HomeA la uneTRANSITION AU BURKINA :Quand les bourreaux veulent s’asseoir à la même table que leurs victimes

TRANSITION AU BURKINA :Quand les bourreaux veulent s’asseoir à la même table que leurs victimes


On a frôlé le pire. C’est le moins que l’on puisse dire avec ce qui s’est passé le 5 novembre dernier à l’hôtel Laïco où les émissaires de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), à savoir John Dramani Mahama du Ghana, Goodluck Jonathan du Nigeria et Macky Sall du Sénégal, ont reçu,  tour à tour, les différentes composantes de la nation burkinabè. En effet, quelle ne fut pas la surprise des représentants de l’opposition politique et des organisations de la société civile quand, entre-temps, elles ont vu prendre place autour de la même table, une délégation de ceux-là qui, il y a une semaine seulement, étaient de la majorité présidentielle parce qu’élus démocratiquement ? Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de l’opposition politique et des organisations de la société civile qui, illico presto, ont demandé aux missi dominici de la CEDEAO de prendre leurs responsabilités, faute de quoi, les concertations tourneraient court. Ce qui fut fait, puisque les représentants de l’ex-majorité ont été sommés de quitter les lieux, au risque de s’exposer à la vindicte du peuple burkinabè qui en a toujours gros sur le cœur. En pareilles situations, il n’y a qu’une seule option qui s’offre aux personnes concernées, qui consiste à se soumettre à la volonté de leurs vis-à-vis, la peur ayant complètement changé de camp.

Toutefois, on est tenté de croire que si les bonzes de l’ex-majorité présidentielle ont pu s’afficher publiquement et se fendre régulièrement de communiqués jugés provocateurs par  bien des Burkinabè, c’est qu’ils ont  reçu une certaine assurance. De la part de qui ? On ne saurait le dire. Toujours est-il qu’il y a quelque chose d’indécent dans l’attitude de ces has been. Comment au moment où les cadavres sont encore frais et les décombres toujours fumants, des bourreaux peuvent-ils pousser l’outrecuidance   au point de vouloir partager la même table que leurs victimes ? Cela est inadmissible et inconcevable quand on sait que cette tragi-comédie se joue quelques heures seulement après la chute d’un régime qui était loin d’imaginer qu’il allait s’effondrer un jour comme un château de cartes.  Il y a donc lieu que l’ex-majorité fasse profil bas, pour ne pas raviver les tensions et s’attirer davantage la furie d’un peuple qui n’entend plus se laisser conter fleurette.

 

Il ne faut pas donner la communion à des gens qui n’ont pas encore fait leur confession

 

Certes, en demandant pardon au peuple burkinabè pour les erreurs commises,   l’ex-majorité reconnaît sa responsabilité (est-elle sincère ?) dans ce qui est arrivé au Burkina, mais elle doit comprendre qu’on ne peut pas se relever d’un rejet populaire comme si l’on se relevait d’une maladie où généralement on bénéficie de plus d’empathie.

D’ailleurs, pour quelle raison le CDP et compagnie tiennent-ils à participer à un gouvernement de transition après la sévère sanction populaire infligée à leur champion ? Au nom de quoi, le CDP qui a été vomi par le peuple va-t-il se permettre de proposer des noms pour le choix d’un président de transition ? Si ce n’est une tentative de récupération de la révolution, ça y ressemble fort ; d’où la nécessité pour l’opposition politique et la société civile de se montrer très vigilantes. Car, on le sait, quand l’on ne parvient pas à entrer dans une maison par la porte, on tente par tous les moyens d’ y pénétrer, même par la fenêtre. Cela dit, il ne faut pas, dans le contexte actuel du Burkina, se permettre de donner la communion à des gens qui n’ont pas encore fait leur confession. Demander pardon est un acte de contrition qui se distingue de la confession qui est un acte de foi où le pécheur reconnaît lui-même avoir fait ceci ou cela. On attend donc de l’ex-majorité qu’elle reconnaisse avoir brûlé le Burkina et tué des dizaines de Burkinabè.  

 

Boundi OUOBA


Comments
  • On profitera également pour recevoir la confession des exécutions de Somé Yorian Gabriel, des Fidèle Guébré, des Nézien, des Didiers, de l’incendie de l’observateur, des exécutions de Norbert, de Clément, de Ouédraogo Amadou, des Attentats contre Tall, de la rencontre le 18 Septembre 1989 à la Commune de Nongremasse, des exécutions le lendemain des Lingani et Henri Zongo etc. Ensuite nous pourrions également évaluer la valeur du Bouc émissaire (Blaise Compaoré) chargé de tous les péchés d’Is…pour calmer la population, s’absoudre, avoir bonne conscience, se faire oublier en confisquant la victoire des sans culottes, pour revenir au statut-quo ante dans «le concert des Nations». Amen

    6 novembre 2014
  • Bravo au peuple burkinabè! les dignitaires du CDP, de l’ADF/RDA et du Front républicain devront être fichés et exclus de la vie politique quand la Constitution sera rétablie. Leur acte constitue une trahison contre la Patrie et une atteinte à la Constitution.

    7 novembre 2014
  • Bien dit. Surtout GNO et son “laquais” zakaria tiemtoré. Ils ont déçu bien de jeunes qui voyaient en eux des exemples. Pourquoi avoir compromis votre avenir politique malgré les conseils (gratis) et les mises en garde? C’est bien décevant de votre part! Triste même!!!!!!

