LIGNE DE MIRE MANIF DE SOUTIEN A MENAKA : Le MNLA dos au mur ?
Les Maliens semblent désormais disposés à faire l’union sacrée autour de leur armée et de leurs alliés, pour défendre l’intégrité de leur pays à laquelle ils tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Ils l’ont prouvé le week-end dernier, à travers une marche-meeting à Bamako et un rassemblement dans un stade de la capitale pour, ont-ils dit, défendre le Mali et soutenir Ménaka, ville récemment reprise au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) par le Gatia, une milice pro-Bamako. Une véritable prouesse car il aura réussi là où l’armée malienne avait échoué. On en vient à se demander d’ailleurs comment cette milice a pu déloger le MNLA d’un de ses bastions forts alors qu’elle est numériquement inférieure à l’armée malienne et moins armée. Est-ce parce qu’elle maîtrise plus le terrain ou bien parce qu’elle est plus engagée que l’armée malienne? Heureusement que cette dernière commence à sortir de son long sommeil comateux. En effet, pendant que le Gatia fêtait ses hauts faits d’arme, l’armée malienne venait également de mettre en déroute les rebelles du MNLA qui avaient réussi à occuper brièvement la ville de Diré, située à environ 120 kilomètres de Gao, la ville de René Caillié. Et cette victoire face au MNLA, si c’en est vraiment une, ne pouvait qu’avoir un effet psychologique sur les populations qui ne savaient plus à quel saint se vouer. En vérité, ces manifestations tous azimuts ne sont ni plus ni moins que l’expression d’une fierté nationale. Car, on ne le sait que trop bien, le MNLA a longtemps humilié l’armée malienne. On se souvient de la raclée qu’il lui a infligée à Kidal le 22 mai 2014. Si aujourd’hui, cette armée a réussi à faire plier l’échine au MNLA, les populations ne peuvent qu’applaudir. Du reste, on comprend le ras-le- bol des habitants de Ménaka qui, il faut le dire, ne supportaient plus la présence du MNLA sur leur sol. Mais pour l’instant, il faudra se garder de tout triomphalisme, puisque le MNLA qui a plus d’un tour dans son sac n’a pas encore dit son dernier mot.
A l’allure où vont les choses, le risque de repartir à la case départ est certain
Il est certes en difficulté car en plus du Gatia, il a en face de lui l’armée malienne, mais il est toujours capable de renverser la situation en sa faveur. Pour preuve, il a attaqué la ville de Bintagoungou dans le nord-est de Tombouctou et a réussi à enlever de nombreuses personnes. Ce regain de violences a d’ailleurs fait réagir le Conseil de sécurité de l’ONU qui a menacé de faire voter des sanctions ciblées à l’encontre des parties qui ne respecteraient pas le processus de paix. Mais le délai de 15 jours donné aux belligérants pour trouver un consensus sera-t-il respecté, dans la mesure où on sent visiblement une détermination des parties à régler le conflit par les armes? En tout cas, à l’allure où vont les choses, le risque de repartir à la case départ est certain. De toutes les façons, cette reprise des hostilités n’est pas pour déplaire au MNLA qui aura trouvé là un alibi pour ne pas parapher l’accord d’Alger, lui qui est visiblement mal en point. Sur le théâtre des opérations, le Gatia ne lui fait pas de quartier; sur le plan politique, il subit la pression de Bamako et de la communauté internationale ; à l’interne, il est traité de jusqu’au-boutiste par ses alliés. Face à ces mauvais signaux, le MNLA qui a longtemps rusé avec Bamako et la communauté internationale saura-t-il rebondir? Wait and see.
Dabadi ZOUMBARA