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TSHISEKEDI AU SOMMET DE L’UA


 Contesté hier, adoubé aujourd’hui

Le 32e sommet de l’Union africaine (UA) est marqué par deux faits majeurs. Le premier est la passation de charges entre Paul Kagamé et Abdel Fatah al Sissi. En matière de respect des droits humains et de promotion de la démocratie, l’on peut dire que l’UA a fait dans la continuité, puisque ces deux personnalités sont connues pour être des antidémocrates et des prédateurs de haut vol des droits humains dans leurs pays respectifs. Le fait donc que l’Egyptien succède au Rwandais, rassure en premier lieu tous les dictateurs et autres présidents qui sont parvenus au pouvoir par des moyens dont seul le Gondwana a le secret.

On peut comprendre pourquoi les uns et les autres se sont départis de leur posture de gardien du « dogme de la démocratie », pour se contenter de la démocratie trempée à la sauce bantou

Et la participation de ce dernier constitue justement le deuxième fait marquant du sommet. Et c’est en président débarrassé du complexe d’avoir été mal élu et fier d’être le premier opposant à réaliser l’alternance politique en RDC, que ce dernier a foulé le sol de la capitale de l’Afrique, c’est-à-dire Addis Abeba. En tout cas, c’est cette impression qui est ressortie de son discours, le 10 février dernier. Et tout le monde aura travaillé à le conforter dans cette position. Au plan extérieur, Félix Tshisékédi a réussi le tour de force de mettre pratiquement tout le monde dans sa besace, pour parler comme les Africains. En effet, tous les pays et autres institutions qui ne comptent pas pour du beurre dans ce monde et qui avaient plus ou moins émis des doutes sérieux sur son élection, ont fini par se dégonfler comme un ballon de baudruche. Mieux, ils se sont rendus pratiquement coupables d’abjuration au point que certains ont vite fait de saluer son avènement au pouvoir et de lui adresser publiquement leurs félicitations pour ne pas dire leurs soutiens. C’est le cas de l’Union européenne (UE). C’est également le cas de l’UA (Union africaine).  Et le président de la Commission de cette structure, lors de son discours d’ouverture du conseil exécutif, n’a pas eu besoin de s’abriter derrière des circonlocutions pour dire que son institution est satisfaite du « bon déroulement des élections en République démocratique du Congo ». Pour une véritable pirouette diplomatique, c’en est une. L’on peut être sidéré par ce changement subit de position des uns et des autres car tout laisse croire que c’est l’hommage du vice à la vertu. Mais dans le même temps, l’on peut comprendre pourquoi les uns et les autres se sont départis de leur posture de gardien du « dogme de la démocratie », pour se contenter de la démocratie trempée à la sauce bantou. La réponse coule de source. Car la RDC, on le sait, est un scandale géologique. Et personne n’est disposé à cracher sur ses diamants, ses émeraudes et autres minerais. Cette logique fondée sur les intérêts, passe de loin avant la logique des valeurs. C’est d’ailleurs pour cette raison essentielle que Joseph Kabila, nonobstant ses basses œuvres en matière de gouvernance politique et économique, n’a jamais été totalement lâché par certaines grandes nations dites démocratiques.

Il suffit que Félix Tshisékédi fasse la promesse ferme d’accorder des permis d’exploitation minière, à ceux qui, hier, avaient la dent dure contre lui, pour qu’ils changent, comme par magie, leur sentiment à son égard

En réalité, derrière les croisades menées par la fameuse communauté internationale au nom de la démocratie, se cache la course effrénée  au contrôle des richesses des pays mis à l’index. Et ce qui se passe aujourd’hui au Venezuela, en est une illustration parfaite. Et il suffit que Félix Tshisékédi fasse la promesse ferme d’accorder des permis d’exploitation minière, à ceux qui, hier, avaient la dent dure contre lui, pour qu’ils changent, comme par magie, leur sentiment à son égard. En tout cas, l’on fait le constat qu’aujourd’hui, Félix Tshisékédi est adoubé par pratiquement tout le monde alors que hier seulement, son élection était contestée par les mêmes. Cette hypocrisie manifeste des grands de ce monde, est de nature à faire réfléchir par deux fois les peuples d’ici et d’ailleurs en quête de démocratie. Dans aucun pays au monde, la démocratie ne peut être offerte sur un plateau d’argent par la communauté internationale. Seuls les peuples avertis et courageux peuvent faire reposer leur pays sur cette valeur. Martin Fayulu a appris, en tout cas, à ses dépens, qu’il ne peut compter sur l’UE encore moins sur l’UA pour faire respecter la vérité des urnes dans son pays. Il lui reste à faire donc contre mauvaise fortune bon cœur. Et ce d’autant plus que celui qu’il considère comme imposteur, c’est-à-dire Félix Tshisékédi, a été célébré par l’UA au point qu’il a été élu comme 2e vice-président du nouveau bureau mis en place par l’UA. Le message est clair. Fayulu peut aller se faire cuire un œuf. Au-delà de ce malheureux qui n’a désormais que ses yeux pour pleurer, les peuples africains doivent se convaincre davantage que l’UA est un syndicat de chefs d’Etat. Il suffit donc d’avoir seulement cette qualité, pour en être membre. La manière de devenir président importe peu. Et bien avant Tshisékédi, bien des dictateurs confortablement assis à ce 32e sommet, sont passés par des chemins tortueux pour se hisser au pouvoir. C’est pour cette raison d’ailleurs que l’UA ne peut pas prendre des mesures fortes pour la promotion de la démocratie et se donner les moyens de les appliquer. Ne dit-on pas que « la Gueule tapée ressemble à son trou » ?

« Le Pays » 


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