8-MARS AU BURKINA : Quand la « bamboula » fait place à la sobriété
Le 8-Mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes, célébrée au niveau mondial sous le thème : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Au pays des Hommes intègres où cette Journée est déclarée « chômée et payée », cet évènement, sous le prisme d’une récupération politique et marketing, a toujours été commémoré avec faste : réjouissances populaires, activités promotionnelles et rencontres politiques. Bref, la « bamboula » ou du moins, le djandjoba caractérisait cette journée au point de noyer les préoccupations premières des femmes. En tout cas, jusqu’à une période récente, le 8-Mars se résumait beaucoup plus à sa dimension folklorique. Mais depuis quelques années, le logiciel de commémoration de cette Journée connait une réinitialisation au Burkina Faso. Aujourd’hui plus qu’hier, le 8-Mars s’annonce mesuré. En tout cas, les indices montrent que la bamboula fera place à la sobriété, contexte oblige. En effet, les Burkinabè sont éprouvés par une guerre imposée par un ennemi qui laisse sur son passage, morts, désolation et souffrances atroces. Avec des milliers de morts enregistrés, une crise humanitaire classée parmi les plus graves au monde, une bonne partie du territoire occupée, le ciel s’est assombri au pays de la princesse Yennenga. A cela, il faut ajouter la morosité économique dont l’impact est désastreux sur la vie des ménages, et le contexte religieux marqué par le carême chrétien.
En plus de tenir aux côtés de leurs hommes, le drapeau de la résilience, « l’autre moitié du ciel » se bat pour le respect de ses droits
Au regard de ce qui précède, les femmes burkinabè ne peuvent pas avoir l’esprit à la fête. D’où certainement le peu d’engouement constaté autour du pagne du 8-Mars dont l’acquisition en rajoutait généralement à la beauté de la fête. Bien entendu, une telle situation n’arrange pas tous ceux qui font du business autour de la Journée du 8-Mars. Mais il faudra que les uns et autres fassent contre mauvaise fortune bon cœur. Car, les priorités semblent avoir évolué pour les femmes du Burkina. En plus de tenir aux côtés de leurs hommes, le drapeau de la résilience et de la reconquête du territoire national, « l’autre moitié du ciel » se bat pour le respect de ses droits, revenant ainsi aux fondamentaux de la journée que sont la reconnaissance des droits des femmes et la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. A propos de ces fondamentaux, ce serait un truisme de dire que les défis restent entiers. En effet, la Journée du 8-Mars offre une incroyable opportunité aux hommes et à la Nation entière, de rendre un vibrant hommage aux femmes pour leur contribution décisive à l’épanouissement des familles et au développement de la mère-patrie. Ce faisant, on se doit de saluer les activités de formation, d’autonomisation et de renforcement de capacités au profit des femmes, initiées par l’Etat et ses partenaires au développement. En tout cas, la situation du pays impose une seule dynamique : reléguer les relents commerciaux et festifs au second plan, et mettre un point d’honneur à promouvoir les droits des femmes.
Michel NANA