HomeA la uneVIADUC HENRI KONAN BEDIE : Le pont de la polémique

VIADUC HENRI KONAN BEDIE : Le pont de la polémique


Magistral, imposant, le troisième pont de la Côte d’Ivoire a enfin été inauguré le 15 décembre dernier par le président Alassane Dramane Ouattara. Bien plus qu’un joyau architectural, cet ouvrage se veut surtout le témoignage du génie de l’Homme et surtout de son désir inaltérable de dompter la nature et de la soumettre à sa volonté, de créer pour lui un cadre de vie de plus en plus agréable.

Inauguré en grande pompe, ce pont, d’une longueur d’un kilomètre et demi et qui aura coûté la bagatelle de 153 milliards de nos francs, est le plus grand jamais réalisé en Afrique de l’Ouest. Il faut reconnaître par ailleurs, qu’outre son caractère utilitaire incontestable, cet ouvrage participe de l’urbanisation de la ville d’Abidjan. C’est pourquoi les Ivoiriens ont de bonnes raisons d’en être fiers.

Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, si l’unanimité est faite autour de l’importance de ce pont pour le développement socioéconomique du pays, il se trouve néanmoins des voix qui, sans intention de gâcher la fête, voudraient cependant ramener les initiateurs du projet colossal, en l’occurrence ADO, à avoir le triomphe plus modeste.

En effet, certains Ivoiriens ne comprennent pas pourquoi ils doivent payer pour emprunter ce pont. Rappelant à souhait que ce pont est le 3e du pays et que les deux premiers n’ont jamais fait l’objet d’un tel « deal ».

Pourquoi Alassane tient-il donc à les « raqueter » sous prétexte de vouloir assurer à travers cette taxe, l’entretien de la voie ? Et qui paie pour l’entretien des autres voies ? Pour bon nombre d’Ivoiriens, l’Etat doit procéder de la même manière qu’il assure l’entretien des autres autoroutes du pays, pour assurer l’entretien de cette nouvelle voie.

Ceux qui donnent de la voix réagissent comme si la Côte d’Ivoire inventait le principe du péage

Mais il faut dire que cette polémique n’aurait pas existé, et surtout atteint cette ampleur, si la politique n’était pas passée par là. On se rappelle en effet que la construction de ce pont a été l’une des promesses électorales phares du candidat Alassane Dramane Ouattara. En pleine campagne électorale, il n’avait pas hésité à promettre à ses compatriotes, un pont qui relierait La Riviera à Marcory, deux principaux quartiers situés l’un au Nord et l’autre au Sud de la capitale politique, Abidjan. Comment comprendre alors que Alassane Ouattara, une fois élu, exige qu’ils paient pour traverser un pont pour lequel ils ont, peut-être en partie, troqué leurs bulletins dans l’urne ? Pour beaucoup, ADO n’a pas respecté sa parole. Cela s’appelle simplement de la trahison.

Sous cet angle, on pourrait dire que le président ivoirien paie le prix d’une communication volontairement truquée à des fins électoralistes. La construction de ce pont a nécessité d’énormes investissements et à ce titre, ADO aurait dû prévenir ses compatriotes qu’une contribution patriotique leur serait demandée pour assurer l’entretien de l’ouvrage. Cela aurait donné à chacun le sentiment d’avoir participé à l’édification d’un ouvrage aussi important pour le pays.

Mais pour avoir voulu utiliser cet ouvrage à des fins électoralistes, ce gigantesque ouvrage est devenu le pont de la polémique. Déjà, certains ténors de l’Opposition ivoirienne ont saisi l’occasion pour protester contre le fait de baptiser le pont du nom de l’ex-président Henri Konan Bédié.

Faut-il donner raison à ces mécontents ? Rien n’est moins sûr. On peut déjà faire remarquer que sous nos tropiques, on est trop porté sur la gratuité. L’Africain aime « trop cadeau », comme on le dit trivialement sous nos cieux. Et cela est en passe d’être une culture en Afrique. Et puis, tous ceux qui donnent de la voix réagissent comme si la Côte d’Ivoire inventait le principe du péage.

