VERDICT DU PROCES DE JEAN PIERRE BEMBA : Le commandant va payer pour ses troupes
Sauf changement de dernière minute, Jean Pierre Bemba devra être situé aujourd’hui sur son sort. En effet, la Cour pénale internationale (CPI) a promis de livrer ce jour, 21 juin 2016, le verdict du procès de cet homme poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Et tout laisse croire que l’ex-commandant du mouvement pour la libération du Congo (MLC) va payer pour ses troupes. En effet, on se rappelle que les procureurs de la CPI avaient requis 25 ans de prison ferme contre l’ancien vice-président du Congo pour notamment crimes de viols commis par ses soldats sur des civils en République centrafricaine en 2002-2003. Rappelons que Jean Pierre Bemba est le troisième citoyen congolais à passer sous les fourches caudines de la CPI, après Thomas Lubanga et Germain Katanga qui avaient écopé respectivement de 14 et 12 ans de prison ferme. Et ce dernier, qui a passé déjà huit ans derrière les barreaux, pourrait voir à son tour, son séjour se prolonger dans les geôles de la Haye. Sans jouer les Cassandre, l’on peut dire que les chances de Jean Pierre Bemba d’échapper à une condamnation sont très minces. En Tabaski comme en Ramadan, on ne se pose pas la question de savoir si un mouton sera tué, mais plutôt combien de moutons seront tués. Le suspense ici, c’est le nombre d’années de prison qui sera infligé à Jean Pierre Bemba et non sa condamnation qui, à tout point de vue, semble évidente. Cet homme passe pour être l’un des plus grands seigneurs de guerre de l’Afrique centrale, et relaxer un tel individu, pourrait constituer un précédent dangereux, une lourde faute pour la CPI mais aussi et surtout un choc pour tous les hommes épris de justice. Ce d’autant plus que les atrocités des hommes de Jean Pierre Bemba auront traumatisé le peuple centrafricain, voire l’humanité tout entière. En tout cas, tout Kinshasa retient son souffle. L’on pourrait dire que la CPI a encore là, une occasion en or pour prouver davantage aux yeux de ses détracteurs, notamment les chefs d’Etat africains qui n’hésitent pas à lui tirer dessus à boulets rouges, sa raison d’être.
Joseph Kabila aurait tort de croire que l’impunité lui est garantie
Tel un loup fatigué de courir, l’ancien chef de guerre congolais n’attend plus que l’addition. Ce fils à papa qui rêvait de se reconstruire une belle carrière politique pourrait dire adieu à ses ambitions s’il écope d’une lourde peine. Mais, il l’aura mérité puisqu’il aura pris un gros risque en franchissant les frontières congolaises pour voler au secours de Ange Félix Patassé qui, il faut bien le dire, était loin d’être un démocrate. Il ne serait pas méchant de dire que Jean Pierre Bemba qui est dans l’antichambre de la déchéance, récolte ce qu’il a semé. Cela dit, c’est dommage que sa condamnation qui est plus que probable, profite au dictateur Kabila qui veut, contre vents et marées, prolonger son bail à la tête de l’Etat congolais. Il ne fait aucun doute que le prononcé de la sentence qui retentira cet après-midi dans la salle d’audiences de la CPI à l’encontre de Jean Pierre Bemba, fera rire sous cape Joseph Kabila. Puisqu’il n’aura plus à combattre sur son chemin, ce redoutable adversaire qui, autrefois, a failli lui arracher le pouvoir. Une fois de plus, on aura constaté que si Bemba s’est retrouvé nu face à la Justice, ce n’est ni du fait de la Justice congolaise ni des autres juridictions africaines mais grâce à l’implication de la Belgique. C’est pourquoi Joseph Kabila aurait tort de croire que l’impunité lui est garantie au point de vouloir massacrer son peuple pour se maintenir au pouvoir à vie. C’est dommage qu’il ne tire pas leçon de ce qui arrive à son adversaire Bemba qui aura fait preuve de naïveté en politique, en pensant que sa fortune pouvait lui permettra d’échapper à la Justice. Hélas, il a été rattrapé par son passé. Toutefois, Joseph Kabila devrait faire plus attention car, s’il persiste et signe dans ses errements, il pourrait être le quatrième client congolais de la CPI.
Dabadi ZOUMBARA
