HomeA la uneVERDICT DU PROCES DE LA TENTATIVE D’ATTAQUE DE LA MACA : 15 ans de prison ferme pour Madi Ouédraogo et deux de ses complices

VERDICT DU PROCES DE LA TENTATIVE D’ATTAQUE DE LA MACA : 15 ans de prison ferme pour Madi Ouédraogo et deux de ses complices


Le verdict du procès des soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et autres civils inculpés pour association de malfaiteurs et détention illégale d’armes à feu et de munitions est tombé hier, 18 janvier 2017.

 

Le Tribunal militaire a condamné le caporal Madi Ouédraogo à 15 ans de prison ferme ainsi que deux de ses complices, notamment le Sergent Zallé Mahamadi et Ouédraogo Cheick Alassane, le marabout. Avant le verdict rendu hier, 18 janvier 2017 aux environs de 22h, l’occasion a été offerte aux quatre derniers inculpés qui se sont présentés à la barre, de dire leurs derniers mots après la plaidoirie de leur avocat, Me Michel T. Traoré. Demandant la clémence du Tribunal, deux  des inculpés ont  préféré s’en remettre à ce que leurs avocats ont déjà dit. Il s’agit de Abdoul Aziz Yiougou et Ousmane Sawadogo. Cependant, le soldat Basilié Bado et le caporal Madi Ouédraogo  n’ont pas été avares en paroles. Le premier est revenu sur leurs matériels perdus au camp Naaba Koom II après la dissolution de leur corps. « Nous allons dresser la liste de nos matériels pour venir la remettre au commissaire du gouvernement, parce qu’il  dit que le compte rendu libère le subordonné. Il va nous aider à retrouver nos matériels », a soutenu Basilié Armand Bado.   Le deuxième qui était d’ailleurs le plus attendu, s’est montré encore plus bavard. Et comme il fallait s’y attendre, le caporal Madi Ouédraogo, dans son testament,  a fait du général Yacouba Isaac Zida, son affaire. « Je suis  content et fier d’être devant vous pour être jugé, parce que je n’ai rien fait. Pourquoi n’ai-je rien fait ? Ils ont fait ces montages contre moi, parce que j’ai sauvé la vie des autorités de ce pays, de mon pays que j’aime tant.  Si j’étais un criminel comme certains le croient, j’aurais dû prendre les 60 millions de F CFA et m’associer avec ceux qui étaient d’accord. On allait exécuter le plan. Je ne l’ai pas fait parce que nous sommes dans une République. Il  y a des lois et moi, j’ai opté pour servir ma Nation avec fierté, courage et dévouement. Je n’ai jamais opté de trahir ma Nation. Je suis toujours dans cette logique. Que ce soit aujourd’hui ou demain, si je peux empêcher   que le Burkina tombe dans le chaos, je ferai de mon mieux pour empêcher cela. On m’en veut parce qu’il y a des gens qui voulaient mettre le Burkina Faso dans le chaos et on a contrecarré leur plan. On m’en veut pour cela. Je m’en remets à vous (…). Si toutefois quelque chose m’arrive, les autorités de ce pays sont au courant. Je vous remercie », a dit le caporal au Tribunal. Mais bien avant, la parole a été donnée à son avocat, Me Michel T. Traoré, qui devait faire des plaidoiries pour défendre une dernière fois ses clients, Madi Ouédraogo, Abdoul Aziz Yiougou,  Ousmane Sawadogo et Basilié Armand Bado. D’entrée de jeu, l’avocat a ouvert ses plaidoiries sur  le dossier de Abdoul Aziz Yiougou, accusé d’association de malfaiteurs et détention illégale d’armes à feu et de munitions, et  celui de Ousmane Sawadogo, accusé d’association de malfaiteurs. Me Traoré a commencé par s’attaquer à l’enregistrement sonore qui a permis d’identifier les accusés. « Il ne faut pas qu’on confonde votre audience à une salle de tournage de cinéma. On a entendu parler de l’attaque de la BCEAO dans ce dossier. Mais de quelle BCEAO ?», s’est-il adressé au Président du Tribunal militaire, avant de revenir sur les limites de  la retranscription de  l’enregistrement sonore. « La source de l’enregistrement sonore n’a pas été fournie au Tribunal. C’est la retranscription qui est versée au dossier. Est-ce que les choses ne sont pas  faites volontairement pour que  cet enregistrement ne soit pas présenté au Tribunal ? », s’est-il interrogé. Pour lui, si l’enregistrement sonore suscite un doute, sur  la base de quoi le Tribunal doit-il se fonder pour juger ses clients ? A-t-il poursuivi. Me Traoré est convaincu que tout est  intentionnellement fait pour culpabiliser ses clients. Et pour lui, il y a lieu d’engager des poursuites contre X qui a pu non seulement enregistrer toutes les conversations tenues au cours de la réunion du 19 décembre 2015 tenue au domicile du caporal Madi Ouédraogo, mais qui ne s’est pas non plus présenté à la barre durant tout le procès. « Mais au lieu de cela, pour récompenser certains, on les envoie en mission onusienne »,  s’est-il plaint. Autre faille que Me  Michel Traoré  a relevée dans l’enregistrement sonore, c’est le niveau  de langage des accusés. Pour lui, si l’on doit s’en tenir à la retranscription de l’enregistrement sonore,  le  caporal Madi Ouédraogo n’a pas le niveau de langage qui y est employé. Car, a-t-il précisé, dans  l’enregistrement,   il est dit qu’il faut agir avec professionnalisme. « Ça, ça ne peut pas être la voix de Madi Ouédraogo », s’est-il dit persuader. Donc, pour lui, c’est une pièce à écarter. Pour ce qui concerne, les procès-verbaux (PV), il reste convaincu qu’au regard des tortures morales et psychologiques dont ont été victimes les accusés, il va de soi que le contenu des PV ne soit pas réellement ce qu’ont dit les accusés devant le juge d’instruction.  