HomeA la uneVELLEITES DE TRIPATOUILLAGE DE LA LOI FONDAMENTALE DANS LES DEUX CONGO: Le dialogue, ruse de guerre de Kabila et Sassou

VELLEITES DE TRIPATOUILLAGE DE LA LOI FONDAMENTALE DANS LES DEUX CONGO: Le dialogue, ruse de guerre de Kabila et Sassou


Les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Joseph Kabila de la République démocratique du Congo (RDC) sont-ils vraiment influencés par l’actualité burundaise? On a bien envie de répondre par la négative. Car, en dépit des macchabées et des déplacés que le Burundi ne cesse d’enregistrer, à cause de la seule volonté de son président, Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat auquel il n’a pas droit, les deux frères, Sassou et Kabila, ne semblent pas prêts à renoncer à leur funeste projet de prolonger leur bail à la tête de l’Etat. Loin s’en faut. Ils continuent à ruser. A Kinshasa comme à Brazzaville, il est question d’organisation de dialogue national. Les oppositions de ces deux pays qui ne sont pas dupes, ont vite perçu le danger. Ce dialogue national cache mal les intentions des deux pouvoirs congolais de modifier la loi fondamentale de leurs pays respectifs, pour permettre à leur champion de régner ad vitam aeternam. Pas plus tard que le 30 juin dernier, le président Denis Sassou Nguesso a annoncé la tenue d’un dialogue national, du 11 au 15 juillet 2015, pour discuter de l’organisation de la présidentielle de 2016 dont il est exclu, selon la Constitution congolaise. Et pendant que ce dernier fait des pieds et des mains dans l’espoir de parvenir à ses fins, c’est-à-dire demeurer encore au pouvoir, son homologue de l’autre côté de la rive et ses affidés, sont aussi à la manœuvre.

A Brazzaville comme à Kinshasa, la stratégie du régime pour rester au pouvoir, c’est d’instaurer un dialogue national

C’est à se demander si les deux présidents aiment vraiment leur peuple. Comment peut-on voir le drame que vivent les Burundais et ne pas éprouver la moindre crainte quant aux conséquences d’un bricolage de la Constitution qui pourrait mettre son pays sens dessus-dessous, comme c’est en ce moment le cas chez Nkurunziza ? Faut-il le souligner, le Congo Brazzaville a connu une guerre civile de 1997 à 1999, qui a fortement marqué la nation congolaise. Quant au Congo Kinshasa, il traîne toujours sa triste image de pays instable au passé très agité.  Deux passés sombres qui devraient pousser les chefs d’Etat des deux Congo à bâtir une nation de paix, sur les solides fondations d’une démocratie véritable. Hélas! Au lieu de cela, ils travaillent à réunir toutes les conditions de la déflagration. Mais faut-il s’en étonner ? Assurément, non. Car ces deux hommes au passé sulfureux, ont fait le maquis. Peuvent-ils encore avoir un coeur sensible à la misère et à la souffrance humaines ? En tout cas, on peut croire que le souhait de Sassou et de Kabila est que Nkurunziza remporte le bras de fer qu’il a engagé contre son peuple. Car s’il sort vainqueur, il faudra faire le deuil de l’alternance en RDC, au Congo Brazzaville, au Rwanda. A Brazzaville tout comme à Kinshasa, la stratégie du régime pour rester encore au pouvoir, c’est d’instaurer un dialogue national. A-t-on besoin de dialoguer pour respecter une Constitution ? Non. D’ailleurs, le dialogue n’est pas une disposition constitutionnelle.

Le hic est que les oppositions africaines qui dénoncent ce genre de concertations, après avoir réalisé le piège tendu par le pouvoir, se voient bien souvent contraintes de céder à la pression de la communauté internationale. Elles se voient obligées de s’asseoir à la même table que le dictateur, sans se faire d’illusions sur les intentions du pouvoir. Et c’est là tout le drame. Et lorsque celles-ci refusent de prendre part à ce genre de dialogue, elles passent tout de suite pour des ennemis de la paix. Or, en exerçant cette forme de pression, la communauté internationale ne rend service ni aux peuples africains ni à la démocratie. Pire, elle se rend complice de coups d’Etat constitutionnels en préparation.

Dabadi ZOUMBARA


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