APPEL DU G5 SAHEL A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Le 15 décembre dernier, s’est tenu un sommet extraordinaire du G5 Sahel à Niamey au Niger, en prélude au sommet de Pau en France, auquel le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a invité ses pairs africains, pour une réunion de « clarification ». Initialement prévu le 16 décembre dernier, la réunion de Pau a été finalement reportée en début d’année 2020, suite au drame qui a frappé le Niger qui a subi une attaque terroriste des plus meurtrières, le 10 décembre dernier, faisant plus de 70 morts dans les rangs de l’armée nigérienne. Ayant accouru au chevet de leur homologue pour lui traduire leur solidarité, les chefs d’Etat du G5 Sahel, dans leur volonté d’accorder leurs violons, ont appelé la communauté internationale à plus de solidarité avec les pays du Sahel et à l’action.
Plus qu’une aide, la communauté internationale a un devoir d’assistance envers les pays du Sahel
Ils ont rappelé au passage sa responsabilité dans la situation délétère qui prévaut dans cet espace géographique suite à son intervention en Libye, qui est à l’origine des malheurs sécuritaires que vivent aujourd’hui les pays du Sahel. C’est dire si, plus qu’une aide, la communauté internationale a un devoir d’assistance envers les pays du Sahel aujourd’hui dans l’œil du cyclone terroriste. Cela est d’autant plus nécessaire qu’en plus de compter parmi les plus pauvres de la planète dans le classement mondial, ces pays se retrouvent aujourd’hui pratiquement dans la ligne de front de la lutte contre le terrorisme qui demande pourtant beaucoup de moyens logistiques et financiers. C’est pourquoi cet appel des chefs d’Etat du G5 Sahel à une grande alliance internationale contre le terrorisme, se justifie à bien des égards. Mais seront-ils seulement entendus ? On attend de voir la réaction de la communauté internationale. Mais aussi de savoir si les lignes vont bouger dans le sens d’une concrétisation des promesses de financement de la force du G5 Sahel, pour permettre à cet albatros longtemps resté cloué au sol, faute de moyens, de prendre enfin son envol. C’est tout le sens de l’appel de Niamey qui se veut beaucoup plus en faveur d’un partenariat international des plus élargis, que d’une dénonciation ou d’une relecture des accords avec la France. C’est dire si les souverainistes et autres nationalistes qui s’attendaient à des décisions historiques et spectaculaires allant dans le sens d’une dénonciation fracassante des accords avec Paris, à l’issue de ce sommet qui prépare celui de Pau, peuvent être déçus. En tout cas, pour le moment, tout porte à croire qu’ils devront se trouver une autre tribune pour faire entendre leur voix contre cette « France colonialiste » avec laquelle ils semblent impatients de rompre les amarres ; tant le discours des chefs d’Etat semble planter le décor de Pau dont on peut aisément se convaincre que les décisions pourraient porter sur tout sauf sur une demande de retrait de Barkhane du Sahel.
Clarification pour clarification, la rencontre au sommet de Pau pourrait être celle de la vérité entre partenaires de longue date
C’est dire si au lendemain du sommet de Niamey, Emmanuel Macron qui appelait à la clarification, a déjà la réponse à sa question. Pour autant, peut-on dire que le rencontre de Pau manque d’ores et déjà d’intérêt ? Rien n’est moins sûr. Car, si avec le report de la réunion prévue à Pau, consécutif à l’hécatombe d’Inatès, la donne née de l’émotion de la perte des 13 soldats français qui avait conduit à la « convocation » illico presto des chefs d’Etat du G5 Sahel par leur homologue français, a quelque peu changé, cela ne saurait remettre en cause l’opportunité de la tenue du sommet. Car, clarification pour clarification, cette rencontre au sommet pourrait être celle de la vérité entre partenaires de longue date qui ont besoin de mettre les points sur les i à un moment charnière de leur coopération. D’autant que les pays africains entendent diversifier les partenaires et les alliances pour mieux faire face à la menace terroriste, mais plus globalement aux défis de la mondialisation. Et l’on peut subodorer que la France ne voudrait pas perdre la position privilégiée qui a toujours été la sienne dans son pré-carré, au profit d’autres puissances rivales.
« Le Pays »