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VOTE DE LA DIASPORA ET DES PRISONNIERS


Les Burkinabè de la diaspora ainsi que les prisonniers ont pris part, pour la première fois, à un scrutin. De ce point de vue, le double scrutin du 22 novembre dernier a pris date dans l’histoire des élections au pays des Hommes intègres. Le moins que l’on puisse donc dire, c’est que cela constitue un événement à saluer à sa juste valeur. Car, il apporte à la démocratie un bon point. En rappel, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a dénombré au total 18 563 électeurs qui ont été enrôlés sur la liste électorale. Il faut aussi rappeler que ces électeurs ont été enregistrés dans 22 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique. La diaspora en Côte d’Ivoire arrive en tête avec près de 10 000 électeurs. Ce chiffre, il faut le dire, est insignifiant quand on le compare au nombre potentiel des Burkinabè qui résident à l’étranger de manière générale et plus particulièrement au nombre potentiel de nos compatriotes qui résident en Eburnie. Mais au-delà des chiffres, c’est la portée politique de ce vote qu’il faut d’abord prendre en considération. Le vote, en effet, de la diaspora, n’a pas du tout été un long fleuve tranquille. Depuis 2010, il avait été envisagé mais le projet avait été vite abandonné. Sous la Transition, le sujet est revenu sur la table avec cette fois-ci, une volonté politique plus affichée. Mais c’est sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré que le vote a été effectif. Il revient aux premiers concernés de travailler de sorte à ce qu’en 2025, leur vote soit à la hauteur de leur importance numérique. Et cela se prépare dès maintenant. Ils doivent notamment œuvrer à se procurer les documents de votation exigés pour se faire enrôler. Bien sûr, l’Etat doit les y aider dans ce sens. Mais c’est à eux de prendre les devants d’abord. Par la suite, l’Etat se verra obligé de leur donner un coup de main pour abattre la proie. Ce qui est sûr, c’est que «le plus long voyage  commence toujours par un premier pas ». Ce premier pas a été posé le 22 novembre 2020. D’autres pas doivent suivre jusqu’à ce que la destination soit atteinte.

 

Le Burkina gagnerait à ce que le vote de ses fils et filles de la diaspora soit tiré vers le haut

 

Dans bien des pays de l’Afrique de l’Ouest, au Sénégal et au Mali par exemple, des efforts ont été faits pour impliquer leurs diasporas respectives dans le choix de la personnalité qui doit présider aux destinées du pays.  Dans ces deux pays, la diaspora a même des députés. Et c’est une bonne chose au regard de la contribution au développement du Mali et du Sénégal, de leurs ressortissants qui vivent à l’étranger. Au départ, les choses ne sont pas allées comme sur des roulettes. C’est au fil des ans que le vote de la diaspora de ces deux pays, s’est bonifié. Le Burkina peut aller à leur école pour apprendre de leurs tâtonnements et s’inspirer de leur réussite. En tout cas, le Burkina gagnerait à ce que le vote de ses fils et filles de la diaspora soit tiré vers le haut. Car, ces derniers sont susceptibles d’aider le Burkina, leur patrie, à devenir un pays qui compte davantage dans le concert des nations. Déjà, au plan économique, leur apport est immense. Et plus ils seront impliqués dans la gestion politique de leur pays, plus ils seront motivés à apporter leur pierre à l’édification de la maison commune. Un pays comme l’Ethiopie doit son émergence en partie grâce à sa diaspora. Et que dire d’Israël ? Quant au vote des prisonniers, c’est également tout bénef pour la démocratie.  Car, cette catégorie de Burkinabè a aussi son mot à dire dans la gestion de la cité.  En tout cas, ceux d’entre eux qui n’ont pas été déchus de leurs droits civiques, ont le droit de participer pleinement à la vie politique de leur pays. Car, tous autant que nous sommes, nous devons nous considérer comme des prisonniers en puissance. Outre le gain politique que l’on tire du vote de ces Burkinabè, il y a aussi que, par cet acte, les prisonniers sont susceptibles de cesser de se considérer comme des parias. Toute chose qui peut faciliter  leur réinsertion sociale. Un autre avantage que l’on peut tirer du vote des prisonniers est le suivant : à force de prendre part au vote, ils peuvent constituer un groupe de pression qui va plaider pour l’amélioration des conditions carcérales. En tout cas, il y a de fortes chances. Ce faisant, il faut que les hommes politiques intègrent leurs préoccupations dans leur programme de société. Bref, le Burkina, en rendant effectif le vote de la diaspora et des prisonniers, vient de remporter une victoire dans sa marche vers la démocratie. Et tous ces acquis, peut-on dire, tirent leur source de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Il ne faut jamais l’occulter. Car, avant cette date, le Burkina avait pris congé de la démocratie et cela, depuis la chute du régime de Lamizana en 1980.

 

Sidzabda


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