HomeA la uneVIOLENCES POLITIQUES AU BURUNDI La neutralité coupable de l’armée

VIOLENCES POLITIQUES AU BURUNDI La neutralité coupable de l’armée


« Dès aujourd’hui, nous ne verrons plus des manifestants, mais des malfaiteurs, des terroristes et même des ennemis du pays ». Ces propos sont du général Gabriel Nizigama, le ci-devant ministre burundais de la Sécurité publique. C’était le 2 mai dernier, soit quelques heures seulement après la série d’attaques à la grenade qui ont fait deux morts et quatre blessés, policiers et civils confondus. Au regard de la violence politique en cours au Burundi, cette sortie du ministre de la Sécurité publique a de quoi inquiéter, quand on sait que l’opposition et la société civile qui avaient observé une trêve pour inhumer leurs cadavres n’en démordent pas et appellent de nouveau leurs militants à descendre dans la rue. Car en traitant les manifestants de terroristes, le pouvoir de Pierre Nkurunziza a trouvé là un alibi pour réprimer à souhait les marches de protestations qui se métastasent à travers le pays, oubliant que ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait baisser la fièvre. Du reste, c’est à se demander si les attaques à la grenade perpétrées le samedi dernier n’ont pas été orchestrées par le pouvoir en place qui a vite fait d’en imputer la responsabilité aux contestataires. Cela, on ne le sait que trop bien. Car comme le dit l’adage, « qui veut tuer son chien l’accuse de rage ». Acculé, coincé et lâché même par certains de ses proches, le pasteur président est décidé à mettre son pays à feu et à sang. Comme dirait l’autre, mille morts à gauche, mille morts à droite, Nkurunziza avance, bible à la main. Seuls comptent ses intérêts, le Burundi peut périr. C’est en cela qu’il faut déplorer l’attitude de l’armée burundaise qui, jusque-là acceptée de tous, manifeste sa neutralité. Car comment peut-on être neutre quand on assiste au lynchage de manifestants dans les rues de Bujumbura ?

Si Nkurunziza triomphe, cela pourrait inspirer bien de ses voisins

Comment peut-on rester neutre quand on voit son pays aller à vau-l’eau ? A moins d’avoir fait le choix du sadisme, l’armée burundaise, dans le contexte actuel, ne peut pas se payer le luxe de rester impartiale. Elle doit prendre ses responsabilités pendant qu’il est temps, surtout que le ministre de la Défense lui-même reconnaît que « l’armée est une institution issue des accords d’Arusha et de la Constitution, le rempart de la nation ». C’est déjà une preuve suffisante pour siffler la fin de la récréation avant qu’il ne soit trop tard. Ou bien attend-elle de voir tomber d’autres manifestants sous les balles assassines de la police avant de se secouer ? Tout porte à le croire puisqu’elle paraît jusque-là pour le moins indécise, face au drame que vit le Burundi depuis l’annonce pour un troisième mandat de la candidature de Pierre Nkurunziza. En tout cas, une chose est sûre, si Nkurunziza triomphe de ce bras de fer qui l’oppose à son peuple, cela pourrait inspirer bien de ses voisins qui, pour la plupart, sont loin d’être des exemples de démocrates. Ce serait en même temps le requiem de l’alternance démocratique dans la région des Grands Lacs qui apparaît de plus en plus comme la vitrine de la dictature en Afrique. Car ce n’est pas Paul Kagamé du Rwanda, Denis Sassou du Congo Brazzaville, Joseph Kabila de la RDC, Yuweri Museveni de l’Ouganda et le patriarche Paul Biya du Cameroun qui seront prêts à renoncer de leur gré au pouvoir. Et Dieu seul sait s’ils suivent avec beaucoup d’intérêt et d’attention ce qui se passe au Burundi.

Boundi OUOBA


Comments
  • Ce pasteur-président est très dangereux. On ne sait pas quel bible il tient, mais elle devrait être celle de Judas. Le matin en se réveillant, à quel dieu rend-il grâce après avoir passé la journée précédente à faire tuer des fils de Dieu?

    4 mai 2015

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