HomeA la uneVERS LA MISE EN PLACE DU GOUVERNEMENT BUHARI : Trop de temps perdu !

VERS LA MISE EN PLACE DU GOUVERNEMENT BUHARI : Trop de temps perdu !


 

Quatre mois après son investiture, le président nigérian, Muhammadu Buhari, s’est enfin résolu à former son équipe gouvernementale, le 30 septembre dernier. Mais avant l’entrée en fonction de ceux qui sont  pressentis pour accompagner le Général-président dans la mise en œuvre de son projet de société, le Parlement nigérian devra se prononcer mardi prochain sur les différents dossiers, avec comme principaux critères d’appréciation la compétence et surtout la probité morale de chacun des nominés. On imagine aisément la rigueur avec laquelle les parlementaires vont éplucher chacun des dossiers, d’autant que le président nigérian a toujours réitéré son souhait de s’entourer de personnalités intègres, susceptibles de l’aider à en finir avec la corruption endémique qui gangrène son pays. C’est probablement pour cette raison principale qu’il a fallu 4 longs mois au Général Buhari pour dresser la «short-list » des ministrables, malgré les inquiétudes affichées des milieux d’affaires et des experts financiers par rapport aux conséquences désastreuses sur les recettes fiscales et le recul inévitable de la croissance économique que l’absence prolongée de gouvernement pourrait engendrer. Certes, on peut comprendre que dans le souci d’éviter les erreurs de casting, le président nigérian prenne des décisions minutieuses et réfléchies dans la formation et l’organisation de son équipe dirigeante. Mais on comprend moins que dans ce pays dont les problèmes sont proportionnels à la superficie et à la démographie, le chantre de la lutte contre le terrorisme et la mal gouvernance mette autant de temps pour trouver l’homme qu’il faut à la place qu’il faut afin de répondre aux attentes de ses compatriotes.

On peut espérer que ce premier gouvernement de Buhari ira immédiatement au charbon

C’est à croire que le Général Buhari a été surpris par sa victoire à l’élection présidentielle d’avril dernier, au point qu’il ne s’y est pas pris à temps dans les enquêtes de moralité qu’il semble avoir diligentées pour dénicher l’oiseau rare dans cette faune de prédateurs qui écument son pays. A moins que ce ne soit plutôt une crise de confiance dans ses propres rangs, qui ait amené le « nouveau Sankara » du continent à se hâter lentement dans la mise en place de l’Exécutif, et à s’octroyer lui-même le portefeuille  du ministère des Ressources pétrolières, objet de toutes les convoitises et de toutes les prédations de la part des cadres véreux et notoirement corrompus qui ont antérieurement géré ce département. En tout état de cause, on aura perdu trop de temps dans la mise en marche du train de la sécurisation du pays et de la moralisation de la vie économique, laissant ainsi le champ libre aux terroristes d’Abubakar Shekau d’étendre leurs zones d’influence au-delà de leurs bases habituelles du Nord-Est du pays. L’absence prolongée de gouvernement qui met le Nigeria sous pilotage automatique depuis la prise du pouvoir par le Général à la retraite, constituera un boulet qu’il risque de traîner jusqu’à la fin de son mandat. Car, dans un pays comme le sien où les urgences et les priorités changent constamment de préséance, quatre mois de passage presqu’à vide peuvent être fatals aux ambitions d’un président même auréolé comme il l’est, d’un passé glorieux en matière de bonne gouvernance et de respect de l’autorité de l’Etat. Mais en dépit de ce retard à l’allumage, on peut espérer que ce premier gouvernement de Muhammadu Buhari qui est enfin en train de prendre forme et qui sera a priori composé d’hommes et de femmes compétents et intègres, ira immédiatement au charbon, en s’attaquant aux problèmes les plus pressants comme la neutralisation des terroristes de Boko Haram et l’éradication du cancer de l’économie nigériane qu’est la corruption. Peut-être qu’en voyant ces deux trophées accrochés au tableau de chasse du vieux président, même ses plus irréductibles pourfendeurs concéderont, à l’heure du bilan, qu’en politique aussi, pardon, en politique surtout, « il n’est jamais trop tard pour bien faire ».

Hamadou GADIAGA


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