    7 novembre 2014
  • Mr Assimi vous êtes vraiment pénible vous ,YODA et consorts .Si vous étiez des vrais hommes politiques vous auriez convoqué le SEN ou plutôt le BPN pour présenter la démission de tout le SEN .Ensuite le BPN aurait mis en place un bureau provisoire avec des personnes contre qui l’opinion n’a pas de griefs majeurs qui approcheront méthodiquement le CFOP et les nouvelles autorités, la société civile pour négocier l’entrée du CDP dans le processus de dialogue Comment pouvez vous être aveuglés à ce point pour ne pas comprendre que votre groupe qui a conduit le Blaiso à cette bêtise et le pays à cette situation est totalement disqualifié Si on avait lynché la délégation à l’hôtel vous l’auriez chercher

    7 novembre 2014
    • Je partage tout à fait votre opinion Mr Borongo.
      Mais voyez vous, ces gens ne sont pas des hommes politiques. Ils vivent de la douleur des autres. Vous avez vu leur sortie pour demander pardon? C’est comme s’il n y avait pas eu mort d’homme. C’est très grave pour des gens qui disent conduire un pays vers le Progrès…Les instances du CDP devraient être dissoutes et renouvelées, suivi d’ une approche humble et prudente du peuple avant toute idée de participation à la gestion de la Nation. Mais ces gens sont arrogants, trop arroghants hélas.

      7 novembre 2014
  • NOUS EXIGEONS DE LA CÔTE D’IVOIRE L’EXTRADITION DE BLAISE. Il faut que l’ambassadeur de CI au Faso transmette le message à son Président. Nous avons près de 6 millions de nos compatriotes en CI et ce n’est pas bon pour monsieur Alassane de défier notre peuple par des déclarations indécentes. Il a choisi d’être l’ami de Blaise, ça c’est son problème. Mais il doit savoir que son ami Blaise a commis trop de crimes économiques et de sang au Burkina et dans la sous-région. Il doit nous rendre des compte.
    Ce comportement des tripatouilleurs du CDP et de l’ADF/RDA est une conséquence du louvoiement de la CEDEAO. Notre Peuple sait ce qu’il veut et n’a eu besoin de personne pour chasser son Dictateur Blaise. Au contraire, certains présidents de cette même CEDEAO ont même mis des bâtons dans nos roues, comme par exemple Macky SALL du Sénégal qui ne s’est pas gêné d’appuyer un autre mandat pour le Blaise le dictateur. Je souhaite vivement que ce président soit récusé par les forces vives du Burkina car il a clairement montré de quel camp il est. il s’est disqualifié pour quelque médiation qu’elle soit au Burkina.

    7 novembre 2014
  • C’est simplement dommage; un peu d’humilité et de bon sens messieurs.

    7 novembre 2014
  • d’accord avec vous. ces gens ne ressente aucun remord et nous nargue avec surement la bénédiction du Lieutenant colonel. celui-ci doit comprendre que cette ex majorité n’a plus personne derrière elle. elle ne représente plus rien, ni en milieu urbain ni en milieu rural. ne piégez pas notre transition. l’ex majorité n’a rien à proposer qui puisse aider à avancer. je suis profondément frustré. ne cherchons pas à sauver un parti qui ne l’a jamais été et qui n’était qu’un machin.

    7 novembre 2014
  • Tout a fait d’accord avec vous monsieur Ouoba. Ce qui m’a surtout plu, c’est que la vive protestation a eu lieu en présence des chefs d’état qui ont mesuré à sa juste valeur la gravité de leur erreur. Eux aussi n’ont pas encore compris qu’à partir de maintenant, le pouvoir est au peuple.

    7 novembre 2014
  • Les Alain Yoda et consort ont eu la chance que Anta et sa brigade de croquantes munies de spatules n’étaient pas à côte. Quand on m’a appelée pour me dire que les gus avaient pointé leur nez à l’Hôtel, j’ai envoyé des SMS à mes croquantes qui commençaient à rallier l’hôtel Laïco avec des spatules fraîchement sorties de la marmite de tô. Heureusement que les députés flibustiers ont filé sans demander leurs restes.Il y aurait à ce jour, quatre “bakari” morts au grand dam de certaines maîtresses en chaleur.

    7 novembre 2014
  • On leur permet uniquement de participer aux prochaines élections. La gestion de la transition revient aux revolutionnaires du 30 Oct et rien de plus. Il faut que le Lt-colonel ZIDA sache qu’on aurait enterré ces gens vivants s’ils étaient appréhendés le 30 Octobre. Donc oublions ces partis pour l’instant

    7 novembre 2014
  • Le pardon ne sera pas aussi facile que cela. Ceux qui ont été à l’origine de la colère doivent s’éclipser pour un temps de la politique. S’il y a des militants CDP qui sont de bonne foi et qui pensent qu’ils y sont pour convictions politiques, qu’ils se signalent et ont verra. Pour ma part, ce parti n’a pas perdu totalement ses capacités de nuisances, donc…..

    7 novembre 2014
  • On doit se garder de remplacer une dictature par une dictature. La révolution du 30 octobre au Faso est une révolution populaire. Elle doit impliquer tous les bourkinabés pour plus de démocratie au Burkina. Une transition non exclusive est à mener pour aboutir à une élection démocratique.

    7 novembre 2014
  • bravo au peuple burkinabé……

    8 novembre 2014

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