HomeLignes de mireTRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS AU SENEGAL :Pour une bonne gouvernance, l’Afrique doit intégrer la culture de l’audit

TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS AU SENEGAL :Pour une bonne gouvernance, l’Afrique doit intégrer la culture de l’audit


Au Sénégal, l’affaire Karim Wade commence à faire des vagues. Les rapports de l’Inspection générale d’Etat (IGE) viennent de révéler une liste de personnes que la Justice sénégalaise demande à entendre, dans le cadre de cette affaire d’enrichissement illicite. Avant hier, 11 août 2014, c’est le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, qui a été invité à justifier devant cette cour, une fortune estimée à 5 milliards de francs CFA.

 

Abdoulaye Baldé crie à la chasse aux sorcières

 

Maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé a surtout été un proche collaborateur de Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, et qui tente, en ce moment, de justifier devant la même cour, un patrimoine que les inspecteurs du trésor sénégalais estiment à plus de 600 milliards de nos francs. Il faut rappeler que le maire de Ziguinchor n’a pas été qu’un proche collaborateur de Karim Wade. Il a aussi occupé le portefeuille très convoité de ministre des Mines et de l’énergie, avant d’être nommé à la tête de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI), toujours aux côtés de Karim Wade.

L’Inspection générale d’Etat met en cause la gestion de cette agence qui, on le sait, a brassé « énormément de fonds pour la réalisation d’infrastructures routières et hôtelières ». Mais Abdoulaye Baldé, de son côté, crie plutôt à la chasse aux sorcières. Pour lui, cette opération n’est ni plus ni moins qu’une machination politique montée de toutes pièces par le pouvoir de Macky Sall, qui vise à nuire à sa carrière politique. Un argument trop facile, qui risque de ne pas tenir la route devant les rapports des inspecteurs qui évoquent, quant à eux, « plusieurs dépassements budgétaires, un manque de traçabilité, et un retard dans la reddition des comptes. » Il faut rappeler d’ailleurs que Karim Wade avait lui-même adopté la même ligne de défense qui s’est avérée plutôt inefficace pour émouvoir la cour de répression de l’enrichissement illicite.

 

Quand on n’a rien à se reprocher, on ne tremble pas devant la justice

 

Abdoulaye Baldé a occupé de hautes responsabilités et géré d’énormes fonds de l’Etat sénégalais. Rien qu’à ce titre, le régime de Macky Sall est bien dans son droit de lui demander des comptes sur sa gestion. La Justice sénégalaise est donc tout a fait dans son rôle. De quoi donc a peur le maire de Ziguinchor ? Evoquer une chasse aux sorcières avant d’avoir été entendu, est plutôt de nature à renforcer les soupçons d’enrichissement illicite. Dans tous les cas, quand on n’a vraiment rien à se reprocher, on ne tremble pas devant la justice, et moins encore pour un audit.

Quant au régime de Macky Sall, on ne peut pas lui reprocher de demander un audit sur la gestion du régime précédent, afin de situer les différents niveaux de responsabilité dans la dilapidation de l’argent du contribuable sénégalais. Il faut d’ailleurs que les gouvernants africains intègrent cette notion de redevabilité dans leur gouvernance. C’est la seule façon de tendre vers une gouvernance vertueuse, aussi bien du point de vue politique qu’économique.

Abdoulaye Baldé est d’ailleurs bien placé pour le savoir, dans la mesure où l’équipe de Wade dont il a fait partie a, en son temps, appliqué le même traitement au régime auquel elle a succédé.

 

Dieudonné MAKIENI


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