HomeA la uneXXVe SOMMET DE L’UNION AFRICAINE : Les cancres de la démocratie triompheront-ils encore des bons élèves ?

XXVe SOMMET DE L’UNION AFRICAINE : Les cancres de la démocratie triompheront-ils encore des bons élèves ?


 

Ballet aérien annoncé dans le ciel de la nation arc-en-ciel, ce week-end : la réunion des ministres des Affaires étrangères en prélude au sommet des Chefs d’Etat s’est ouverte le 11 juin dernier en Afrique du Sud, sous le thème «l’année de l’autonomisation des femmes ». Ce conclave des têtes couronnées du continent intervient dans un contexte général africain marqué par les difficultés démocratiques dans plusieurs pays du continent, liées aux velléités de tripatouillage des textes fondamentaux comme au Burundi, au Rwanda ou dans les deux Congo, par les guerres larvaires sur fond de terrorisme dans de nombreux Etats comme la Libye, le Mali ou le Soudan et par la montée de la xénophobie dans le pays hôte du sommet. Nul doute que ces questions brûlantes de l’heure vont, comme de coutume, éclipser le thème principal, reléguant au second plan la condition féminine, comme pour confirmer une certaine phallocratie que ce sommet était censé combattre.

Coutumiers de ces fora, les Africains, dans leur grande majorité, ne se font guère d’illusions et s’attendent à voir leurs attentes toujours frustrées. Il faut, en effet, déjà craindre que la surcharge de l’ordre du jour de cette énième rencontre, n’entraîne le survol des questions inscrites. Il faut d’ailleurs dénoncer l’agenda sans cesse remanié de ces conciliabules au sommet, qui ne permet pas de s’attaquer aux problèmes structurels, mais plutôt aux nombreuses crises conjoncturelles sur le continent dont les chefs d’Etats eux-mêmes ne sont pas étrangers, car la question qu’il faut se poser est celle de savoir qui sont les auteurs de ces crises et à qui profitent-elles? Assurément, aux mêmes chefs d’Etats qui prennent leur peuple aux pièges de leurs seuls intérêts  et qui, par-dessus tout, se plaisent à dilapider les deniers des contribuables lors de ces nombreuses rencontres au sommet.

 Il y a donc fort à parier que le thème principal dans le rapport final au soir du sommet, dépassera à peine deux paragraphes. En ce qui concerne la question libyenne, on peut déjà imaginer que le sommet se contentera d’apporter son soutien aux pays voisins de la Libye qui s’organisent pour combattre l’Etat islamique,   et de lancer juste un appel aux partenaires extérieurs comme c’est, de façon récurrente, le cas. Sur les autres crises, au Soudan comme au Mali, les positions de l’UA sont connues et  le sommet ne devrait aboutir qu’à des positions de principes. Sur la question, enfin, de la montée du péril xénophobe dans le pays de Madiba, on imagine mal l’ex-épouse du président Zuma lui tirer les oreilles, surtout qu’il est dans le rôle de l’hôte de la rencontre. Là aussi, on devrait donc se contenter de condamnations de principe savamment enrobées dans le langage diplomatique.

La voix des démocrates doit primer sur celle des cancres de la démocratie africaine à ce sommet

Le Burundi et les tentatives de certains chefs d’Etats de briguer des mandats au-delà des limites prescrites par les Constitutions, devront donc constituer le plat de résistance du sommet. Déjà, il est annoncé que le président Nkurunziza, le premier protagoniste de la crise burundaise, ne sera pas de la partie. D’abord certainement pour des raisons liées à la sûreté de son fauteuil- sa dernière sortie ayant donné lieu à une tentative de coup d’Etat- mais aussi pour ne pas courir le risque de se faire remonter les bretelles par ses pairs. L’UA, à propos de la volonté du président burundais, Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat, a clairement affirmé sa position par la voix de la présidente de la Commission, Dlamini Zuma. Elle estime que « s’il y a une Constitution, elle doit être respectée.». S’étant engagé dans une marche forcée sur le chemin du non-retour pour son troisième mandat, Nkurunziza ne viendra sans aucun doute pas se faire distraire par les remontrances de ce « machin africain », aux prises avec ses propres contradictions. Toutefois, il faut déjà se féliciter du fait que l’UA, d’habitude si timide, a cette fois-ci donné de la voix dans le sens du respect des textes,   notamment de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Et pour une fois qu’elle s’est clairement affichée, elle doit aller au-delà des conclusions du sommet des chefs d’Etat à  Dar-es-Salam en votant des sanctions, conformément à ses propres dispositions réglementaires. La voix des démocrates doit primer sur celle des cancres de la démocratie africaine à ce sommet et pour ce faire, ils doivent faire bloc pour impacter les consciences par une attitude inédite dans les annales de l’histoire de l’institution du genre. La minorité démocratique doit claquer s’il le faut, la porte au nez du sommet. L’Afrique du Sud, particulièrement, qui n’a jamais fait mystère du leadership qu’elle entend jouer en Afrique et en tant que modèle de démocratie sur le continent, se doit d’être la locomotive de ce combat.

