DECES DE JACQUES PROSPER BAZIE:Tristesse et consternation au domicile du défunt
Le monde de la culture, des lettres et des arts apprenait avec consternation, le matin du mercredi 1er octobre 2014, le décès de Jacques Prosper Bazié, survenu le 30 septembre 2014, aux environs de 16h 30, à son domicile à Ouagadougou, des suites d’une courte maladie. L’homme s’en est allé, laissant derrière lui une veuve, deux orphelins et une grande famille de parents, amis, collègues et connaissances dans la douleur. Son inhumation est prévue ce jour 2 octobre à 10h, au cimetière de Gounghin, à l’issue de la levée du corps précédée d’une prière à la morgue de la clinique Suka.
La mort a encore frappé dans le milieu de la culture. Après tant d’autres acteurs, elle a, cette fois-ci, emporté avec elle, un écrivain, un homme de culture bien connu de ce monde et qui aura marqué son passage ici-bas d’une empreinte indélébile. Jacques Prosper Bazié s’en est ainsi allé le 30 septembre dernier à Ouagadougou, des suites d’une courte maladie. Il laisse derrière lui une veuve, deux enfants et une grande famille inconsolables. Seul son corps aura disparu car, avec tout ce qu’il a accompli pour la culture burkinabè, il restera à jamais gravé dans la mémoire de plus d’un. Ça fait mal mais ainsi va la vie, on n’y peut rien, dira-t-on. Certes, les Hommes naissent, grandissent et meurent. Mais Jacques Prosper Bazié n’est pas mort ; l’écrivain a accompli sa mission sur terre. Sa plume va beaucoup manquer au monde des lettres, c’est certain.
A son domicile sis à la cité An III derrière le ciné Neerwaya, c’est un monde consterné que nous avons trouvé en cette matinée du 1er octobre, au lendemain de sa disparition. Au nombre de ceux qui y étaient, son frère aîné, Jean Hubert Bazié, un nom bien connu de la sphère politique burkinabè. C’est un frère en pleurs que nous avons eu des difficultés à interroger, tant l’atmosphère funèbre qui régnait dans la cour ne nous facilitait pas la tâche. Interroger des proches en de moments si tristes n’est pas toujours chose aisée. Mais qu’à cela ne tienne, nous nous devions de le faire.
Selon Jean Hubert Bazié, son frère souffrait d’un paludisme et d’une fièvre typhoïde il y a de cela quelques jours ; des maux qu’il a soignés et tout allait bien, « jusqu’à hier soir (NDLR : mardi 30 septembre) où il a senti un malaise. L’infirmier qui s’occupait de lui, a souligné son frère, est donc venu le voir. Il faisait de l’hypotension et avait froid. On a voulu l’amener en clinique, il ne tenait pas debout et, le temps de le sortir de la maison, il était décédé». Toujours selon son frère aîné, Jacques Prosper Bazié était diabétique, mais de là à dire que c’est ce qui l’a emporté, il n’en savait rien. Lorsque nous avons voulu savoir ce que Jean Hubert Bazié retenait de son frère, celui-ci n’a pu contenir ses larmes ; nous laissant entrevoir toute la douleur qu’il ressentait à ce moment. Parents, amis, collègues, voisins et connaissances se relayaient au domicile du défunt pour témoigner de leurs soutiens divers et multiformes. Une veillée de prière était prévue à la maison funèbre, le 1er octobre et, c’est en principe aujourd’hui 2 octobre qu’est prévue la levée du corps à la morgue de la clinique Suka, suivie de l’enterrement à 10h au cimetière de Gounghin. Auparavant, une prière sera dite pour le repos de son âme.
Jacques Prosper Bazié est né en 1955 à Ouagadougou. Il a été trois fois lauréat du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) qui se tient lors des différentes éditions de la Semaine nationale de la culture (SNC). L’homme de culture qu’il était a été sacré Artiste du peuple et Artiste du cinquantenaire en 2010. Du roman au théâtre en passant par la nouvelle, le conte, la poésie, il a toujours eu de l’amour pour l’écriture. Il a, à son actif, plusieurs œuvres littéraires dont L’Epave d’Absouya, La Silhouette du charlatan, Crachin de Rissiam. Titulaire d’un DEA, d’une maîtrise en lettres de l’université de Besançon et d’un doctorat en sciences de l’information de l’Université de Bordeaux, Jacques Prosper Bazié avait opté pour le journalisme, après son DEA de journalisme obtenu à Paris II. A partir de 1988, il a fait carrière au sein de l’administration culturelle et de la communication comme directeur des Arts et du spectacle, puis Secrétaire général du ministère de l’Information et de la culture.
