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VISITE DU PRESIDENT NIGERIAN EN AFRIQUE DU SUD


Le président nigérian, Muhammadu Buhari, est en visite de trois jours, depuis hier, 3 octobre, en Afrique du Sud. Une visite d’Etat consacrée principalement aux échanges commerciaux. On le sait, les échanges commerciaux entre les deux géants du continent, sont importants, mais ont été quelque peu sapés ces dernières années par les violences xénophobes à l’endroit des ressortissants nigérians. Cette visite pourrait constituer donc l’occasion idéale de redresser la barre. C’est dire si cette visite vaut son pesant d’or. En tout cas, Buhari a exigé que des mesures sécuritaires soient prises par son homologue sud-africain afin d’éviter la barbarie dont ses compatriotes ont été victimes le mois dernier. Des violences qui auront laissé sur le carreau une dizaine de macchabées. Et tout laisse croire que cette exigence n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. On est d’autant plus fondé à le croire que le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, tout en exprimant ses regrets et en condamnant ces bestialités, s’est engagé à lutter contre les violences xénophobes et toute forme de violences dans son pays. Pouvait-il en être autrement, quand on sait que le Nigeria représente 64% du commerce total de l’Afrique du Sud avec la zone de l’Afrique de l’Ouest? Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Afrique du Sud qui exporte des pièces automobiles, du plastique, des produits chimiques vers le Nigeria et importe du pétrole, a tout intérêt à dissiper les nuages qui assombrissent les relations bilatérales et commerciales entre les deux pays. En tout cas, si ce partenaire important fait faux bond à l’Afrique du Sud, celle-ci pourrait dire adieu aux nombreux avantages dont elle bénéficie de son premier partenaire commercial. Et ce n’est pas tout, les nombreuses sociétés sud-africaines installées à Abuja, Lagos, telles que le géant des télécoms MTN ou le distributeur Shoprite, ressentiraient aussi les secousses de ce désastre.

Les deux poids lourds du continent noir ont l’obligation morale et politique d’œuvrer à mettre fin aux actes de xénophobie

Autant dire que la Nation arc-en-ciel gagnerait à mettre un point d’honneur à combattre sérieusement ces violences xénophobes. Pour une nation qui a bénéficié de la solidarité agissante de plusieurs Etats pendant l’apartheid, il est inconcevable qu’elle puisse succomber aux démons de la haine au point d’en arriver à ôter des innocentes vies. Cela dit, Buhari réussira-t-il à endormir les démons de la haine ? Rien n’est moins sûr. Il est certes vrai que Cyril Ramaphosa a fait publiquement la promesse d’agir contre les auteurs de ces actes de violence, mais de là à croire qu’après le départ de son hôte de marque, plus aucun Nigérian ne sera victime d’acte xénophobe, il y a un pas qu’il faut se garder de franchir. Car, si les Sud-africains en sont arrivés à s’attaquer à des étrangers qu’ils accusent d’être la cause de leur misère, c’est que les dirigeants ont échoué dans leur politique sociale. Et ce n’est pas demain la veille que Cyril Ramaphosa qui s’est départi de l’esprit de l’ANC en devenant riche comme Crésus, trouvera les ressorts moraux pour ramener ses compatriotes sur le droit chemin. Sans jouer les Cassandre, il faut même craindre que cette visite de Buhari n’attise davantage la flamme de la haine xénophobe contre ses compatriotes. Car, cette visite n’est pas du goût de ces barbares d’une autre époque qui pourraient voir en Buhari, le défenseur de leurs victimes. En tout état de cause, les deux poids lourds du continent noir ont l’obligation morale et politique d’œuvrer à mettre fin aux actes de xénophobie car, on ne saurait construire une Afrique unie, forte et prospère dans la haine et la xénophobie. Cela dit, si cette visite du N°1 Nigérian ne permettra pas forcément de faire entrer les djinns dans leur bouteille, elle permettra au moins aux deux pays de discuter des stratégies et mesures à mettre en place pour mieux bénéficier des atouts de la Zone de libre-échange continentale africaine qui entrera bientôt en vigueur.

Dabadi ZOUMBARA


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