HomeA la uneTRANSFORMATION DU MOUVEMENT DE BLE GOUDE EN PARTI POLITIQUE : Que veulent les jeunes patriotes  

TRANSFORMATION DU MOUVEMENT DE BLE GOUDE EN PARTI POLITIQUE : Que veulent les jeunes patriotes  


 

Le Congrès des jeunes patriotes (COJEP) est devenu, depuis samedi dernier, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples, avec pour ambition de prendre part à la vie politique nationale non pas en tant que mouvement associatif, mais en tant que parti politique.  Jadis considéré comme un mouvement qui prônait la violence, le COJEP, porté sur les fonts  baptismaux le 14 août dernier à l’issue d’un congrès, se veut un parti qui milite pour la paix. Et pour ce faire, il entend se démarquer des extrémistes du pouvoir et de l’opposition.  Ce qui est une bonne chose en soi.  On le sait bien, ce mouvement aura marqué très négativement les esprits sous l’ère Laurent Gbagbo, par ses actes de violence, de xénophobie, etc. Il aura été le mouvement par lequel le malheur s’est abattu sur les étrangers vivant en Eburnie. Si aujourd’hui, ce mouvement a compris qu’il a tant causé de torts à des gens qu’il est temps de se repentir en contribuant à promouvoir et à consolider la paix en Côte d’Ivoire, c’est tant mieux. Seulement, on se demande si après avoir semé tant de terreur, le COJEP est encore capable de véhiculer un message de paix et de fraternité. Et on a toutes les raisons d’en douter. D’abord, parce que ce nouveau parti n’entend pas s’affranchir de la tutelle de son mentor, Charles Blé Goudé, accusé de crimes contre l’humanité et transféré à la Haye en mars 2014. Bien au contraire, il a promis de travailler avec lui et de ne prendre aucune décision sans l’en aviser. Or, jusque-là, ce dernier ne s’est pas encore repenti des crimes dont on l’accuse. Loin s’en faut, il continue de tout nier en bloc.

Tout laisse penser que la transformation du COJEP en parti politique répond plus à une stratégie de survie

Ensuite, à peine s’est-il dévoilé aux Ivoiriens, que le COJEP met les pieds dans le plat. Car, tout en affirmant qu’il ne présentera pas de candidat à la présidentielle, le COJEP n’exclut pas sa participation aux élections municipales et législatives, si les conditions s’y prêtent. Et parlant de conditions, il met la barre haut, se montrant ainsi très intransigeant. C’est dire qu’au lieu de se positionner comme un faiseur de paix,  il a déjà pris partie en faveur du durcissement. Enfin, un élément non moins important qui vient renforcer le doute sur la sincérité du COJEP est son soutien exprimé à l’ancien président Laurent Gbagbo qui doit répondre devant la Cour pénale internationale (CPI), le 10 novembre prochain à la Haye, pour crimes contre l’humanité. Au total, on est en droit de se demander si la paix dont parle le COJEP n’est pas de la pure diversion. Il y a un jeu trouble dans ce retour des Jeunes patriotes sur la scène politique ivoirienne. Ils chantent la paix, mais leur cœur et leur esprit n’y sont pas. Ils sont avec les célèbres prisonniers de la Haye. En vérité, on a le sentiment que le COJEP est en quête d’une virginité politique, cherchant à faire oublier l’image du mouvement violent qui lui colle à la peau. En tout cas, tout laisse penser que la transformation du COJEP en parti politique répond plus à une stratégie de survie qu’à une volonté de faire la paix. Et de toute évidence, avec ce nouveau statut, le COJEP se positionne comme un adversaire politique d’Alassane Ouattara. Et tout acte que ce dernier viendrait à poser contre les pro-Gbagbo, notamment les Jeunes patriotes, serait désormais considéré par ceux-ci comme un châtiment politique. C’est dire qu’ADO ne devrait pas vite se réjouir de l’entrée sur la scène politique ivoirienne de ce nouveau parti, même s’il a besoin d’adversaires pour lustrer sa très probable victoire électorale. D’autant que le COJEP est une œuvre de Blé Goudé. Faut-il le souligner, la libération de Gbagbo que son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), posait comme condition pour aller aux élections, ne semble plus d’actualité à cause des querelles de chiffonniers qui, du reste, ont conduit à la scission du parti. Sauf cataclysme, les deux camps du FPI iront aux élections, sans que l’enfant terrible de Mama ne soit relaxé. Face à cette nouvelle donne, il faut bien changer le fusil d’épaule. Ce qui pourrait expliquer la transformation du COJEP en parti politique, pour permettre aux Jeunes patriotes de poursuivre le combat. Car, on imagine difficilement la CPI relaxer Gbagbo avec toutes les preuves dont elle dit disposer contre lui. Le fait que le COJEP soit une création de Blé Goudé est peut-être ce qui explique l’absence des deux camps du FPI au congrès du COJEP.

Dabadi ZOUMBARA


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