HomeA la uneVIOLENCES AU BURUNDI : Le pasteur continue de décimer ses brebis

VIOLENCES AU BURUNDI : Le pasteur continue de décimer ses brebis


 

Plus de quatre mois après l’élection contestée de Pierre Nkurunziza, le Burundi continue de sombrer dans la violence. En effet, des tirs, des explosions de grenade ont encore été entendus dans plusieurs quartiers de Bujumbura dans la nuit du 27 et celle du 28 octobre 2015. Le Centre des jeunes de Kamenge qui abrite une radio communautaire pour les jeunes, mais aussi un couvent avec des logements pour prêtres, dont celui du prélat Jean Louis Nahimana, président de la commission vérité et réconciliation, ont été les cibles d’individus non encore identifiés. Les quartiers contestataires de Bujumbura, notamment Cibitoke, Mutakura et Ngagara, ont également essuyé des tirs et des explosions. On aura constaté que les opposants à Nkurunziza ont franchi un autre palier. Et au lieu que l’Union européenne soit plus ferme et plus concrète en sanctionnant le pouvoir de Nkurunziza, elle invite plutôt le satrape à dialoguer avec son opposition. Or, celui-ci n’en a cure. D’ailleurs, de quoi peut-on discuter avec Nkurunziza qui, faut-il le souligner, a émis des mandats d’arrêt contre tous les leaders de l’opposition en exil ?  L’Union européenne gagnerait à taper du poing sur la table si tant est qu’elle veuille arrêter la boucherie de Nkurunziza. Le dialogue dont elle parle ne saurait ébranler outre mesure la détermination du boucher de Bujumbura à massacrer les Burundais opposés à son troisième mandat. Cela est d’autant plus vrai que le dialogue n’a pas la même connotation, selon qu’on est dictateur ou démocrate.  Tant qu’il n’y aura pas de sanctions fortes contre Nkurunziza, il continuera à narguer la Communauté internationale. En tout cas, avec ce regain de violence, on peut dire que Nkurunziza n’est pas prêt à désarmer. Loin s’en faut, car tout laisse croire que le pasteur continuera, malgré la clameur générale, à décimer ses brebis. Mais se rend-il seulement compte que son attitude est suicidaire?

Le cas Nkurunziza est en train de faire des émules en Afrique

L’histoire enseigne qu’aucun dirigeant, fût-il puissant, ne peut gagner un bras de fer contre son peuple. C’est dire que tôt ou tard, Nkurunziza sera vaincu. En attendant, il n’est pas acceptable de laisser à Nkurunziza le loisir de massacrer. La vie est sacrée, et nul n’a le doit de l’ôter à autrui. Cela dit, l’UE doit absolument changer son fusil d’épaule, car les menaces qu’elle brandit ne sauraient effrayer le sanguinaire Nkurunziza. Si son attitude vis-à-vis de Nkunrunziza, est condamnable, elle l’est moins que celle de l’Union africaine (UA). En effet, le combat pour la démocratie et pour le respect des droits de l’Homme au Burundi, devrait être d’abord et surtout celui de l’UA. En tout cas, ce n’est pas l’UE qui devrait être la première dans cette lutte, mais plutôt l’organisation continentale qui, malheureusement, brille par son silence.  La posture de l’UA est d’autant plus à déplorer que cette organisation dispose d’une Charte sur la démocratie et la bonne gouvernance qui devrait lui permettre d’infliger sans état d’âme des sanctions exemplaires à Nkurunziza et à ses sbires. Hélas, elle a choisi de se donner bonne conscience en décidant de mener une enquête sur les tueries et autres violations des droits humains de Nkurunziza, comme si les différents rapports produits sur ces actes ne renseignaient pas assez sur la gravité de la situation . A-t-elle eu besoin de mener une enquête au Burkina avant de qualifier les putschistes de terroristes? Assurément, non. Pourquoi donc cette mollesse face à Nkurunziza?  La situation d’insécurité généralisée dans laquelle vivent aujourd’hui les Burundais, met en relief l’absolue nécessité du respect de la Constitution.  Il est plus que jamais temps que toutes les organisations de défense de la démocratie et de la bonne gouvernance, aussi bien africaines, européennes qu’américaines, se réveillent. Car, le cas Nkurunziza est en train de faire des émules en Afrique. Le référendum de Denis Sassou Nguesso, le projet de révision constitutionnelle de Paul Kagamé et bientôt celui de Joseph Kabila, en sont de parfaites illustrations.

Dabadi ZOUMBARA


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