvier 2019, à la Haye. Ainsi en ont décidé les autorités françaises. Pour rappel, celui qui vient de rejoindre la prison de Scheveningen est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’Ouest de la RCA, entre septembre 2013 et décembre 2014. A l’époque, estime la CPI, une « attaque généralisée et systématique a été perpétrée par les anti-balaka contre la population civile musulmane et quiconque semblait soutenir le groupe armé de l’ex-Séléka ». Patrice-Edouard Ngaïssona qui, rappelons-le, était jusqu’à son arrestation le président de la Fédération centrafricaine de football (FCF), rejoint ainsi Yekatom Rombhof à Scheveningen, du nom de cet autre chef de guerre anti-balaka, arrêté et transféré à la Haye où il est jugé pour les mêmes faits de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il s’agit là de deux grosses prises pour la juridiction internationale dirigée par Fatou Bensouda qui, on se rappelle, avait ouvert, le 24 septembre 2014, une enquête sur les violences meurtrières qui avaient, à l’époque, cours en RCA.

Les cas Yekatom et Ngaïssona feront école

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opération de salubrité doit se poursuivre. Car, en fait de criminels, il y en a aussi bien dans les rangs des anti-balaka que dans celui des ex-Séléka, qui courent encore les rues. Peut-être existe-t-il encore d’autres mandats d’arrêt émis par la CPI, non encore rendus publics. Edouard Ngaïssona, c’est peu de le dire, n’aurait pas pris le risque d’aller se pavaner en France, s’il savait le risque énorme qu’il encourait. C’est donc une lapalissade de dire que les cas Yekatom et Ngaïssona feront école en ce sens que désormais, la plupart des seigneurs de guerre centrafricains sauront où mettre les pieds, convaincus qu’ils paieront cash la moindre erreur. Et c’est tant mieux si cela peut contribuer à ramener la paix en ex-Oubangui-Chari dont les protagonistes de la crise se retrouvent aujourd’hui même 24 janvier 2019, à Khartoum, au Soudan pour des négociations. Du reste, tous ceux qui s’interrogeaient sur le choix de Khartoum pour abriter ce grand raout, ont désormais la réponse. C’est, en effet, parce que ce pays présente le moins de risques pour tous ceux qui sont visés par des sanctions internationales. En tout cas, avec l’arrestation et le transfèrement du coordonnateur des anti-balaka à la Haye et la remise, depuis mi-décembre de 1400 kalachnikov par Jean-Yves Le Drian aux forces armées centrafricaines, la France dont on dit qu’elle était en train de se faire ravir la vedette par la Russie de Vladimir Poutine, dans la gestion du dossier centrafricain, tente de reprendre la main. Et c’est peu dire !

B.O


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