A son avis, le tribunal devrait chercher à éclaircir les choses à ce niveau,  dans la mesure où toutes ces pièces posent problème.  C’est pourquoi il a demandé qu’elles soient retirées, au grand dam du parquet. « Il a été dit que plus rien ne sera comme avant. On attend que votre tribunal nous le prouve (…). Nous voulons que vous rendiez une justice  équitable », a-t-il lancé aux juges du Tribunal militaire. Pour l’avocat des accusés, la participation à une seule réunion n’est pas criminelle, parce qu’il s’agit de savoir ici, si Abdoul Aziz  Yiougou et Ousmane Sawadogo ont initié un plan criminel à l’issue de la rencontre. « On ne peut pas parler d’association de malfaiteurs en ce sens que les militaires en question ne se connaissaient pas tous », a-t-il soutenu. Mieux, ils n’ont pas adopté un plan à plus forte raison décidé de se partager des tâches. « Qui connaît la MACA sait que ce n’est pas un maquis où on va le soir pour prendre sa bière», a laissé entendre le doyen des avocats, comme le surnomment ses confrères. Pour lui, s’il y a lieu de requalifier les faits, il faut que ceux-ci soient réintroduits pour débat. « On ne peut parler de complot. Car, à aucun moment, il n’a été question de tueries a fortiori d’attaquer la BCEAO. On se croirait en Côte d’Ivoire, Monsieur le Président ! », a-t-il expliqué, faisant allusion à l’attaque à main armée de l’agence auxiliaire de la BCEAO de Bouaké, en Côte d’Ivoire, en octobre 2003. S’appuyant ainsi sur le jeune âge et les qualifications   de Abdoul Aziz  Yiougou et Ousmane Sawadogo, il a demandé au Tribunal de les acquitter. « Il faut leur permettre de servir le pays car la Nation a besoin d’eux. Il faut les acquitter  au lieu de les laisser aller grossir les rangs de ceux qui sont déjà dehors », a-t-il plaidé. Pour le cas de Basilié Armand Bado, accusé d’association de malfaiteurs, il a souligné que le fait qu’il se soit rendu à la réunion du 19 décembre 2015  chez Madi Ouédraogo, n’explique pas  qu’il approuvait le projet de libération des généraux. Pour lui, l’enregistrement  qui fait cas d’un Bado qui aurait pris part à la fameuse réunion, ne  précise pas de quel Bado il s’agit. Cette pièce doit, à son avis, être purement et simplement retirée. Dans le cas contraire, a-t-il ajouté, le Tribunal fera une erreur judiciaire. A entendre ce qui est retranscrit par rapport à l’enregistrement sonore, on est convaincu que le niveau de français  ne concorde pas avec celui des accusés, a-t-il indiqué.  « Nous avons l’impression que nous sommes dans une bande dessinée », a-t-il fait savoir. Toujours dans la défense de ses clients, Me Traoré a fait savoir que le fait qu’ils n’aient pas rendu compte à leurs supérieurs hiérarchiques n’explique pas qu’ils adhéraient tous au projet.  Il a donc demandé que les soldats Basilié Armand Bado, Abdoul Aziz  Yiougou et  Ousmane Sawadogo soient acquittés. Et s’ils ne doivent pas bénéficier de circonstances atténuantes, qu’ils soient condamnés avec sursis pour ne pas être radiés des Forces armées nationales. Pour le cas de Madi Ouédraogo, accusé d’association de malfaiteurs, complicité de détention illégale d’armes à feu et de munitions, il a également demandé qu’il soit acquitté parce qu’à son avis,  celui-ci n’était pas encore passé à l’acte. Pour l’avocat, il fallait laisser son client passer  à l’acte pour pouvoir le prendre en flagrant délit. Si tel était le cas, « on aurait su que son intention était fondée », a-t-il déclaré. Pour le doyen des avocats, tout porte à croire qu’on voulait arrêter son client. Raison pour laquelle on ne l’a pas laissé agir, a-t-il dit.  Les éléments d’intention n’ayant pas été posés, il pense qu’il  n’y a pas lieu de le condamner. « Aucun élément constitutif de ces infractions ne se retrouve dans le dossier de Madi Ouédraogo », a-t-il fait savoir. Le niveau de langue de la retranscription ne concorde pas avec le niveau  d’instruction de Madi Ouédraogo. « Il faut juger sur les faits et la vérité car en vous donnant des pièces erronées, vous ne pouvez rendre qu’une justice erronée », a-t-il dit. Pour lui, le fait que le parquet n’ait pas brandi les causes criminelles durant le procès, démontre que tout était finement préparé contre Madi Ouédraogo. « La justice ne peut pas s’accommoder de questions subjectives pour des fins de vengeances personnelles », a-t-il  dit. Interpellant le Tribunal à faire de la Justice le refuge du pauvre,  il a lancé ces termes : « La justice est le refuge du pauvre.  C’est le refuge de ceux qui n’ont pas de voix.  C’est le refuge du pauvre soldat (…). Dans ce dossier, il y  a une machination. Car il y a des gens qui ont été cités, mais se retrouvent actuellement en mission onusienne (…).  Madi n’est pas ce diable qu’on a voulu présenter », a-t-il dit, tout en demandant, une fois de plus, au Tribunal d’acquitter son client. C’est à la suite de ces plaidoiries que le tribunal a suspendu le procès pour délibérer dans l’après-midi.