 Quoi qu’il en soit, si ce sommet accouchait d’une souris sur cette crise burundaise, ce serait un désaveu pour la Commission de l’UA qui devrait en tirer toutes les conséquences. L’UA elle-même achèverait de se convaincre de sa faillite morale.

 Mais jusqu’où peut-on caresser cet  espoir de voir ce sursaut d’orgueil de l’UA,  quand on sait que le chef d’orchestre, Robert Mugabe, est lui-même à son sixième mandat ?

Par expérience, il ne faut pas se faire trop d’illusions mais cela ne doit pas confiner les Africains au simple dépit ni à la résignation. Ce serait de l’insouciance et même de l’indécence parce qu’une telle attitude serait une prime aux pyromanes du genre Nkurunziza qui, sur l’autel de leur soif éhontée du pouvoir, pratiquent en terre africaine la technique de la terre brûlée pour venir jouer par la suite les pompiers.  Les Organisations de la Société civile africaines doivent sortir de leur immobilisme pour être proactives avant, pendant et après les sommets. Le Sénégal et le Burkina Faso ont montré qu’en Afrique, les politiques produisent rarement le changement. Les exemples nous viennent du Nord où les sommets de l’UE ou du G7 donnent lieu à une puissante mobilisation des organisations de la société civile. Au départ, cette mobilisation des OSC pourrait ressembler à de l’eau que l’on verse sur le dos d’un canard, mais elles doivent savoir persévérer et oser le passage en force. C’est d’ailleurs à ce prix qu’elles pourront légitimement exiger une réforme de l’institution continentale en leur faveur, et espérer voir ainsi un jour une UA à tendance société civile  avec un président de la Commission sorti de ses rangs. Du reste, pour en revenir au Burundi, le Représentant spécial des Nations Unies, Saïd Djinnit, récusé par l’opposition et la société civile, a finalement rendu le tablier. L’opposition et la société civile burundaises souhaitent que l’ONU et l’UA se concertent pour nommer un médiateur consensuel. Sans doute que la question sera abordée à Johannesbourg par les chefs d’Etat. En attendant, c’est le nom de l’ex-président Thabo Mbeki qui est déjà cité. Saura-t-il éviter les erreurs de son prédécesseur ?

SAHO


Comments
  • D’abord, la démocratie c’est quoi en réalité ? On peut la définir comme le Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ! Ce qui implique que ce sont les citoyens qui possèdent à l’égard des gouvernants un droit de vote et de contestation en cas de besoins !Tout cela, avec la reconnaissance aux tendances politiques de se succéder ou d’alterner au pouvoir ! Si nous prenons l’exemple du Burkina Faso, le peuple s’est insurgé les 30 et 31 octobre 2014, dont certains citoyens ont été jusqu’à sacrifié leur vie afin d’un Changement profond de Gouvernance démocratique, économique et sociale dans l’intérêt réel du peuple ! Ainsi, les gens en avaient marre de ce côté de la politique de l’ex-Président Blaise Compaoré, faite de mensonges, de Gabegie, de corruption, d’assassinats, de détournements de fonds, d’injustices et sans Alternance ! Et pourtant, toutes ces récriminations avaient été soulevées et diagnostiquées par le Collège des sages en 1999, et proposé des recommandations et des solutions ! Malheureusement, elles n’ont pas été mise en œuvre à cause de la politique politicienne ou de la politique à la « petite semaine », et les conséquences dialectiques ont été l’insurrection populaire d’octobre 2014 ! Alors, quand dans un pays quel qu’il soit, il y’a un déficit criards ou chronique de Vérité et de Justice, la réconciliation ne devient qu’un mot ou un « dilatoire » et la Paix et le Développement foutent le camp ou deviennent une chimère ! Alors, en ce qui concerne le « Pays des Hommes Intègres » que ce soit ROCK, ZEPHIRIN, Me SANKARA, ABLASSE ou le Candidat de l’ex-Majorité, il faut leur dire la Vérité, si nous voulons un Changement de gouvernance Economique, Social et Culturel dans ce pays ! Chacun de ces Candidats doit savoir qu’il peut Gagner ou Perdre les élections à venir ! Mais ce n’est pas pour autant que le Burkina Faso et le Monde s’arrêteront ! Par ailleurs, les partenaires extérieurs de l’Afrique, ne devraient plus soutenir des régimes non démocratiques, non vertueuses, sans alternance, qui sont sources de Mal-Développement de l’Afrique et dont la conséquence amène des milliers de jeunes africains à l’immigration clandestine ! En outre, nous voulons aujourd’hui des Présidents démocrates, vertueux et visionnaire à l’écoute des peuples ! Salut !

    12 juin 2015

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