On peut également ne pas être d’accord avec eux pour la simple raison que l’emprunt de ce pont n’est pas sans bénéfices : gain en temps, les go slows relevant aujourd’hui du casse-tête abidjanais, gain en carburant et par ricochet gain en argent. Un calcul vite fait, comme du reste l’ont souligné les autorités ivoiriennes, et l’Ivoirien pourrait se rendre compte que ce pont vaut bien un détour et que la chose s’avère « toute bénéf ».

Pont de la polémique, pont des marchandages et des calculs politiques, ce joyau va vraiment voir couler un courant de salive. Pourvu qu’il ne devienne pas le pont de la discorde.

Tout ce qu’on peut espérer des autorités ivoiriennes, c’est qu’elles travaillent à rendre, dans les meilleurs délais, l’accès à ce pont gratuit, pour le bonheur du peuple ivoirien qui ne sera alors que plus fier de ce somptueux patrimoine.

Dieudonné MAKIENI  


Comments
  • Oui péage? Mais s’il faut payer pour emprunter des voies en VILLE, la CI serait notablement le premier. Au dela du raket il y a le désagrément que cela cause mais c’est l’AFRIQUE, il faut faire avec.

    18 décembre 2014
  • Non à la gratuité ! Cela doit être de tout vouloir “cadeau”. La gratuité de l’école n’a abouti qu’à des “écoles bantaare” qui ont produit des diplômés sans valeur ajoutée: style SMS comme forme de langage accadémique, français “africanisé à outrance”…
    La gratuité est une perversion dans un monde de plus en plus globalisé,où la règle commune est le “donner et le recevoir”. si africain aime cadeau, n’ayant rien à donner en échange au reste du monde, il ne peut être que l’éternel esclave, consommateur gargantuesque des déchets des autres cultures.
    Dieu sauve le nègre pour le salut du continent noir!!!!!

    18 décembre 2014
  • Non à la gratuité ! Cela doit être péché de tout vouloir “cadeau”. La gratuité de l’école n’a abouti qu’à des “écoles bantaare” qui ont produit des diplômés sans valeur ajoutée: style SMS comme forme de langage accadémique, français “africanisé à outrance”…
    La gratuité est une perversion dans un monde de plus en plus globalisé,où la règle commune est le “donner et le recevoir”. si africain aime cadeau, n’ayant rien à donner en échange au reste du monde, il ne peut être que l’éternel esclave, consommateur gargantuesque des déchets des autres cultures.
    Dieu sauve le nègre pour le salut du continent noir!!!!!

    18 décembre 2014
  • Merci pour cet article qui nous fait vivre l’inauguration d’un si grand et bel ouvrage.
    Mais ce que je souhaite faire comme commentaire c’est le faite que très souvent certains ne voient toujours que le verre a moitié vide. Et cela est dommage. Un tel ouvrage d”après ce que cet article nous rapporte devrait faire la fierté de l’Afrique en général et de la CI en particulier. En effet cet ouvrage vient quand même faire taire la bouche de ceux qui pensent que rien de bon ne puisse venir de l’Afrique et Surtout dans sa partie Ouest. Il faut au moins avoir le courage de dire qu’un tel ouvrage est a saluer et surtout féliciter les réalisateurs. Si cet ouvrage est le fruit d’une promesse électorale, cela ne diminue en rien a sa valeur ou a son utilité. Au lieu d’admirer la beauté et l”utilité d’un tel ouvrage , les gens se focalisent sur la taxe; Cette taxe coute d’ailleurs combien ? Cette taxe ira t elle dans la poche de ADO? Je devine que c”est une modique somme et servira a l’entretien de l”ouvrage, créera sans doute de l”emploi pour les jeunes? Cette taxe est a la portée de ceux la même qui crient aux scandales et d’ailleurs seront les premiers bénéficiaires. Dans quel pays bien organisé au monde on ne paie pas ce genre de taxe? En attendant moi je salue cet ouvrage et invite tous les autres chefs d’état de prendre l’exemple ivoirien au lieu de remplir seulement leur poche avec l’argent du peuple.

    19 décembre 2014
  • Même si Dieu descend sur terre il y aura toujours des contestataires. Que celui qui veut pas payer passe par les autres ponts

    20 décembre 2014

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