NOUVEAU GOUVERNEMENT LIBYEN : Va-t-on vers la solution ?
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Telle est la question que bien des Libyens se posent au lendemain de la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale. En effet, après le rejet, en fin janvier dernier, d’un premier gouvernement par le parlement internationalement reconnu siégeant à Tobrouk, les membres du Conseil présidentiel ont annoncé, le 14 février dernier, la formation d’un nouvel Exécutif resserré de 18 membres dont cinq ministres d’Etat. Le maroquin de la Défense qui cristallise beaucoup d’attention échoit au colonel Mahdi al-Barghati ; mais rien n’est encore gagné d’avance. Car, ce nouveau gouvernement conclu sous l’égide des Nations-Unies a été soumis à l’appréciation du parlement de Tobrouk qui devra, si ce n’est déjà fait, l’approuver ou le désapprouver. En tout cas, on peut faire tous les reproches à ce nouveau gouvernement sauf celui d’être pléthorique comme le précédent qui comptait plus de 30 ministres. Dans une Libye en proie au chaos et livrée à des groupes armés avec des djihadistes d’un côté, et des milices de l’autre sans oublier les nombreuses tribus qui ont une forte prégnance sur le pays, ce n’est pas chose aisée de former un gouvernement qui prenne en compte toutes les sensibilités, quand on sait que tout les oppose. Dès lors, on comprend pourquoi à peine a-t-il été annoncé que le nouveau gouvernement fait déjà l’objet de contestation. En effet, deux sur les neuf membres qui composent le Conseil présidentiel ont refusé de signer le document entérinant la formation du nouveau gouvernement, arguant du fait que la nomination des ministres n’a pas été transparente. Ce qui fait craindre que ce gouvernement tout frais émoulu ne soit aussi retoqué par les parlementaires de Tobrouk pour, sait-on jamais, faute de consensus.
L’Union africaine est aux abonnés absents
Toute chose qui pourrait plonger davantage la Libye dans l’incertitude d’autant plus que chaque jour qui passe, l’Etat islamique (EI) qui profite des rivalités au sein de la classe politique, avance sans coup férir, pour ne pas dire qu’il a pratiquement mis le pays sous coupe réglée. La preuve, la ville de Syrte et ses environs sont sous son contrôle. Ceci pouvant expliquer cela, les Occidentaux ont décidé de prendre en main le dossier libyen pour plusieurs raisons. Tout d’abord, conscients du rôle qu’ils ont joué dans le délitement de l’Etat libyen, ils cherchent à tout prix à se racheter. Ensuite, pour des questions de survie, les Occidentaux, au regard de la situation géographique de la Libye, ont compris que laisser ce pays aller à vau-l’eau serait une manière de se faire hara kiri. Car, on ne le sait que trop bien, plus la Libye est stable, mieux cela permet de lutter contre l’EI et de juguler le phénomène de l’émigration clandestine africaine vers l’Europe. Enfin, on a l’impression que la Russie ayant damé le pion aux Occidentaux dans la lutte contre Daesh en Syrie, ceux-ci cherchent à tout prix à laver l’affront en prenant les devants en Libye. Les manœuvres militaires grandeur nature qui se mènent actuellement en Arabie Saoudite entrent dans ce cadre. Une autre raison du subit réveil des Occidentaux : ils veulent bouter les djihadistes hors de la Libye pour pouvoir exploiter sereinement le pétrole qui fait l’objet de tant de convoitises. Pendant ce temps, l’Union africaine, quant à elle, est aux abonnés absents. Elle fait preuve d’une indifférence totale face à ce qui se passe en Libye. Elle semblait plus préoccupée par la crise burundaise où malheureusement, elle a aussi laissé des plumes, le dictateur Pierre Nkurunziza l’ayant publiquement humiliée. Pauvre UA !
Boundi OUOBA