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MORT D’UN GARDE-A-VUE A DEDOUGOU : La population en colère, incendie les domiciles du CB et son adjoint


La population de Dédougou a manifesté sa colère contre la gendarmerie de ladite ville dans la matinée du 3 mai 2016. Elle exigeait une explication sur le décès d’un jeune qui avait été interpellé  et gardé à vue à la gendarmerie pour avoir été mêlé à une affaire de vol.

 C’est aux environs de 8h que la population, très en colère, est allée s’en prendre aux pandores. En effet, elle demandait des explications à ceux-ci, sur le décès d’un jeune chauffeur, au Centre hospitalier régional de Dédougou, qui avait été interpellé et gardé à vue depuis le 27 avril dernier à la gendarmerie. Armés de gourdins et de pierres, les manifestants se sont d’abord rendus à la Brigade de recherche de gendarmerie. N’ayant pas réussi à échanger avec les responsables des lieux, ils  ont évolué  vers le groupement départemental de gendarmerie de Dédougou. Ils seront par la suite déguerpis à coups de gaz lacrymogène.  Au fur et à mesure, la situation se dégradait et la cellule de crise composée d’autorités coutumières, religieuses et administratives, était obligée d’intervenir pour essayer d’apaiser la situation. Mais ce fut vain, car la manifestation a repris de plus belle avec le saccage et la mise à feu des domiciles privés du commandant de la brigade de recherche et son adjoint. Des pneus ont aussi été brûlés sur la voie publique, occasionnant ainsi une « chasse à l’homme » entre les deux camps.  Au moment où nous tracions ces lignes, le corps du défunt qui était à domicile, a été transporté par les manifestants à travers la ville. Ils ont marqué un arrêt à la Brigade territoriale de gendarmerie et au CHR.         

La version du commandant de groupement de gendarmerie

Selon le commandant de groupement départemental de gendarmerie de Dédougou, Jean Marie Kombasséré, les faits remontent aux 18 et 19 avril derniers. En effet, un cambriolage, a-t-il dit, a été perpétré à son domicile à l’intérieur du camp.  Ainsi, après les enquêtes, les présumés cambrioleurs et leurs complices ont été mis aux arrêts, et le matériel volé, composé d’un ordinateur portable, d’un disque dur externe, de clés USB, etc., a été saisi. Selon toujours les explications du commandant,  la victime  est celui qui était le receleur dans cette affaire.  Ayant découvert le contenu de l’ordinateur, il  a décidé de remettre les appareils au présumé voleur.  Mais cela n’a pas empêché de l’interpeller le 27 avril et de le garder à vue, a-t-il indiqué. C’est dans la nuit du lundi 2 mai qu’il a été évacué au CHR de Dédougou où il est décédé ce mardi 3 mai aux environs de 3h, a ajouté Jean Marie Kombasséré.  Mais pour les manifestants, la victime a subi des sévices corporels. Allégations que le commandant a rejetées en bloc, en affirmant que  la victime, Salif Bokoum puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a jamais  été torturée.  Mais de quoi est-il mort? A cette question, le  Docteur Abdoul Salam Eric Tiendrébéogo, chef de service des urgences médicales du centre hospitalier régional de Dédougou, répond : «  la victime  a été admise aux urgences  dans un état piteux, car elle était dans le coma et elle avait un syndrome infectieux ». Et Dr Tiendrébéogo de poursuivre en ces termes : « un accompagnant s’est exclamé en demandant si on ne l’avait pas torturée. Mais l’infirmier  qui l’a reçue, a dit n’avoir pas constaté de lésions traumatiques sur son corps ». L’infirmier n’a pas constaté d’ecchymoses, d’œdèmes traumatiques, a expliqué le Dr Tiendrébéogo. A la question de savoir si ce syndrome infectieux est dû à un traumatisme ou à une infection qu’il traînait avant d’arriver à la gendarmerie, Dr Tiendrébéogo a confié que pour le savoir, il faut effectuer une autopsie. «  Toujours est-il qu’il est mort dans un tableau de syndrome d’infection sévère », a -t-il soutenu. Toutefois, il a déclaré que ce genre de tableau ne s’installe pas d’une minute à l’autre, car cela suit un processus qui prend du temps.  Mais, y a-t-il eu des circonstances qui ont aggravé cette situation ? « Franchement, je ne sais pas », a conclu le Dr Tienbrébéogo.      

Pour sa part, Djibril Sidibé, un frère du quartier qui était au chevet de la victime, a confié que lorsque Salif Bokoum est arrivé aux urgences, il n’arrivait pas à respirer parce qu’il avait le cou enflé. « Je confirme qu’il a été torturé », a-t-il dit en niant le fait que la gendarmerie relevé que c’est la chaleur qui l’a rendu malade. « A son arrivée, il avait du sang dans ses selles », a-t-il conclu.  Notons que la journée a été très chaude, car les manifestations ont paralysé toute la ville.  

Arnaud Lougué

 

 

DECES D’UN GARDE A VUE A DEDOUGOU

La réaction de la gendarmerie

Ceci est communiqué de gendarmerie nationale suite au décès d’un gardé à vue à la Brigade de Recherche de Dédougou.

(Communiqué)

 

Un gardé à vue à la Brigade de Recherche de Dédougou, transporté au Centre hospitalier régional de Dédougou après un malaise y est décédé ce matin vers 3 h du matin. La Gendarmerie Nationale tient à présenter ses condoléances à la famille éplorée.
La victime était présumée coupable d’un cambriolage et attendait avec 3 autres gardés à vue d’être déféré au parquet du Tribunal de grande instance de Dédougou compte tenu de la grève des Gardes de Sécurité Pénitentiaire.

 

Des jeunes remontés par ce décès ont manifesté ce matin devant la brigade et ont malheureusement jeté des projectiles sur ses installations estimant ce décès causé par les Gendarmes. Ces manifestants se sont rendus coupables du saccage des domiciles privés du commandant de la Brigade de recherche et de son adjoint et de la destruction de leurs biens personnels.

 

Nous appelons les populations au calme.

 

 

 

 

 

 

 


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