HomeOmbre et lumièreVENTE DE POULETS ET DE CANETTES PENDANT LA FETE PASCALE : Quand la grippe aviaire et l’affaire OBOUF plombent le marché

VENTE DE POULETS ET DE CANETTES PENDANT LA FETE PASCALE : Quand la grippe aviaire et l’affaire OBOUF plombent le marché


A l’occasion de la fête de Pâques, les plats et les boissons qui ont été servis dans les familles à Ouagadougou, à l’instar des autres villes du Burkina Faso, avaient une saveur particulière. Pour cause, la menace de la grippe aviaire et la présence de canettes avariées sur le marché. Dans les marchés de volailles et les alimentations que nous avons sillonnés hier, 6 avril 2015, la désolation se lisait sur les visages des vendeurs de poulets et des gérants d’alimentations. Si les vendeurs de poulets ne doutent aucunement de l’état de santé de leurs poulets car pour eux, la grippe aviaire ne concerne que les poulets de chair, les gérants d’alimentations, eux, appellent les populations à faire la part des choses car, « tout ce qui est canette n’est pas forcément OBOUF ».

 

La fête de Pâques a été commémorée dans une ambiance particulière à Ouagadougou. En effet, les populations, du fait de la grippe aviaire et de la présence de canettes périmées sur le marché, sont restées méfiantes vis-à-vis des volailles et des canettes qui, à l’accoutumée, étaient les plus consommées. Dans plusieurs familles, l’on a préféré consommer la viande de bovins et de caprins, voire du poisson, malgré leurs prix exorbitants que la volaille ou encore les canettes. Dans la famille Ouattara où nous nous sommes rendus dans l’après-midi du 5 avril dernier, Alima Ouattara nous a accueillis avec du « zoom-koom » et du « bissap ». Quelques minutes après que nous nous soyons installés, c’est le plat de poisson qui nous a été servi comme plat de convives. Même ambiance dans la famille Ouédraogo. « J’espère que vous aimez la viande de mouton car, contrairement à l’année précédente, nous avons préféré réserver à nos invités la viande de mouton grillée, à cause de la grippe aviaire », nous a lancé Zeynab Ouédraogo, première responsable de la cuisine. Partant de ce constat, nous avons sillonné, le lendemain (NDLR : le 6 avril dernier), quelques marchés de volailles et alimentations de la place, pour constater de visu la situation. De Nabi Yaar, à Katre-Yaar, contrairement aux années antérieures, le marché de volailles a marché au ralenti, à cause de l’épidémie de la grippe aviaire dont la présence a été annoncée par les autorités sanitaires. Toutefois, les vendeurs de volailles ne doutent aucunement de l’état de santé de leurs poulets. « L’information qu’ont diffusée les autorités sanitaires sur la grippe aviaire a consterné tous les consommateurs de volailles, car d’hier à aujourd’hui, je n’ai pas vendu plus de 100 poulets. Pourtant, les années antérieures, je vendais entre 600 et 3000 têtes de poulets. Beaucoup de consommateurs se sont rués sur le poisson et la viande de bovins et caprins », a constaté Alassane Ouédraogo, vendeur de poulets. Un triste constat qui ne traduit pas la réalité, selon Moumouni Kaboré, vendeur de poulets, pour qui la maladie de la grippe aviaire ne concerne que les poulets de chair. «Nos poulets ne sont ni des poulets OGM (NDLR : Organisme génétiquement modifié), ni des poulets métissés car depuis qu’ils ont annoncé la maladie, nous n’avons pas enregistré de mort de poulets à notre niveau. Mais beaucoup de nos clients nous ont fui», a-t-il fait savoir.

« Tout ce qui est canette n’est pas OBOUF »

Il faut que les autorités sanitaires soient plus concises dans les informations qu’elles diffusent, car la cause de la grippe aviaire n’est pas liée à nos poulets, a fulminé Assimi Sawadogo, vendeur de poulets rôtis, qui dit ne même pas croire à l’existence de la maladie sur le territoire burkinabè. « Je ne crois même pas à la maladie. Je suis dans la vente des poulets depuis plus de 3 ans. Depuis qu’ils ont annoncé la nouvelle, je manipule la viande de poulets sans soucis. Il faut qu’ils trouvent la source de leur problème ailleurs au lieu de chercher à gâter notre marché », a-t-il soutenu. Somme toute, M. Ouédraogo propose aux autorités d’éviter toujours de courir après le danger. « La plupart des poulets qui meurent sont des poulets importés. Alors, l’Etat doit mettre les moyens au niveau des frontières pour éviter toute importation de poulets OGM », a-t-il dit. Du côté des gérants d’alimentations, c’est la colère totale. « Depuis l’affaire OBOUF, je n’arrive plus à liquider mes stocks de canettes. J’ai même des canettes « Ivorio » (NDLR : marque de canettes non alcoolisées) importées de la Côte d’Ivoire qui n’ont rien à avoir avec celles que vendait OBOUF. Mais personne n’en veut », a déploré Séni Silga, propriétaire de l’alimentation « Mini Market du Faso ». Pourtant, Pâques 2014 a été fructueuse pour lui. « L’année passée, je m’étais frotté beaucoup les mains car j’avais vendu des milliers de canettes de tous genres », a-t-il confié. A la cave Kam-Naaba, Mme Abzéta Ramdé ne vend que des canettes alcoolisées « Heineken ». Elle qui croyait que l’affaire OBOUF qui a concerné uniquement des canettes non alcoolisées ne pouvait pas impacter son marché, crie sa colère en ces termes : « Cette année, il n’y a pas eu d’affluence comme l’année écoulée. Mais, on espère que les gens finiront par comprendre que tout ce qui est canette n’est pas forcément OBOUF », a-t-elle dit. Embouchant la même trompette, M. Silga souhaite que le gouvernement fasse de la communication sur les canettes pour lever le doute des consommateurs, en faisant comprendre que tout ce qui est canette n’est pas forcément OBOUF.

Mamouda TANKOANO


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