HUMEUR :


Avis de danger dans la bergerie des médias burkinabè ; l’heure est, semble-t-il, grave et pour cause : il nous revient que le nombre de brebis galeuses dans l’enclos de la presse burkinabè, est en nette croissance. Quant à l’agent pathogène à l’origine de la maladie, pas besoin de se faire un dessin : le bien connu phénomène du « gombo », autrement dit la corruption dans les médias. Le mal aurait ainsi repris du poil de la bête dans la corporation.  C’est du moins, l’alerte donnée par un journal de la place, qui appelle d’urgence, à un sursaut de la corporation, sous peine, pour le secteur, de voir sa crédibilité et sa respectabilité voler en éclats. Si ce média en question en est arriver à poser un tel diagnostic et, dans la foulée, à sonner du cor, on peut bien imaginer que l’intention n’est pas malveillante, ni de faire prendre à l’opinion, des vessies pour des lanternes, mais plutôt de mettre le doigt sur une menace bien réelle et une situation malheureuse. Quelle prescription donne-t-il, ce média ? Il n’en appelle pas moins à une action de salubrité publique ; autrement dit à un assainissement du secteur des médias. Certes, le journaliste aux pratiques « honteuses », passé maître dans l’art de s’essuyer les pieds sur les principes sacrés de l’éthique et de la déontologie et qui, ce faisant, salit l’image de la presse burkinabè, doit être recadré voire, sanctionné, comme le recommande le média.  Mais il ne manque pas non plus d’attirer l’attention des patrons de presse qui n’offriraient pas toujours aux journalistes qu’ils emploient, les meilleures conditions de vie et de travail de nature à les mettre à l’abri de la tentation.  Le journal en question remet, de ce fait même, au goût du jour, un vieux débat mais toujours d’actualité, celui relatif à l’application de la convention collective dans les médias, qu’il appelle du reste de ses vœux.  Combien de médias burkinabè appliquent à ce jour, cette convention ? Je n’en sais pas grand-chose. Mais je crois que mise à part quelques médias comme les Editions « Le Pays », ils ne sont pas très nombreux à le faire.  De fait , j’ai entendu dire que beaucoup de journalistes burkinabè sont payés au lance-pierre ; que non seulement ils ne sont pas bien rétribués, mais, en plus, qu’ils ne sont pas inscrits à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), contrairement aux Editions « Le Pays » et à quelques rares médias de la place. Mais, en écoutant le média qui posait récemment le problème de l’application jamais effective de cette convention, mon attention a été attirée sur un fait :  il a fait savoir que bien des journalistes ont lutté bec et ongles pour bénéficier de cette convention.  Mais une fois passés de l’autre côté de la barrière, c’est-à-dire une fois devenus eux-mêmes patrons de presse, ils n’ont jamais travaillé à rendre effectif ce qu’eux-mêmes ont réclamé à cor et à cri dans une autre vie.  Mais je n’en suis pas étonné, c’est ça aussi, le Burkina, c’est ça aussi le Burkinabè d’aujourd’hui. Très exigeant envers les autres, mais très peu exigeant envers lui-même !

Un lecteur assidu.


No Comments

Leave A Comment