CONCLUSIONS DU DIALOGUE POLITIQUE EN RCI
Ouvert le 21 décembre dernier, le dialogue politique initié par le président Alassane Ouattara (ADO) et conduit par le Premier ministre, Hamed Bakayoko, a refermé ses portes le 29 décembre 2020. Sur une note de satisfaction pour peu que les fruits tiennent la promesse des fleurs. C’est le moins que l’on puisse dire. Car ce round, pour ainsi dire, contrairement aux précédents, a réuni tous les grands partis ou formations politiques du landerneau politique ivoirien, à savoir le PDCI/RDA de Henri Konan Bédié, le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et même la plateforme EDS de Guillaume Soro en exil. Après plus d’une semaine de palabres, les lignes ont quelque peu bougé. Car, l’on relève déjà plusieurs points de convergence, à savoir la poursuite des discussions entre ADO et son aîné Henri Konan Bédié. Mieux, le cadre a été désormais élargi pour prendre en compte l’ex-président Laurent Gbagbo qui, depuis son acquittement, piaffe d’impatience de retourner au bercail. Et ce n’est pas tout. Il est prévu l’organisation prochaine d’assises nationales pour la paix et la réconciliation en vue de désarmer les cœurs. Une très bonne chose, s’il en est, quand on sait que la fracture sociale est très béante en Côte d’Ivoire. Autre point important de convergence est la libération de personnes, leaders politiques et militants pour des faits liés au mot d’ordre de désobéissance civile. C’est, du reste, sur ce dernier point qu’achoppent toujours les discussions, notamment sur les modalités de libération des prisonniers. Pour l’opposition, la mesure de libération des prisonniers doit prendre en compte Laurent Gbabgo et Guillaume Soro qui sont tous sous le coup de condamnations prononcées par la Justice ivoirienne.
ADO gagnerait à se mettre au-dessus de la mêlée en calmant le jeu
Or, le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille, estimant que chacune de ces deux personnalités doit assumer ses actes devant la Justice. C’est dire si le dialogue politique en cours est loin d’avoir totalement crevé l’abcès ivoirien puisqu’en plus de ce point de blocage, subsistent d’autres comme la refonte longtemps exigée de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel. En tout cas, on attend de voir ce qu’il adviendra de ces points non consensuels dans les jours à venir. Surtout que se profilent déjà à l’horizon, les législatives dont la date a été fixée pour le 6 mars 2021. L’opposition acceptera-t-elle d’aller aux élections si elle n’obtient pas gain de cause ? Rien n’est moins sûr. Toutefois, le président ADO qui a réussi le tour de force de s’octroyer un troisième mandat qui a contribué à diviser davantage les Ivoiriens, gagnerait à se mettre au-dessus de la mêlée en calmant le jeu. Car, si l’opposition, pour une raison ou pour une autre, en vient à boycotter les prochaines législatives, son image en prendra de nouveau un coup et la réconciliation nationale qu’il appelle de tous ses vœux, ne sera que chimère. Il faut donc qu’il s’inscrive dans la logique de l’apaisement. Car, avec son troisième mandat en poche, il n’a plus rien à perdre.
B.O