HomeA la uneUNE PREMIERE AU NIGERIA : L’opposition chasse un président sortant avec l’arme des urnes

UNE PREMIERE AU NIGERIA : L’opposition chasse un président sortant avec l’arme des urnes


Goodluck Jonathan joue et perd, et accepte de perdre.   C’est tout à son mérite.  Mais, d’une certaine façon, il fallait s’attendre à cet échec.  L’homme au borsalino  a en effet  réuni tous les ingrédients pour perdre cette élection présidentielle.  En plus d’avoir été lâché par les siens, il s’est très négativement illustré dans le domaine de la corruption et singulièrement dans celui de la lutte contre Boko Haram.  Son incurie dans la traque contre les sanguinaires de Abubakar Shekau,  suffit à elle seule pour que les Nigérians décident de ne pas lui renouveler leur confiance.  A contrario, son heureux challenger  Muhammadu Buhari est perçu comme l’antithèse du désormais Bad Luck. En effet, le mastodonte aux pieds d’argile qu’est le Nigeria, ne peut se relever au regard  de son profond affaissement moral et politique, que grâce à un homme comme Buhari dont la poigne et le sens de l’Etat sont reconnus par la grande majorité des Nigérians.  Ce musulman du Nord réalise  sa revanche sur le passé et sur le président sortant.   C’est la deuxième fois qu’il reprend entre les mains, les grandes manettes  de l’Etat.  Le chemin qui l’avait conduit à sa première expérience de l’Etat, fut anti-démocratique du fait des coups de feu de la soldatesque. 

Du capitole à la roche tarpéienne

Aujourd’hui,  son mode d’accès au sommet de l’Etat est exemplaire.  Une exemplarité dont le Nigeria n’est pas coutumier.  Un ancien président qui chasse un président sortant par la voie des urnes !  C’est assurément nouveau dans ce pays marqué au fer rouge par les coups d’Etat et l’instabilité qui durera jusqu’en 1979.  Goodluck Jonathan fait l’amère expérience d’un itinéraire qui l’aura conduit du capitole à la roche tarpéienne.  Toutefois, il ne doit pas en rougir. S’il accepte en vérité sa défaite, s’il se montre bon perdant et bon prince,  alors, il restera dans l’inconscient collectif nigérian,  un démocrate et un homme d’Etat.  Car, il aura évité le syndrome de 2011  qui imbiba le sol nigérian du sang de plus de 800 morts. 

En examinant à chaud les résultats de ce scrutin, une observation s’impose de prime à bord.  Ce scrutin porte la marque profonde de trois dimensions : l’ethnie, la région et la religion.   Une triple dimension qui a toute l’allure  d’un boulet aux pieds du pays de Wole Soyinka.  En effet, le musulman Buhari, quasiment, a fait le plein des voix dans le Nord musulman, tandis que Goodluck Jonathan,  le chrétien,  a quasiment régné  sur la presque totalité du sud chrétien.  Les suffrages du centre ont donc constitué l’élément déterminant de la victoire et de l’échec de l’un et de l’autre. Ces trois dimensions  (la foi, l’ethnie et la région) ont toujours caractérisé le Nigeria, et les violences mortelles qu’a toujours connues ce pays plongent profondément leurs racines dans le terreau de ce triptyque.  

Les travaux d’Hercule du Général

A présent, que va faire Buhari de sa victoire ?  Le premier défi qui s’offre à ce militaire « civilisé » est de rendre le Nigeria aux Nigérians en écrasant sous ses vieilles godasses,  la puce la plus dangereuse pour le Nigeria et pour l’Afrique de l’Ouest : Abubakar Shekau  et ses fripouilles droguées. Ensuite,  le nouveau président doit relever l’économie de ce gigantesque pays de sa posture de déshérence.  Comme on le voit, ces deux défis sont pour le  moins majeurs et constituent à eux seuls, de véritables travaux d’Hercule pour le général de soixante-douze ans qui ne connaîtra sans doute pas les petits et savoureux plaisirs de la retraite.

 

« Le Pays »


Comments
  • Au Nigeria vient de connaitre une élection biométrique, les résultats ne souffrent d’aucune contestation. Au Burkina a un enrôlement biométrique de façade Nous n’avions jamais cessé d’attirer l’attention des acteurs politiques que n’est une farce de parler d’élection biométrique comme la notre. Une élection biométrique se schématise de l’enrôlement aux élections, et mieux, la seule emprunte permet d’avoir l’identité de l’électeur, non l’identité qui révèle les empruntes et pire au Burkina le jour des élections, les acteurs des élections ne disposent qu’un fichier sur papier ou une minuscule photo noir blanc y est apogée.
    Félicitations au peuple du Nigeria, félicitations au Général et espérons tous qu’il rendra plausible des promesses électoralistes à la dimension des attentes de tout un continent.

    1 avril 2015

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