HomeOmbre et lumièreVIOLENCES AU SEIN DU CAMPUS:Faites valoir le cerveau et non les muscles

VIOLENCES AU SEIN DU CAMPUS:Faites valoir le cerveau et non les muscles


La semaine dernière, je m’étais retrouvé dans les locaux de l’université de Ouagadougou, plus précisément dans les environs du restaurant universitaire où j’ai l’habitude de glaner quelques morceaux de pain. Ce jour-là, j’avoue que j’ai beaucoup regretté mon déplacement. Non pas parce que je n’avais pas eu quelque chose à me mettre sous la dent, mais à cause de ce que j’ai vécu dans ce milieu d’intellectuels, pour ainsi dire. Vous savez quoi ? J’ai vu des étudiants se battre copieusement.

 

Pourquoi privilégier l’argument de la violence pour résoudre les différends ?

Certains, tenez-vous bien, étaient armés de gourdins et de machettes, transformant ainsi le campus en un champ de bataille. Le bilan de cette barbarie digne d’une autre époque, fait état de sept blessés. Oh Dieu ! Que se passe-t-il ? Pourquoi ceux qui sont censés incarner certaines valeurs en viennent à privilégier l’argument de la violence pour résoudre leurs différends ? C’est inimaginable ! C’est intolérable ! Je le dis parce que j’ai en mémoire d’autres cas de violence sur le campus. Je me rappelle qu’il y a quelques années, l’on avait assisté à une chasse à l’homme à la cité universitaire de la Patte d’Oie, si fait que contraints à la clandestinité, certains étudiants avaient dû raccrocher. Et pas plus tard qu’en 2012, des étudiants s’étaient offerts en spectacle à l’université de Koudougou, en se dressant les uns contre les autres. Et là encore, des blessés, on en comptait à la pelle. C’est quoi ça ? Le Burkina a besoin de cadres et non de bagarreurs. Car la bagarre avec son corollaire de violences ne mène nulle part. C’est un chemin sans issue. Et moi, Fou, comme j’aime très bien mon pays, je ne voudrais pas le voir dans une situation difficile. On l’a vu d’ailleurs en Côte d’Ivoire où la violence universitaire avait fini par déteindre sur tout le pays avec toutes les conséquences que l’on sait. Il « faut donc quitter dans ça ». Et là, je ne m’adresse pas seulement aux étudiants. Car, on le sait, le pouvoir n’est pas souvent étranger à ce qui se passe sur les campus. Je sais de quoi je parle. Les universités étant le lieu de la contestation, le pouvoir s’emploie bien souvent à les caporaliser, pour emprunter le terme aux militaires.

Les étudiants se trompent parfois de combat

Parfois, on en vient à se demander si certains syndicats ne méritent pas d’être taxés de fantoches, justes bons à saboter la lutte des autres. Sinon comment expliquer que l’université de Ouagadougou, à elle seule, compte plus de dix syndicats dont la mission fondamentale commune est de « lutter pour les intérêts moraux et matériels des étudiants » ? N’est-ce pas aberrant, les gars ? En tout cas, je reste convaincu qu’aussi longtemps que le politique interviendra sur les campus, la violence prévaudra. C’est une triste réalité. Et je me demande si les dirigeants ne travaillent pas à maintenir les étudiants dans la galère, pour pouvoir les manipuler à leur guise. Que croyez-vous ? Qui est fou pour refuser 1000 F CFA que l’on donne pour casser une lutte, alors que je ne suis pas sûr de pouvoir manger le soir venu ? Mais j’ai l’impression que les étudiants se trompent parfois de combat. Plutôt que de passer le temps à se combattre, n’y a-t-il pas lieu de s’entendre et de voir dans quelle mesure ils pourront mieux s’en sortir? C’est cela le vrai combat. En tout cas, je ne voudrais plus voir ni entendre dire que ceux-là qui incarnent l’espoir de demain, se sont donnés en spectacle en se pourchassant avec des gourdins. C’est honteux et indigne de leur part . Faites valoir le cerveau et non les muscles. Prenez l’exemple sur nous. Qui a déjà vu des fous en train de se battre ? Pourtant, on dit de nous que nous ne sommes pas lucides.

« Le Fou »


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