HomeA la une35E SOMMET DE L’UA: Les maux sont connus, on attend maintenant les bons remèdes

35E SOMMET DE L’UA: Les maux sont connus, on attend maintenant les bons remèdes


Contre vents et marées, peut-on dire, en référence à la crise sanitaire et à la guerre civile auxquelles le pays est confronté, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a réussi à accueillir au siège de l’organisation panafricaine, en présentiel, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent dans le cadre du 35e sommet de l’Union africaine (UA). De ce point de vue, l’on peut dire que Abiy Ahmed vient d’engranger une victoire diplomatique. Cela dit, le 35e sommet de l’UA aura été marqué par trois faits. Le premier est relatif au traditionnel discours d’ouverture du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Ce dernier, tout en défendant sa décision controversée sur le statut d’observateur accordé à l’Etat hébreux, a mis en relief les deux défis majeurs qui se présentent à l’organisation. Il s’agit du défi du terrorisme et de celui des coups d’Etat à répétition sur le continent noir. Les termes employés pour évoquer ces deux défis, en disent long sur leur caractère préoccupant.

L’UA gagnerait à s’inspirer de l’UE

En effet, parlant des coups d’Etat à répétition et du terrorisme, Moussa Faki Mahamat a dit ceci : « Une dangereuse résurgence des changements anticonstitutionnels ainsi que le fléau du terrorisme qui prend une ampleur inégalée, en gagnant des régions du continent jusque-là épargnées ». Moussa Faki Mahamat a vu juste en pointant ces deux défis. Seulement, il aurait été plus inspiré en allant au-delà des coups d’Etat militaires pour évoquer aussi les autres ‘’changements anticonstitutionnels’’ que sont les coups d’Etat constitutionnels, les coups d’Etat électoraux et autres dévolutions du pouvoir qui s’écartent de la norme constitutionnelle. Et le Tchadien qu’il est, sait de quoi l’on parle, lorsque l’on cite les autres dévolutions du pouvoir qui s’écartent de cette norme. Et lorsque l’UA évoque le défi du terrorisme, l’on peut lui faire le reproche de s’illustrer sur ce front, beaucoup plus dans les discours que dans les actes concrets. En tout cas, si l’UA avait été suffisamment solidaire du Mali, du Niger et du Burkina en termes de soutiens en matériels militaires et de partage d’expériences et d’expertises, les groupes armés terroristes qui sévissent dans cette partie de l’Afrique, n’auraient sans doute pas eu l’envergure qu’ils ont aujourd’hui. En la matière, l’UA gagnerait à s’inspirer de l’UE (Union européenne). En effet, quand un des pays membres de cette organisation traverse des difficultés, les autres pays mettent un point d’honneur à l’aider à sortir la tête hors de l’eau. On peut illustrer cette solidarité agissante de l’UE en donnant l’exemple de l’Ukraine. En Afrique, c’est loin d’être le cas. Rien que l’expertise que certains pays du continent ont acquise dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, suffit pour apporter la réponse qu’il faut aux groupes armés terroristes qui dictent aujourd’hui leur loi aux Etats du Sahel. Au lieu d’activer ces leviers endogènes, l’on préfère, toute honte bue, s’en remettre aux autres pour sortir le Sahel du gouffre terroriste dans lequel il se trouve.

Maky Sall marquera son mandat d’une pierre blanche, en se démarquant de toute velléité de troisième mandat

Et après, on n’est pas gêné de pointer uniquement la responsabilité des autres dans les grands malheurs qui frappent le continent. En matière également de diversion, l’UA n’a pas son pareil. En effet, pendant que les coups d’Etat et le terrorisme sont en train de porter des coups durs à l’Afrique, l’UA trouve moyen d’introduire la question du statut d’Israël à son 35e sommet, tout en sachant que c’est une question dont la résolution ne fait pas forcément partie des centres d’intérêt des populations. Si cela n’est pas de la diversion, ça y ressemble. C’est pourquoi l’on peut se réjouir que ce sommet ait eu la sagesse de renvoyer ce dossier qui fâche, à la session de juillet prochain. C’est dans ce contexte que le président congolais, Félix Tshisekedi, a passé le relais à son homologue sénégalais, Macky Sall. Ce dernier, comme tous les autres présidents, connaît les maux qui rongent le continent. Il en a parlé dans son discours. Il lui revient, dès lors, de travailler à leur trouver de bons remèdes. Et cela peut consister, en ce qui le concerne particulièrement, à éviter de salir la bonne image démocratique de son pays, en tentant un troisième mandat en remettant le compteur à zéro. Il marquera, de toute évidence, son mandat d’une pierre blanche, en se démarquant, ici et maintenant, de toute velléité de troisième mandat. En plus de cela, il doit utiliser la légitimité que lui confrère la présidence de l’UA, pour engager l’organisation panafricaine dans des réformes hardies en lien avec la promotion de la démocratie et la quête du bien-être des populations africaines.

« Le Pays »


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