 

Mamouda TANKOANO et Françoise DEMBELE

 

 

 

Voici les peines des accusés

-Sont condamnés à 15 ans de prison ferme chacun :

Le caporal Madi Ouédraogo

Sergent Mahamadi  Zallé

Cheick Alassane Ouédraogo dit Ladji ou le marabout

-Sont condamnés à 10 ans de prison ferme chacun :

 

Caporal Diessongo Soumaila

 

Caporal Yerbanga Marius

 

Soldat de 1ere classe Coulibaly Dramane

 

Soldat de 2ème classe Sana Ousmane

 

Soldat de 1ère classe Sanou Bakary

 

Soldat de 1ère classe Bassolé Fulgence

 

Caporal Bontogo Yemdaogo

 

Soldat de 1ère classe Kientega Pascal

 

Soldat de 1ère classe Ouédraogo Moussa

 

Soldat de 2ème classe Tamboura Sékou

 

Soldat de 1ère classe Bado Bassibié Armand

 

Caporal Ouoba Bapandi

 

Caporal Mamboné Nongban Alexis

 

Soldat de 2ème classe Kondé Loba

 

Soldat de 1ère classe Haro Atina

 

-Sont condamnés à 6 mois de prison ferme chacun :

 

 Soldat de 2ème classe Ousmane Sawadogo

 

Soldat de 2ème Abdoul Aziz Yiougou

 

-Sont acquittés :

 

Sibiri Gilbert Guira (Chauffeur de taxi-moto et neveu de Ladji)

 

Soldat de 1ère classe

Gansonré Jean Charles

 

– Sont déclarés non coupables pour infraction non constituée :

 

Caporal Da Sassan

 

Soldat de 2ème classe Kaboré Thierry Ghislain

 

Caporal Sanou Ibrahim

 

Soldat de 1ère classe Patrice Coulibaly

 

– Sont déclarés non coupables au bénéfice du doute :

 

Soldat de 1ère classe Zouré Boureima

 

Sergent chef Sanou  Ali

 

Sergent Ollo Stanislas Poda

 

               


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