HomeA la uneTREVE ENTRE CMA ET GATIA ET RETOUR DU GOUVERNEUR A KIDAL : Pour combien de temps ?

TREVE ENTRE CMA ET GATIA ET RETOUR DU GOUVERNEUR A KIDAL : Pour combien de temps ?


Après le retrait du projet de référendum par le pouvoir malien, voici deux autres bonnes nouvelles qui, traduites dans les actes, pourraient contribuer à faire bouger les lignes dans le sens de la paix. La première de ces deux bonnes nouvelles est la suivante. La CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad et le Gatia (Groupe armé des Touaregs de la tribu des imghades et alliés) acceptent d’observer une trêve. Concrètement, les deux groupes touaregs rivaux sont disposés à fumer le calumet de la paix et à geler de chaque côté leurs positions. La deuxième bonne nouvelle a trait à l’annonce du retour à Kidal du gouverneur Sidi Mohamed Ag Icharach. Ce retour annoncé, est une heureuse tournure des choses. Car, il y a encore deux semaines, les maîtres absolus de Kidal, c’est-à-dire les ex-rebelles de la CMA, ne voulaient pas en entendre parler. Ils étaient d’autant plus vent debout contre cette éventualité que le gouverneur qu’ils avaient chassé de leur fief comme un malpropre, n’avait pas reçu leur onction.

Le retour du gouverneur à Kidal représente un grand symbole

Tout le monde a donc les yeux rivés sur Kidal, dans l’attente de voir le gouverneur en fouler le sol. En tout cas, l’espoir est permis et ce, pour deux raisons. La première est que ce sont ceux qui se sont rendus maîtres de Kidal à coups de kalachnikovs, qui ont annoncé la nouvelle. La deuxième raison qui permet d’être optimiste est que le principal concerné lui-même,
a confirmé la nouvelle. Au cas où les choses se passeraient normalement, et c’est tout le mal que l’on souhaite au Mali, tous les compatriotes d’IBK (Ibrahim Boubacar Kéita), surtout ceux d’entre eux qui sont épris de paix, ne résisteraient pas à la tentation de pousser un ouf tonitruant et légitime de soulagement. Car, le retour du gouverneur à Kidal, loin d’être anecdotique, représente un grand symbole, celui du début du come back de l’Etat malien à Kidal. Et ils sont nombreux les Maliens dont on sait que la plupart n’ont jamais digéré le fait de voir Kidal administrée comme un Etat dans l’Etat, qui exulteront. D’ailleurs, c’est ce statut pratiquement d’Etat indépendant de cette localité qui avait alimenté, entre autres, la colère de l’opposition et des organisations de la société civile contre le projet de référendum de Ibrahim Boubacar Kéita. Et il faut avoir le courage de dire qu’ils n’avaient pas tort d’adopter une telle posture. Car, les faits sont têtus. L’Etat malien était loin d’exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Le prérequis donc de l’organisation d’une consultation de l’ensemble des populations sur des sujets d’intérêt national, n’était pas réuni. En accédant par conséquent à la requête de l’opposition, IBK a fait preuve de réalisme voire de sagesse. Et cela, nous l’avons déjà dit et souligné. L’autre bonne nouvelle est relative à la trêve entre la CMA et le Gatia. En effet, après des discussions, les ex-rebelles de la CMA et le Gatia se sont engagés à ne plus faire parler les armes. Et comme si les frères ennemis voulaient donner plus de chances à l’installation d’un climat de confiance et de sérénité, ils se sont engagés à geler de chaque côté les positions.

On peut être sceptique quant à la bonne foi de la CMA et du Gatia

Toutes ces annonces sont des signes encourageants. Car, la pacification du Nord-Mali passe manifestement par-là. Tant que la CMA et le Gatia ne vont pas cesser d’être permanemment sur le pied de guerre, il n’est pas permis un seul instant de rêver à la fin des assauts répétés des terroristes contre le septentrion malien. Cela dit, et sans forcément vouloir jouer les rabat-joie, l’on peut être sceptique quant à la bonne foi de la CMA et du Gatia de mettre en application leurs engagements. Plusieurs raisons pourraient alimenter ce pessimisme. Premièrement, des engagements de ce genre, on en a déjà vu de par le passé. Seulement, tous se rejoignent sur le fait qu’ils n’ont jamais été respectés. Il est arrivé parfois que certains ont été violés alors que l’encre qui avait servi à les signer n’avait pas encore séché. L’engagement le plus récent qui a connu ce sort est le cessez-le-feu que les deux parties avaient signé et qui avait volé en éclats, on se rappelle, en fin juillet. La deuxième raison est liée au fait que les deux groupes rivaux se vouent une haine cordiale depuis la nuit des temps. Et il faut plus qu’une annonce pour évacuer cette fracture intercommunautaire séculaire. D’ailleurs, à bien observer les choses, l’on peut dire que le Gatia a signé la trêve parce qu’il n’avait pas, peut-on dire, le choix. En effet, la dernière bataille pour le contrôle de Kidal a apporté la preuve qu’en matière de puissance de feu, il n’ y a pas photo entre la CMA et lui. De ce point de vue, le Gatia a été obligé de capituler. Et rien ne dit qu’il ne va pas profiter de la trêve pour se faire de nouvelles forces à l’effet de parvenir à un équilibre de la terreur. Enfin, l’on peut avoir l’impression que la CMA, désormais unique maître de Kidal, a accepté le retour du gouverneur dans son bastion pour juste en faire un personnage désincarné, une sorte de pantin qu’il pourrait manipuler à sa guise. Le jour où le gouverneur va se rebiffer, il sera de nouveau expédié de Kidal comme un colis à l’envoyeur. Pour toutes ces raisons, l’on peut bien se poser la question de savoir pour combien de temps ces annonces, même si elles étaient traduites en actes concrets, vont tenir. Cette question est d’autant plus pertinente que tout est mouvant dans cette partie du Mali, à l’image du sable de ce désert.

« Le Pays »


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