HomeA la uneVISITE DE IBK A ALGER: Une manière de renforcer l’isolement de la CMA

VISITE DE IBK A ALGER: Une manière de renforcer l’isolement de la CMA


Le président malien, Ibrahim Boubakar Kéita, est depuis dimanche à Alger, pour une visite qui va durer trois jours. On se rappelle que la première visite officielle de IBK à son homologue algérien remonte à un an, alors que le président Boutéflika venait de rentrer d’un séjour sanitaire de Paris. Le moins que l’on puisse dire à propos de cette visite, c’est qu’elle intervient dans un contexte tout à fait particulier, marqué notamment par les discussions autour des accords d’Alger, paraphés par Bamako et quelques groupes armés du Nord, mais que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) refuse toujours de signer. Il ne fait aucun doute que la question de la paix au Nord-Mali, à défaut d’être le sujet principal de cette visite, tiendra néanmoins une place de choix au cours des échanges que les deux présidents auront en tête-à-tête. D’ailleurs, quelques mauvaises langues n’hésitent pas à voir dans ce déplacement de IBK à Alger, une façon de sceller définitivement le sort des négociations pour la paix dans le septentrion malien. On sait en effet que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et ses amis du club de la CMA sont dans une posture très délicate, depuis la visite en force qu’avait effectuée l’ensemble de la communauté internationale, partie prenante des négociations de paix, et surtout la fin de non-recevoir qu’elle avait clairement signifiée à la CMA au sujet de ses exigences par rapport au contenu du projet d’accord. C’est sans doute ce qui renforce le sentiment que ce déplacement de IBK s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer l’isolement de la CMA sur la scène internationale. Si telle est vraiment le projet de Bamako, il faut alors dire que le président malien ne pouvait pas trouver meilleur moment pour lancer son offensive. Et pour cause, elle intervient à un moment où la communauté internationale cherche par tous les moyens à mettre fin aux agitations des différents groupuscules à tendance djihadiste qui foisonnent dans cette partie du Nord-malien et qui pourraient devenir des cellules affiliées au groupe de l’Etat islamiste. Or, dans ce cadre, l’alliance que le MNLA a, au plus fort de ses démêlés avec Bamako, conclu avec les groupes djihadistes avant d’être évincé et totalement désarmé par ces derniers, est loin d’être de nature à rassurer les Occidentaux qui comptaient pourtant parmi ses plus sûrs alliés. Il n’en faut pas plus pour convaincre les Algériens et le reste des Occidentaux qu’accorder l’indépendance à cette partie du Mali, équivaudrait à signer un contrat de bail avec les mouvements affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamiste. Or, ni Alger ni la communauté internationale n’ont intérêt à ce que ces cellules dormantes du terrorisme international s’activent dans cette partie du monde. IBK a donc bien choisi son moment, pour enfoncer le clou sur la tête du MNLA.

IBK et Bouteflika ont intérêt à parler le même langage

Cela dit, on peut penser aussi que cette visite a pour but de préparer déjà l’avenir, en renforçant l’axe économique Bamako-Alger qui a été un temps mis à rude épreuve, du fait de la guerre au Nord-Mali. Il y a, dans ce cadre, beaucoup de choses à rattraper, entre l’Algérie en quête de débouchés pour ses produits, notamment le gaz dont il vient de découvrir un nouveau gisement et le Mali qui cherche à diversifier la liste de ses fournisseurs dans le domaine des matières premières industrielles. Pour toutes ces raisons et sans doute pour bien d’autres encore, IBK et Bouteflika ont intérêt à parler le même langage, quitte à ce que cela provoque des grincements de dents à Kidal. C’est une façon pour IBK de prendre sa revanche sur la bande à Ag Athaher qui les narguait, il n’y a pas longtemps, parce que soutenue à bout de bras par l’ancien médiateur et aussi par le désormais ex-président du Burkina Faso. La roue de l’histoire n’arrête pas de tourner, et les rebelles du MNLA et leurs alliés de la CMA doivent maintenant se rendre à l’évidence. Ils ont accepté hier une alliance avec le diable, et aujourd’hui, ils doivent accepter d’en payer le prix ; pour paraphraser quelqu’un, on dira que « le diable n’a pas d’amis ». Toutefois, cette visite pourrait braquer les amis de la CMA contre Bamako et Alger, mais cela ne leur sera d’aucun recours. Car ils ne peuvent pas aller à l’encontre de toute la communauté internationale. La seule possibilité qui reste donc à la CMA pour limiter les dégâts, serait plutôt de négocier avec Bamako et le reste de la communauté internationale, une sortie honorable. Bravo donc à IBK qui est en train d’abattre ainsi une carte décisive pour gagner la guerre de la paix.

Dieudonné MAKIENI


No Comments

Leave A Comment