HomeA la uneTABASKI 2020

TABASKI 2020


Décidément, l’année 2020 aura été très éprouvante pour les fidèles croyants, toutes confessions confondues, principalement en raison de la pandémie du Covid-19 qui aura bousculé bien des habitudes. En effet, entre quarantaine, confinement et autres mesures de restriction, les fidèles croyants auront, par moments, été privés de la ferveur religieuse et des scènes de liesses populaires qui caractérisent la plupart des grandes célébrations, comme ce fut le cas cette année à Pâques pour les chrétiens et, dans une moindre mesure, lors du Ramadan dernier. Pour la Tabaski 2020 qui sera célébrée le  31 juillet, au pays des Hommes intègres, la situation n’est guère véritablement reluisante. Même s’il y a eu, entre-temps, un fort allègement des mesures restrictives, notamment la  levée du couvre-feu et la reprise des célébrations cultuelles, qui devrait voir converger des milliers de croyants vers les différentes aires de prière collective.

 

Le mouton ne doit pas faire oublier le Covid-19

 

Mais, Covid-19 oblige, les fidèles musulmans du Burkina qui s’obligeront déjà à l’observance des mesures-barrières, se verront tout de même privés du pèlerinage à La Mecque, dans un contexte de crise où la maladie est venue en rajouter à la morosité économique ambiante. Quand on sait l’importance de ce cinquième pilier de l’islam dans la vie d’un musulman, l’on sait que, sans pour autant ébranler la foi des fidèles,  cette pandémie restera de triste mémoire pour bien des croyants. Surtout qu’au même moment, ce n’est pas la sérénité totale au sein de la communauté musulmane qui traverse l’une des plus graves crises de son existence, liée au leadership. Que ces fidèles trouvent en Allah, Le Tout-Puissant et le Miséricordieux, le réconfort nécessaire à leur réconciliation sincère et à la paix des cœurs !   Cela dit, malgré la persistance de la maladie, force est de reconnaître que la situation de la pandémie semble peu ou prou maîtrisée au Burkina Faso où l’on connaît, depuis plusieurs semaines, une stagnation des cas de décès qui se résument à la cinquantaine que le pays a connue en cinq mois, depuis les premiers cas observés en mars dernier. De quoi tirer notre chapeau au corps médical et dire aussi merci à Dieu, surtout quant on voit les chiffres grimper ailleurs. Mais la résurgence, depuis quelques semaines, de la maladie dont on compte encore une centaine de cas actifs dans le pays après avoir flirté avec les chiffres les plus bas, vient rappeler la nécessité de ne pas baisser la garde. surtout au moment où des pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, par exemple, peinent véritablement  à contenir la maladie dans un contexte où il est de plus en plus question de l’ouverture progressive des frontières. C’est dire si en cette célébration de l’Aid al-Ahda 2020, le mouton ne doit pas faire oublier le Covid-19. Surtout si certains doivent y voir une sorte d’opération de rattrapage par rapport au Ramadan où les traditionnelles prières collectives et autres visites de familles qui participent de la beauté de la fête, étaient fortement encadrées.

 

Une fête toujours pas comme les autres

 

En tout cas, coïncidant avec un long week-end, qui plus est, avec la fin du mois où le vimm koèga* des fonctionnaires est tombé, tout porte à croire que la fête sera au rendez-vous en cette Tabaski 2020. Reste à savoir si le prix du mouton sera à portée de bourse. Mais comme chaque année, chacun finira par y trouver son compte, pour la commémoration du sacrifice d’Abraham qui est généralement célébré, bon an mal an, avec le faste et la ferveur religieuse qui vont avec, au pays des Hommes intègres où les fêtes religieuses sont des occasions de partage avec les autres confessions. Et il faut croire que cette année encore, on retrouvera les responsables religieux chrétiens aux côtés de leurs frères musulmans pour la grande prière. Question de sacrifier à la tradition de ce qui s’inscrit, depuis quelques années, dans le cadre du dialogue des religions, au moment où le pays est fortement ébranlé dans sa cohésion sociale, au-delà même des appartenances ethniques et religieuses.  En tout état de cause, cette Tabaski 2020 restera, au Burkina, une fête toujours pas comme les autres. Car, malgré la relative éclaircie dans la lutte contre le Covid-19, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Alors, oui à la fête, mais prudence, notamment sur les routes et dans l’observation des gestes-barrières.   Il y va de l’intérêt de tous. Bonne fête de l’Aïd el Kébir.

 

 « Le Pays »

 

*Viim koèga : expression en langue mooré pour désigner le salaire

 


No Comments

Leave A Comment