REFUS PROCLAME DU PREMIER MINISTRE MALIEN DE DEMISSIONNER Des procédés dignes d’une république bananière
Au Mali, la volonté affichée du Président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) de parvenir à un apaisement du climat sociopolitique, risque fort de ne pas atteindre ses objectifs. Et pour cause : l’opposition politique estime que la décrispation du climat social passe, entre autres, par la démission du Premier ministre Moussa Mara, qui s’est rendu tristement célèbre à la suite de son voyage à Kidal, qui aura encore déclenché les récentes hostilités.
Moussa Mara avait déjà répondu aux manifestants qui réclamaient son départ
Dans cette logique, elle a déposé une motion de censure contre le gouvernement de ce dernier, le 13 juin dernier. Le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, dont le groupe parlementaire « Vigilance Républicaine et démocratique » est à l’origine de cette motion, justifie son initiative par le fait que : « Moussa Mara est incapable de résoudre les problèmes urgents de l’heure. »
Mais comme beaucoup s’y attendaient, cette motion de censure vient d’être rejetée par l’Assemblée nationale où le parti du président IBK est largement majoritaire. On peut d’ailleurs dire tout de suite que le rejet de cette motion est loin de surprendre l’opposition.
En effet, le principal concerné, Moussa Mara, avait déjà répondu aux manifestants qui réclamaient son départ après la débâcle de l’armée malienne à Kidal, qu’il ne démissionnerait pas. Soumaïla Cissé et ses camarades de l’opposition, en prenant le relais de la rue n’en attendaient donc pas plus de Moussa Mara. Tout au plus ont-ils voulu formaliser leur action, à travers les canaux républicains de protestations. Peut-être voulaient-ils aussi prendre l’opinion publique malienne à témoin face à l’entêtement du Premier ministre, pour que tout cela soit consigné dans le grand livre de l’histoire politique du Mali. De ce point de vue, l’opposition malienne est entièrement dans son rôle. En tout état de cause, c’est Moussa Mara qui aura été à l’origine du rebondissement de la situation du Nord-Mali, et qui aura conduit à une mise en déroute de l’armée malienne ainsi qu’à toute l’humiliation que les Touaregs ont infligée au peuple malien. Mara doit savoir que s’accrocher à son poste, tel une sangsue à une plaie, ne le grandit pas du tout et même que le bon sens aurait voulu qu’il décidât de lui-même de rendre le tablier.
Ce refus de démissionner de Moussa Mara risque fort de compliquer la situation sociopolitique au Mali
Ce qu’il faut craindre à présent du côté de l’opposition, c’est un raidissement de sa position face à certains problèmes d’envergure nationale, et pour lesquels IBK a forcément besoin de son accompagnement. Notamment pour la résolution du problème de la crise au Nord du pays, dont la gestion par IBK et ses deux gouvernements successifs a été, jusque-là, pour le moins chaotique.
C’est faire preuve de peu de considération à l’égard de ce peuple qu’il prétend servir que de proclamer avec tant d’arrogance son refus de rendre le tablier. Disons-le tout net, cette conception du « j’y suis, j’y reste », digne des républiques bananières, n’honore ni Moussa Mara, ni même IBK qui l’a fait Premier ministre, et encore moins la démocratie malienne. Et que dire des différents partenaires économiques du pays qui ont pour principe de base à leur collaboration, le respect et l’observation des règles élémentaires de la démocratie ?
Cela dit, on ne peut pas ignorer tout le désastre qu’aurait provoqué la démission du deuxième Premier ministre d’IBK en l’espace d’un an. Il est clair que cela fragiliserait son régime et apporterait suffisamment de grain au moulin de l’opposition qui l’accuse de s’occuper plus du bien-être de sa famille que de celui du peuple malien. Surtout que depuis son accession à la magistrature suprême de son pays, il n’a fait que multiplier les bourdes, au point de se rendre méconnaissable aux yeux de bon nombre de ceux-là mêmes qui l’ont élu. Dans tous les cas, ce refus de démissionner de Moussa Mara risque fort de compliquer la situation sociopolitique au Mali.
Moussa Mara, disons-le, aurait été bien inspiré de la « fermer », à défaut d’emprunter la porte de l’honneur ouverte par son prédécesseur Tatam Ly.
Dieudonné MAKIENI