HomeA la uneVERSION DE KINSHASA SUR  L’ASSASSINAT DES EXPERTS ONUSIENS : Peut-on donner la communion à Kabila sans confession ?  

VERSION DE KINSHASA SUR  L’ASSASSINAT DES EXPERTS ONUSIENS : Peut-on donner la communion à Kabila sans confession ?  


Les corps de Michael Sharp et de Zahida Katalan, tous  deux experts onusiens enquêtant sur les violations des droits de l’Homme au Kasaï central, ainsi que  celui de leur compagnon d’infortune qui leur servait d’interprète, Betu Tshintela, ont été retrouvés, plus de deux semaines après leur disparition le 12 mars dernier. Mais à peine a-t-on fait la macabre découverte,  que la polémique enfle entre le gouvernement congolais qui pointe d’un doigt accusateur les miliciens du Kamuina Nsapu et les associations de défense des droits de l’Homme qui, en des mots à peine voilés, accusent le pouvoir. Sans prendre aveuglément parti pour les Organisations non gouvernementales, on pourrait, comme il sied en pareille circonstance, se poser la question de savoir « à qui profite le crime » ? Et là, on peut affirmer que, plus que tout autre, le pouvoir congolais avait intérêt en la disparition des deux experts. Et pour causes. D’abord, les rapports successifs sur les exactions dans le Kasaï central, qui devraient faire l’objet de la mission des deux experts, sont tous accablants pour les forces gouvernementales. Kinshasa, en dehors des protestations formelles, n’a jamais pu montrer patte blanche. Sans nul doute, si l’enquête onusienne avait pu être menée jusqu’au bout,  elle aurait eu pour effet d’enfoncer le clou pour le gouvernement déjà éclaboussé du sang de nombreux Congolais victimes de diverses répressions. Les autorités congolaises  pourraient avoir tout fait donc, pour mettre sous  éteignoir une vérité de plus qui les aurait clouées au pilori. Ensuite, le contexte actuel empreint de violences, n’est que profitable à Joseph Kabila.  En effet, il lui permet de mettre sous le boisseau les questions qui fâchent, en l’occurrence le processus politique qui devrait se solder par son prochain départ du pouvoir. L’argument imparable serait l’impossibilité d’organiser des élections crédibles et transparentes dans un tel chaos.

Il faut éviter aux trois macchabées une seconde mort

Le satrape et ses partisans ne reculeraient devant aucune forfaiture pour gagner du temps qu’il pourrait mettre à profit pour des manœuvres destinées à le maintenir à la tête de l’Etat. Au passage, il peut même s’attirer la sympathie de l’opinion nationale et internationale, du fait de la charge émotionnelle de cette litanie de violences. Enfin, autre fait qui incrimine le pouvoir, c’est sa hâte suspecte à indexer en plus des milices du Kamuina Nsapu,  la possible responsabilité d’un groupe armé non-identifié. On pourrait, de ce fait, voir dans l’assassinat des deux experts, une manœuvre destinée à orienter les regards  sur le taux élevé de criminalité dans le Kasaï central et ainsi obliger l’Organisation des Nations Unies (ONU), comme elle l’avait fait contre le M23, à intervenir militairement pour soutenir les forces gouvernementales dans la région. Cela dit, même si l’on accordait au pouvoir congolais le bénéfice du doute, il est pour le moins responsable de l’assassinat de Michael Sharp, Zahida Katalan et Betu Tshintela. Car, c’est à lui que revient la responsabilité régalienne d’assurer la sécurité des biens et des personnes sur le territoire de son ressort. Sa responsabilité est d’autant plus grande qu’il a sans doute autorisé cette mission de l’ONU et devrait, de ce fait, prendre, avec les autorités onusiennes, toutes les garanties sécuritaires à sa bonne exécution. Maintenant que le mal est fait, il faut éviter aux trois macchabées une seconde mort, en ouvrant une enquête internationale pour situer toutes les responsabilités et en tirer les conséquences. Et le pouvoir gagnerait, comme le dit le directeur de l’ONG « La voix des sans voix », à « pleinement coopérer pour que toute la lumière soit faite », s’il est vrai qu’il n’y est pour rien. Quant à la Communauté internationale, il est vraiment temps qu’elle prenne conscience du pourrissement de la situation en RDC, qui n’épargne plus personne, et qu’elle s’engage plus pour arrêter la spirale de la violence.

SAHO


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