Après un passage à la Direction générale de l’Institut des peuples noirs de 1997 à 1999, il est nommé conseiller culturel à l’Ambassade du Burkina Faso à Paris. Il était, jusqu’à ce jour, conseiller technique au ministère de la Culture et du tourisme. Jacques Prosper Bazié devait, selon son frère, aller à la retraite l’année prochaine. Ce que nombre de personnes retiennent de l’homme, c’est son sens de l’humour. « Il aimait plaisanter », ont reconnu tous ceux que nous avons interrogés. Il aimait aussi les gens, surtout les enfants et les jeunes avec qui il échangeait beaucoup. Comme on le dit souvent, les bons Hommes ne durent pas sur terre. Puisse Dieu recevoir son âme, Veiller sur ceux qu’il a laissés, ce qu’il lègue à la postérité, et Perpétuer sa mémoire. Les Editions « Le Pays » présente ses sincères condoléances à la famille éplorée.
Christine SAWADOGO
Ce qu’ils retiennent de l’homme
Bapion Michel Zio, Inspecteur général des services au ministère de la Culture et du tourisme
« Au ministère de la Culture et du tourisme, c’est la consternation totale »
« Bazié est un frère depuis l’université où nous avons fait les Lettres modernes ensemble. Dans la vie active, on a travaillé ensemble. En 1990, il était secrétaire permanent de la Semaine nationale de la culture et j’étais avec lui. On s’est retrouvé encore au ministère de la Culture et du tourisme où lui était conseiller et moi inspecteur ; les portes de nos bureaux font face. La semaine passée, nous sommes allés à Bobo-Dioulasso pour la Journée mondiale du tourisme et c’est de retour que j’ai appris la triste nouvelle. C’était un collaborateur, un frère qui s’en va au moment où on a le plus besoin de lui. Il était un porte-flambeau dans le domaine de la littérature burkinabè. Au ministère, c’est la consternation totale, mais c’est la volonté de Dieu. Ce que nous pouvons faire maintenant, c’est de prier pour que son âme repose en paix. Nous compatissons à la douleur de la famille. »
Yves Dakuo, enseignant à l’Université de Ouagadougou, DG du livre et de la lecture publique
« Nous venons de perdre un de nos grands poètes »
« Nous avons appris avec beaucoup de consternation, la disparition de Jacques Prosper Bazié. Nous venons de perdre un de nos grands poètes. Lorsque vous parcourez sa bibliographie, il a plus d’une quinzaine d’œuvres publiées et a touché à pratiquement tous les genres, que ce soit la poésie, le théâtre, le roman, la nouvelle, le conte et même les essais. C’était l’un de nos poètes les plus prolixes. Ce que je retiens de Jacques Prosper Bazié, au-delà de ses œuvres, c’est son humilité ; il savait écouter les uns et les autres, respectait l’opinion de chacun et, dans son œuvre, était dévoué pour la cause de ceux qu’il appelait les plus petits. Et lorsqu’on regarde, que ce soit son œuvre critique ou son œuvre de création, il essayait de réhabiliter ceux qu’on oubliait. Que ce soit Amoro qui est un héros oublié, il est l’un des rares intellectuels à lui consacrer un essai et je pense que cet essai rendra aussi hommage à tous les autres héros. Nous perdons là un grand intellectuel, un grand défenseur de la cause de l’art. »
Edouard Thiombiano, Gendarme, voisin
« C’était un bon voisin »
Je peux dire qu’il était aussi un beau-frère, ma femme étant de la même ethnie que lui. C’était un bon voisin. J’avais plutôt des relations avec ses enfants qui venaient s’amuser avec les miens. Il plaisantait beaucoup avec moi, jusqu’à ce que j’aille en mission et je suis revenu il y a environ une semaine. Malheureusement, la mort a encore frappé. Je sais comme tout le monde que c’est un écrivain, un bon journaliste, depuis la nuit des temps et sa mort est une perte pour le Burkina. »
Propos recueillis par S.C.