HomeEchos des provincesVIOLENCES COMMUNAUTAIRES A YIRGOU : 13 morts et de nombreux dégâts matériels

VIOLENCES COMMUNAUTAIRES A YIRGOU : 13 morts et de nombreux dégâts matériels


Après les attaques de Baffina et de Guendbila dans la commune de Barsalogho le mercredi 2 mai 2018, c’est au tour du village de Yirgou de subir les affres des présumés terroristes. L’attaque a eu lieu dans la nuit du 31 décembre 2018 au 1er janvier 2019.

Selon Abdoulaye Pafadnam, c’est aux environs de 7h du 1er janvier qu’ils ont été informés d’une attaque dans le village de Yirgou situé à 75 km de Barsalogho, côté Nord. Le décès du vieux Kouka Zabré, conseiller municipal et tradi-praticien de ladite localité, a occasionné une chasse à l’homme entre communautés peuls et moosé. On dénombre, selon le maire, dans la journée du 2 janvier, 13 morts dont 6 du côté de Yirgou et 7 constatés par les forces de sécurité déployées urgemment sur les lieux. Nous avons eu un entretien avec Abdoulaye Pafadnam, maire de Barsalogho, le mercredi 2 janvier 2019 dans son bureau, sur ce triste événement. On se rappelle, comme si c’était hier, l’attaque de Baffina le 2 mai 2018, qui avait occasionné la capture de 2 présumés djihadistes et 7 personnes complices par les Koglwéogo. En effet, comme un coup de glas, la population du village de Yirgou, localité située à 75 km de Barsalogho, frontalière avec les communes de Kelbo, Tongomayel et Arbinda, a vécu une période noire. L’attaque a eu lieu dans la nuit du 31 décembre 2018 au 1er janvier 2019. Pour comprendre davantage cette situation, nous avons rencontré, le mercredi 2 janvier 2019, Abdoulaye Pafadnam, maire de la commune de Barsalogho dans son bureau. C’était à 16h. Il nous raconte le fil des événements : « Effectivement, nous avons été informés d’une attaque à Yirgou, un village situé à environ 75 km de Barsalogho, faisant frontière avec la commune de Tongomayel. Six personnes motorisées sont arrivées dans les encablures (1 km) du village. Le vieux (NDLR : Kouka Zabré), doyen du Conseil municipal de Barsalogho et tradi-praticien réputé dans la zone, était une personne-ressource. Il était âgé de 75 ans et menait ses activités à un endroit précis en brousse. Sur son site, il a été pris par les assaillants. C’est sur ce site que les présumés terroristes l’ont trouvé et l’ont abattu». A en croire le maire Pafadnam, ceux qui ont entendu les coups de feu et qui venaient à sa rescousse, ont été aussi abattus en cours de chemin. « Au total, il y a eu 6 personnes qui ont perdu la vie dont 3 des fils du vieux et son petit frère. Comme bilan partiel, il y a eu 13 morts dont 6 du côté de Yirgou et 7 autres constatés par les forces de sécurité », a-t-il indiqué. Parlant d’un Koglwéogo qui est décédé, le maire explique que c’est l’un des fils du vieux qui était un membre des Koglwéogo. Avec la situation tendue, le bilan pourrait évoluer. « On est certain que ce sera plus que ça », a dit le maire qui était permanemment au téléphone tout au long de l’entretien. Effectivement, des victimes ont été signalées le jeudi 3 janvier à Dablo (2 morts) ainsi qu’à Kelbo, mais nous n’avons pas eu le bilan au niveau de ce village. Il y a eu également un blessé qui a été signalé dans le CSPS de Foubé.

«  Ces communautés peules et moosé ont toujours vécu en symbiose »

Entre chasse à l’homme et conflit intercommunautaire, le maire Abdoulaye Pafadnam répond : « C’est l’émotion, l’énervement car, pourquoi c’est le vieux ? Parce que, selon des témoins, les assaillants parlaient en fulfuldé. Tout cela a concouru à dégrader la situation. Il y avait ceux qui étaient venus pour des consultations. Ils ont fait coucher les gens, ils ont ciblé ceux qu’ils voulaient abattre ». Selon les dires du maire, c’est à partir de là que la population a voulu réagir. « Ils ont voulu situer les responsabilités. Ils ont trouvé qu’il y avait de présumés complices qui ont été abattus à leur tour », a-t-il soutenu. Avec les Koglwéogo en tête, mobilisés dans toute la zone, d’autres villages ont été touchés comme Bangrin, Toékedogo, Diguiré, Saho, Bounssi. Des campements peuls ont été incendiés. S’en sont suivies des persécutions et une chasse à l’homme. Pourtant, ces communautés peules et moosé ont toujours vécu en symbiose dans cette zone depuis belle lurette. Au moment où nous échangions avec le maire dans son bureau à 17h ce 2 janvier, le dialogue semblait s’installer : « Ce matin, il y a une accalmie. On a pu joindre les chefs coutumiers, les chefs de village », a souligné le maire de Barsalogho. Pour des raisons de sécurité, il nous a été recommandé de nous en tenir à l’entretien avec le maire car, tout le monde attendait toujours le bilan définitif dès le retour des FDS déployées sur les lieux, gendarmes comme policiers, à entendre le maire Pafadnam. Le Centre-Nord doit être pris en compte dans l’état d’urgence décrété par le Président du Faso.  « Très sincèrement, j’ai été un peu surpris que notre région ne soit pas parmi les localités concernées par l’état d’urgence», a-t-il confié. Abdoulaye Pafadnam invite les autorités à prendre des mesures urgentes pour venir en aide à cette population, surtout les femmes et les enfants.  A son avis, pour que la population puisse vivre dans la quiétude, il faut un déploiement des FDS dans la zone afin de dissuader les éventuels ennemis. « J’appelle au calme et à la retenue. Que tout le monde apaise les cœurs et se comprenne mutuellement», a recommandé le maire. Et de conclure avec un adage : « Si la pluie vous bat, ne vous battez pas».

Madi OUEDRAOGO (Correspondant)


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