HomeA la uneVIOLENCES EN EGYPTE ET AU MAGHREB :Eteindre d’abord le brasier libyen

VIOLENCES EN EGYPTE ET AU MAGHREB :Eteindre d’abord le brasier libyen


 

L’Egypte et le Maghreb sont aujourd’hui, le théâtre d’attaques meurtrières que les autorités imputent généralement à des groupuscules d’obédience islamiste qui écument la zone. Ainsi, après l’Algérie et la Tunisie, c’est au tour de l’Egypte d’être endeuillée suite à une attaque contre un barrage et un camp militaire, près de l’oasis de Farafra, non loin de la frontière libyenne. Cette attaque qui est la plus meurtrière de la période post-Morsi (vingt-et-un gardes-frontières tués), a amené le gouvernement égyptien à décréter un deuil national de trois jours.

 

C’est le brasier libyen qui s’est métastasé chez ses voisins

 

Par ailleurs, le conseil de défense nationale a promis de venger les victimes. L’on doit donc s’attendre, de manière imminente peut-être, à une riposte vigoureuse de l’armée du général Al-Sissi. Mais en attendant cette punition promise fermement par le Caire, l’on peut se poser la question de savoir ce qui alimente la violence dans cette partie de l’Afrique.

D’abord, l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper, que c’est le brasier libyen qui s’est métastasé chez ses voisins. Toute la zone, qui est gagnée par la violence, peut être considérée aujourd’hui, à juste titre, comme un volcan en ébullition dont l’épicentre se trouve en Libye. En effet, depuis la chute du colonel Kadhafi, la Libye s’est transformée en un véritable bouillon de culture pour les disciples de Ben Laden et autres milices, qui ont profité du fait que la Libye d’aujourd’hui est comme un avion sans pilote, pour s’emparer des manettes du pays qu’ils régentent au gré de leurs humeurs. Par conséquent, le pays vit au quotidien une violence digne de l’Etat de nature, qui déteint forcément sur ses voisins. De ce fait, toute action contre la violence, en Egypte ou ailleurs, aussi vigoureuse soit-elle, qui ne prendrait pas en compte cette réalité, pourrait avoir l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Tant que l’épicentre des attaques meurtrières que connaissent les pays de la zone ne sera pas éteint, l’on peut parier que la violence aura encore de beaux jours devant elle chez tous les voisins de la Libye.

 

Il faut travailler à moins diaboliser les Frères musulmans

 

Le deuxième élément qui pourrait expliquer la récurrence de la violence dans cette région est à mettre en rapport avec la répression tous azimuts dont les Frères musulmans sont l’objet aujourd’hui.

En Egypte, le tout répressif du Général Al- Sissi contre les partisans de l’ancien président Morsi, pourrait être contre-productif. En effet, les condamnations à la pelle et à des peines souvent disproportionnées de ces derniers, dans lesquelles excellent aujourd’hui les tribunaux égyptiens, peuvent contribuer à raidir la nuque des Frères musulmans et à alimenter l’incendie qui embrase l’Egypte du général Al-Sissi.

Le dernier élément qui pourrait expliquer la recrudescence de la violence aveugle que connaissent l’Egypte et le Maghreb, peut être lié à l’offensive militaire actuelle de l’Etat hébreux contre Gaza dont le nombre de victimes, il faut le dire, fait froid dans le dos. Le général Al-Sissi qui, aux yeux des islamistes de la région, généralement acquis à la cause palestinienne, est un « valet des Etats-Unis » et donc d’Israël, pourrait payer cash cette image que lui collent ses détracteurs.

C’est pourquoi l’on peut avoir envie de dire que toute initiative de paix et de stabilité durables en Egypte et au Maghreb, ne peut pas faire l’économie de ces considérations qui viennent d’être énoncées. Elle exige d’abord que, de manière concertée et impérative, l’on éteigne au préalable le brasier allumé en Libye depuis la chute du « roi des rois ».

Il faut, par ailleurs, travailler à moins diaboliser les Frères musulmans en encourageant le retour des plus modérés d’entre eux dans le jeu politique. Enfin, la communauté internationale et notamment les Etats-Unis doivent aider à une résolution pacifique et équitable de la sempiternelle crise israëlo-palestienne. C’est à ce prix que toute la zone, qui a vu naître les trois religions révélées, pourrait être un espace de dialogue interconfessionnel fructueux et de paix durable. Encore faut-il que tous les extrémistes de tous les bords le veuillent.

 

Pousdem PICKOU


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